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Variations de regard
22 avril 2013

Parenthèse enchantée

Cet après-midi de juini-là, pour la ènième fois depuis que j'habite Anderlecht, j'allai m'asseoir dans le Jardin de la Maison d'Erasme. Les rosiers étaient en pleine floraison. Le jardin d'herbes croissait. Les petites fontaines faisaient un doux bruit d'eau froissée. La circulation n'était plus qu'un léger ronronnement, auquel je ne prêtais même plus attention.

Je me laissai tomber dans un fauteuil, à l'ombre des feuillages mais à proximité de la fontaine, et je me donnai au repos, à une douce rêverie. J'ai toujours besoin de nature, de silence, de jardins, avant de me consacrer  à nouveau à l'écriture. Je regarde les arbres autour de moi. Le mûrier qui se chargera de fruits comestibles en août, les arbres rouge foncé, les bassins en forme d'oeil avec leurs inscriptions latines, les plates-bandes de même forme, quelques iris peut-être encore, et des fleurs en forme de "boules blanches" (cela ressemble à un hortensia mais ce n'en est pas un).

Ce jardin est magique. Tout comme le parc du château de la Hulpe est un parc "inspiré".

Je me crois revenue quarante ans en arrière, dans le jardin de mes parents, quand, certains matins, je regardais le soleil jouer dans le feuillage du lierre recouvrant le très haut et long mur qui séparait les parcelles, depuis le coin rue Van Eyck/rue de l'Abbaye jusqu'à la chaussée de Vleurgat. J'aimais ces moments-là parce que le matin, on a l'impression que "tout" peut arriver. Que tout va forcément vous arriver. La lumière est dorée. Les feuillages brillent.

C'est la vie !

J'aime les arbres. Je devrais mieux connaître ce que j'aime, mais je sais déjà reconnaître un marronnier, (et même distinguer un marronnier d'un châtaignier, avec une prédilection pour les marronniers roses), un peuplier, un bouleau, un hêtre pourpre -que je confonds avec le chêne rouge- un aulne glutineux, un chêne... Un catalpa, un araucaria (qui, paraît-il, remonte à la Préhistoire). Bref, tout cela m'emmène bien loin de ma Maison d'Erasme.

Quand je suis revenue dans le jardin, tous les sièges étaient occupés, normal, le parc est public et je ne suis pas la seule à connaître l'adresse, sans compter les touristes. Toutefois, j'ai élu domicile sur un double banc sculpté en forme de tronc d'arbre, avec vue sur la maison.

Je me plaisais à imaginer le vieil Erasme - venu à Anderlecht en 1521 pour se reposer chez son ami le Chanoine Pieter Wijchmans - debout à sa croisée, et contemplant son jardin. Ou les jardins environnants. Puisqu'il était là en séjour campagnard. J'imagine que la lumière était la même, la couleur des arbres, des prairies, du ciel, le goût de l'air, du vent, et le pépiement des oiseaux: le sifflement du merle (moqueur) et le long cri des martinets revenus. Je l'imaginais en train d'écrire son Eloge de la Folie, ou ses Colloquiae, et j'essayais de me représenter une rencontre entre lui et moi, comme s'il était venu vers moi, dans sa houppelande grise, à travers les pelouses du jardin.

En quelle langue nous serions-nous adressé la parole ?

En latin ? En français du XVIème siècle (en moyen français?) ... Je me le demande ...

Après un certain temps, et presqu'à regret, j'ai quitté le lieu pour aller prendre mon sacro-saint capuccino, à une terrasse en face de Saint-Guidon. Avec vue sur les ateliers de sculpture de l'académie des beaux-arts (néerlandophone).

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Variations de regard

Quartz Rose ou pas, je suis toujours Pivoine... Me revoici, avec, pour fil conducteur, des souvenirs de Bruxelles, des balades en d'autres lieux. Donc, musardons ensemble, un peu au hasard, nous verrons bien où nos pas nous mènent

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