Un parallèle curieux...
Dimanche, je suis allée au fameux petit-déjeuner littéraire organisé par la bibliothèque d'Anderlecht. C'était une première, alors que j'habite la commune depuis 10 ans.
On arrive à l'heure qu'on veut, le prêt de livres est ouvert jusqu'à 13 heures, il y a des croissants, des couques au beurre et au chocolat, du café, du thé, du jus d'orange, gratuit. On finit toujours par rencontrer des têtes connues, des personnes qui vont à tout ce qui est plus ou moins littéraire, plus ou moins philosophique, au Cepulb, à la Fis ou ailleurs...
Je n'ai pas mangé beaucoup, j'avais déjà pris mon petit-déjeuner (m'étant levée tôt !) Alain Berenboom était interviewé par une dame de la RTBF -si j'ai bien compris et est revenu sur l'idée et l'origine du livre : bien après la mort de ses parents, il a ouvert une caisse de documents -à laquelle il n'avait pas touché- alors qu'il recherchait justement un peu de documentation pour son idée de livre sur son père - qui était pharmacien à Schaerbeek, dans l'ancien quartier Nord.
Je connaissais déjà un peu Alain Berenboom, pour ses chroniques pleines d'humour dans les Télémoustiques des années 90, et quelques-uns de ses livres -parfois inégaux- mais toujours savoureux lorsqu'il parle et de Bruxelles et de la vie de son quartier.
Ici, il s'agit du récit "Monsieur Optimiste" - c'est un portrait de son père, voire, dit-il, de sa mère... En tout cas de leur vie pendant la guerre.
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Et là, il y a un parallèle tout à fait curieux avec le récit de vie du Professeur Brotchi, de Liège. "Se dépasser sans blesser ni se perdre", issu d'une rencontre avec Marianne Vanhecke, ou Mami Louve sur son blog (que je vous recommande, le "Journal d'une mamy-boomer". Le professeur Brotchi est l'ancien Chef de Clinique du service de neuro-chirurgie de l'hôpital Erasme, un service que je connais bien, pour y avoir résidé deux fois, de son temps et sous le règne de son héritier, l'actuel neuro-chirurgien O. D***, (et lui reçoit ses patients en jean o;)
Le premier est né en 1947, après la guerre - mais ses parents se sont mariés en 40 et n'ont connu que l'Exode, en fait de voyage de noces. Le second est né à Liège en 1942. Ce qui n'était pas vraiment une bonne année. Les deux familles ont fait l'exode, l'une vers Boulogne (les Berenboom), l'autre jusqu'à Toulouse (les Brotchi), sont rentrées à Bruxelles, (mauvaise idée d'après Alain Berenboom, qui manie l'humour et l'auto-dérision), puis, hélas, se sont rendues à leurs maisons communales respectives, pour se faire déclarer comme Juifs, conformément aux lois édictées par l'occupant nazi.
Par bonheur, les deux familles, de la même façon, n'ont pas répondu à l'obligation de se rendre à Malines, à la caserne Dossin. La famille Berenboom (le père s'appelait Chaïm Bierenbaum), et la famille Brotchi sont passées dans la clandestinté, les Berenboom grâce à un agent de police de quartier, qui était client de la pharmacie et faisait partie d'un réseau de résistance, les Brotchi, eux, ont été prévenus par des voisins que la Gestapo était passée chez eux, ont continué leur promenade, l'air de rien (ils promenaient leur fils dans sa poussette), et ont pu se réfugier chez des amis et puis, de foyer en foyer, à la campagne...
L'un est devenu avocat spécialisé dans le droit d'auteurs, professeur à l'ULB, et écrivain, (Alain Berenboom), l'autre est devenu chirurgien, a fait de la politique, - en essayant de faire passer certaines lois ou progrès dans le domaine médical, où il y a encore tant à faire et à préserver... Et témoigne aujourd'hui.
Et tous deux ont écrit un livre. Je suis en train de lire ces deux livres en parallèle, j'avais demandé le livre du professeur Brotchi chez Filigranes, mais ils ne l'avaient pas encore.
Hélas ! Il y a une semaine ou deux, il y avait présentation de l'ouvrage, en présence de l'auteur et même du chanteur Adamo, dont j'ignorais qu'il avait été opéré par le professeur Brotchi. J'ai loupé cela, mais ce n'est pas très grave. C'est un ouvrage qui fait réfléchir et sur le métier de chirurgien (à une certaine époque, on opérait dix-neuf heures - sans interruption... Et c'était une question de vie ou de mort, parfois), sur les avancées de la neuro-chirurgie (le service à Erasme s'est créé à partir d'une cellule de neuro-chirurgie venue de l'Institut Bordet), sur les progrès de la technique, IRM, Pet Scan, Gamma Knife et sur toutes les opérations impensables il y a trente ou quarante ans (même celle de la hernie discale cervicale).
Donc, à lire, et voilà...
Ma foi, ce n'est peut-être pas si difficile que cela d'écrire quelque chose qui en vaille la peine ?