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Variations de regard
5 avril 2015

J'avais finalement une activité qui m'occupait

J'avais finalement une activité qui m'occupait deux jours par semaine, de 9 heures à 16 heures, bien sûr, j'étais fatiguée et ne faisais pas grand-chose à la maison, mais au moins, je faisais quelque chose. J'ai dû arrêter (non pas que je le voulusse, mais c'est la structure qui m'a obligée à arrêter - trop tôt). Difficile de rebondir, il ne se passe strictement rien à Anderlecht.

Disons que ce n'est pas tout à fait vrai. Il y a le cours du soir d'infographie, mais c'est une fois par semaine. Cela se passe plutôt bien. Et on est en vacances. J'ai dû abandonner (en fait, je ne suis pas allée au cours) l'histoire de l'art le lundi, à cause de l'inconfort de la classe et des chaises (les chaises d'école primaire pour enfants de 8 ans, c'est un peu limite pour une dame qui "a mal partout"). Et puis, à cause de mes activités de jour justement.

J'ai bien une adresse qu'on m'a conseillée où je devrais me rendre, où je pourrais pratiquer certaines activités, mais je n'ai pas encore eu le courage d'y aller. Ce n'est pas à Anderlecht, d'ailleurs, je devrais prendre le métro et changer de métro - mais ce n'est pas la mort, loin s'en faut.

Alors, je  remâche. Je remâche la situation de mon fils qui est avec une jeune fille (je ne sais pas ce qu'il faut dire, une fille? Une jeune fille? Une jeune femme?) Une nana? Bref... Depuis 8 ou 9 ans. Ils ont fini leurs études, ils travaillent, et dès qu'on lui parle à elle de vie commune, elle se bloque complètement. Donc, il vit seul chez lui, reçoit ses copains, elle est dans sa maison de famille au fin fond de la Belgique avec papa, maman et les petites soeurs (ou une petite soeur, petite soeur adulte, je précise). Elle a l'air d'avoir quatorze ans et de ne jamais avoir vu le loup.

Parfois je me dis que nous sommes une famille trop atypique pour elle: moi, seule dans mon appartement avec, non, sans l'ex-compagnon alcoolique (que j'ai quitté à cause de son alcoolisme, de son environnement d'alcooliques et de son veuvage omniprésent), un "beau-père" qui a collectionné les femmes (pas en même temps, l'une après l'autre, mais on s'en fout, ça revient au même), et qui vit à Pékin... Ses trois femmes, ses quatre fils (dont deux qui ne veulent plus le voir... Ce que je trouve dommage en même temps).

Nous sommes socio-culturellement convenables (je veux dire, par rapport à sa famille à elle - on a tous fait des études), un chouïa trop à gauche, (on ne peut pas cautionner la collusion libérale francophone et NVA néerlandophone, même si les coalitions centristes avec les socialistes font aussi du dégât social, obéissant en cela aux diktats européens capitalistes, etc) ... Un jour, alors que je mangeais avec eux, on a plaisanté sur notre premier ministre (une plaisanterie stupide, mais qui m'a fait rire et elle l'a vraiment très mal pris, cela m'a un peu inquiétée...)

Mais mon fils est un peu comme moi, s'il analyse volontiers les phénomènes socio-politiques, on ne le trouve pas pour autant dans la rue.

J'avoue n'avoir jamais beaucoup manifesté, la seule fois que je l'ai fait (pour l'enseignement), j'ai dû sauter en arrière à cause d'un pétard pirate qu'un mec avait lancé un peu au hasard mais dans ma direction. J'en fais même des complexes, désormais, car beaucoup de gens de mon âge sont dans la rue justement !

Pourtant, à première vue, comme ça, je l'aime bien (j'aime tout le monde, de prime abord), mais j'aurais quand même préféré pour lui une femme qui ait comment dire? De la patine? Du vécu? Ou peut-être, tout simplement, qui ait envie de vivre avec lui. Venir travailler à Bruxelles tous les jours et puis rentrer chez papa-maman se mettre les pieds en-dessous de la table, et voir mon fils en cachette (parfois), (mais partir quand même en vacances avec lui, et pas en cachette), je ne sais pas, il y a quelque chose que je ne comprends pas.

Je pouvais le comprendre il y a deux ou trois ans, quand ils venaient d'avoir leur diplôme, mais maintenant, cela commence à devenir inquiétant. Lui s'adapte, il est tout seul chez lui, reçoit ses copains célibataires pour des soirées jeux (vidéo) et des petits soupers, il souffle entre de longues journées de boulot, essaie de se détendre en maquettant, parfois (quand il en a le temps), mais voilà, dans l'ensemble, cela me préoccupe.

Et il est difficile d'entamer le sujet avec lui...

Elle "met de côté", dit-il, pour acheter un jour une maison. Si c'est comme pour mes grands-parents maternels, elle ne saura (ils ne sauront) acheter cette maison que dans vingt ans, ou alors, quand je serai morte. Mes grands-parents maternels ont épargné vingt ans et en 1938, ils ont acheté leur maison. Mais ils avaient tout de même fondé une famille. Et si j'espère mourir avant 90 ans, j'ai quand même envie de vivre encore quelques années (pour connaître mes improbables futurs petits-enfants?)

"Si on vit un jour ensemble..." m'a-t-il dit ce matin presque sans y penser...

Est-ce qu'on confie ses sentiments profonds à sa mère?

Le faisais-je? Je l'aurais fait si elle avait compris (je parle de ma mère). En fait, je le faisais, pas dans toutes les circonstances, car, bien entendu, elle ne comprenait ni n'admettait pas tout... Mais c'est là un autre chapitre.

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Commentaires
S
Nous les mères nous inquiétons toujours pour le bonheur de nos enfants sans toutefois en comprendre les valeurs. Moi, j'ai quatre filles, imaginez le travail !
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P
Mon Dieu! j'ai l'impression de faire ma crise de belle-mère, mais ce n'est pas ça, je m'inquiète pour le bonheur de mon fils...
Répondre
Variations de regard
Variations de regard

Quartz Rose ou pas, je suis toujours Pivoine... Me revoici, avec, pour fil conducteur, des souvenirs de Bruxelles, des balades en d'autres lieux. Donc, musardons ensemble, un peu au hasard, nous verrons bien où nos pas nous mènent

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