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Variations de regard
21 mars 2016

L'année de mes quatorze ans

C'est en lisant Arpenteur d'étoiles que j'ai eu envie d'essayer de parler de cette année-là.

Mais avant de me lancer dans des souvenirs que j'ai déjà évoqués, je me suis interrompue et je me suis mise à me poser des questions.

J'allais avoir quatorze ans quand j'ai doublé ma cinquième (6 - 5 - 4 - 3 - 2 - 1) à l'athénée d'Uccle (une école "officielle", c'est-à-dire, gérée et subventionnée par l'Etat). Je passais donc d'une 5ème latin-grec dans le "Libre confessionnel", où l'on avait six heures de latin et six heures de grec, à une 5ème latine de l'Officiel, où l'on avait beaucoup de latin, certes, mais pas de grec. Par contre, on entamait la physique cette année-là.

J'allais donc avoir quatorze ans, je ne portais plus d'uniforme bleu marine, et j'étais dans une école mixte. Les filles et les garçons de ma classe avaient à peine treize ans. Parfois, ils en paraissaient plus, parfois moins.

Arrivée à ce point de mes réminiscences, je me suis soudain demandé à quoi pouvaient bien s'intéresser les filles et les garçons de cet âge-là.

A treize ou quatorze ans, on ne joue plus vraiment, ou alors, si on joue, je pense que c'est chez soi, dans l'intimité, sans en parler aux autres. Il est très possible que je jouais encore avec mes poupées Mattel (Skipper et Francie) et mon train Lego, mais je ne m'en serais pas vantée à l'école. D'autre part, je ne recevais plus de jouets non plus. Des livres, bien sûr, puis des objets, plutôt genre trousse de voyage ou sac à main, un parapluie bleu, mon premier parapluie, tout comme mon premier sac à main, mais plus de jouets, non.

Le tout acheté à l'Union Economique, bien sûr (par parenthèse).

Je n'ai pas le souvenir que les garçons jouaient au foot. On n'avait peut-être pas la place non plus. Un terre-plein central, en contrebas, entouré de haies, des espaces de chaque côté et un préau pour les jours de pluie. Par contre, on avait tous des balles de tennis dans nos affaires. Régulièrement confisquées d'ailleurs.

J'ai le souvenir, par contre, qu'ils chahutaient beaucoup. Du moins, ceux de ma classe - pas tous - c'était surtout un groupe. Surtout l'un d'eux. Antipathique. En sautant de lien en lien, je suis arrivée sur son profil fcbk, et je l'ai trouvé aussi antipathique qu'à ses treize ans... Mais je ne suis pas objective.

On pourrait me dire, va lire quelques blogueurs qui parlent de leurs souvenirs. Mais à mon humble avis, il y  a une marge énorme entre les garçons qui allaient devenir des hommes passionnés par un art ou par l'écriture, par la photo, bref, qui avaient quelque chose en eux qui s'exprimerait un jour... Et les autres. J'aimais aussi écrire, j'écrivais d'ailleurs, mais bien sûr, je n'en parlais à personne. Et sûrement pas à l'école.  Mais cela faisait-il de moi une fille très différente des autres? Je ne sais pas.

Lors d'un anniversaire, cette année-là, en 1972, j'ai été invitée chez une amie. C'était la fille cadette d'un avocat connu et elle vivait dans une splendide maison art nouveau. Je dis splendide maintenant, mais à l'époque, cette maison me paraisssait très vieille et très sombre. Nous étions une petite dizaine, je pense, et on a beaucoup joué au ping-pong. Je ne me souviens pas du goûter, ce qui est très bizarre, juste des tables de ping-pong, dans le grenier, et de sa soeur aînée qui est venue un moment, et avec qui j'ai un peu parlé.

Donc, certains garçons de la classe aimaient jouer au ping-pong. Je ne leur parlais jamais, (eux non plus), mais l'un d'eux m'a téléphoné pendant les grandes vacances pour que je vienne jouer au tennis de table chez lui, avec d'autres. Il avait remarqué que je me débrouillais pas mal (j'avais appris à jouer à l'Astoria, à la mer, avec un garçon plus âgé que moi et qui jouait très bien).  Lui aussi est sur facebook et il a fait des hautes études commerciales (Solvay et cie).  J'ai refusé, parce que j'étais au lycée, alors, et que je n'avais pas un trop bon souvenir de l'athénée d'Uccle. Là, ma mère m'a dit que j'avais peut-être dit non un peu trop vite et que la démarche était plutôt sympa. Certes...

Certains garçons ne parlaient jamais, ne faisaient aucune vague et vivaient penchés sur leurs cahiers. On ne pouvait rien savoir sur eux. L'un d'entre eux avait un frère, à qui il ressemblait d'ailleurs, le frère arborait de longs cheveux et faisait, paraît-il, de la batterie.

