Encore cinq fois dormir...

Elle avait quinze, seize ou dix-sept ans. Elle comptait les semaines, les jours, les nuits, parfois les heures, quand elle se réveillait la nuit.

Big Ben ponctuait ses insomnies de sa ritournelle et de ses coups de gong.

Au bout de la semaine, des cinq jours ou quatre, ou trois, ou deux ou...

Demain,

Elle allait -enfin- revoir l'absente.

Des chemins allaient leur vie lointaine -parallèle ou non? Et puis ils se recroiseraient, le temps d'un éclair, d'une fugace rencontre dans un couloir ou un escalier, l'une allant dans un sens, l'autre dans l'autre sens.

De l'attente, elle croyait tout savoir. Mais l'absence avec l'attente de se revoir, cela n'avait rien de commun avec l'absence définitive, informe et tellement douloureuse - du moins au début. Attendre pour se revoir, cela pouvait se tromper à l'aide de riens ou de voyages, de calendriers, de jours de fêtes que l'on barre, de séjours en Ardenne ou en Angleterre...

A l'aide d'un journal plein de futilités ou d'un cahier de poèmes, libres et naïfs, plein de secrets de Polichinelle.

...

Encore cinq fois dormir.

Et que se passerait-il de si extraordinaire, au terme de cette attente ?