Cela ne me dit toujours pas à quoi s'intéressaient les garçons.

Pour les filles, c'est plus simple. Elles s'intéressaient à leurs vêtements, du moins, elles parlaient fringues ("quel est le montant de ta garde-robe d'été?" Question qu'on m'a posée et à laquelle j'ai été bien incapable de répondre). Et elles s'intéressaient aux garçons. Moi la première. Assez curieusement, à l'âge où je n'aurais dû me préoccuper que de mes cours, je pensais beaucoup aux garçons, et à l'âge où il aurait été logique de m'y intéresser, cinq ans plus tard, je les fuyais plutôt (encore que, ce n'est pas tout à fait vrai, j'avais des "copains" de fac - qui n'étaient que des copains, mais enfin, on "discutait le coup" ensemble).

J'étais assez amie avec un garçon plus jeune que moi, (il était en sixième latine, donc il avait douze ans), qui avait une soeur en seconde (l'année appelée parfois "poésie") et tous les deux faisaient la route en bus avec moi. Je dirais qu'avec lui, que je voyais en récré et au réfectoire, on se retrouvait un peu dans l'enfance.

Et puis, j'avais "flashé" sur un garçon qui avait un an de plus que moi, donc, quinze ans, je ne sais absolument pas dire à quoi il s'intéressait, mais il avait le grand mérite, d'abord de faire attention à moi, ensuite d'être gentil. J'ai toujours considéré que c'était le permier garçon dont j'ai été vraiment amoureuse, au point d'aller en étude dirigée rien que pour m'asseoir derrière lui et faire quelques exercices de conjugaison pour lesquels il m'aidait (aide dont je n'avais aucun besoin, la conjugaison, pour moi, était un jeu).

Pour lui, son centre d'intérêt était clair. Sa famille avait vécu au Burundi, et sa soeur et lui, arrivés au cours du premier trimestre n'avaient qu'une idée en tête, retourner au Burundi. Ce qu'ils ont fait à noël. On peut donc dire que sa passion, c'était l'Afrique, et peut-être, les filles, ce qui explique son universelle gentillesse avec elles.

En-dehors de l'athénée, je n'ai connu que deux garçons cette année-là. Mon voisin de banc au cours de solfège, à Ixelles, dont je ne sais rien dire non plus, et... Un étudiant en école hôtelière, à La Panne, bilingue, qui faisait le serveur pour la saison des vacances. C'est lui qui m'a appris à jouer au ping-pong. Là, je peux dire qu'il aimait la musique (les Beatles), les boîtes de nuit (le King), mais à tout ça moi, à quatorze ans, pourvue d'un grand frère chargé de me garder, je n'avais pas droit - sauf les Beatles.

Voilà qui ne m'éclaire pas fort sur les garçons de l'époque et leurs goûts. Je ne sais pas s'ils aimaient écrire, ce qu'ils aimaient comme musique, nous n'avions pas gym ensemble, donc, je ne sais pas qui était sportif... J'oubliais un garçon étrange, qui prenait aussi le bus 38, un peu plus âgé que moi, - nous n'avons jamais parlé ensemble - je le regardais beaucoup, probablement parce qu'il était extrêmement coquet, et portait des accessoires africains (encore un ancien du Congo sans doute), une sacoche en peau de serpent, et une dent de quel animal? Pendue au bout d'une chaîne.  Lorsque j'ai eu le palmarès de fin d'année en main, j'ai cherché son nom et j'ai vu qu'il avait eu 30%. Visiblement, à part son aspect physique -un peu efféminé, ce qui laisse rêveur, après coup- et peut-être l'Afrique, s'intéressait-il seulement à quelque chose?

Mes résultats, quant à eux, n'étaient pas glorieux, mes parents se sont fort inquiétés pour la suite de mes études, puisque j'avais des examens de passage, math, physique et... Histoire.  J'allais d'ailleurs retrouver mon professeur d'histoire de cette année-là, beaucoup plus tard, lors d'un stage, dans un autre athénée, dans le Brabant wallon, mais j'ai espéré qu'il n'a m'a pas reconnue (en presque dix ans, j'avais quand même changé...)

Mais comme je le dis toujours, cela, c'est une autre histoire.

ps. Je crois ne pas me tromper en disant que -malgré la mauvaise réputation de l'école- les gens de ma classe ne fumaient pas, ni cigarettes, ni joints. A treize ans, c'eût quand même été malheureux...

***

Ph*** et moi à la Fenière, en juillet 1972

Mon frère et moi, en vacances, en 1972, à La Fenière, à Arles.

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Variations de regard
Variations de regard

Quartz Rose ou pas, je suis toujours Pivoine... Me revoici, avec, pour fil conducteur, des souvenirs de Bruxelles, des balades en d'autres lieux. Donc, musardons ensemble, un peu au hasard, nous verrons bien où nos pas nous mènent

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