Féministe, dites-vous ?
A propos d'un article sur les futures miss enfants, lu chez Adrienne...
Et des féministes...
Il y a les féministes institutionnelles. Elles ont millité dans les années soixante, septante, et, après -sans doute- beaucoup d'efforts mais aussi d'opportunités politiques, elles sont arrivées à des postes importants, ont acquis une notoriété, sont à l'affût de toutes les iniquités. Parce que c'est leur job et aussi, leur conviction politique. Leur étiquette politique.
Si deux personnes s'expriment sur un même sujet, une féministe qui a pignon sur rue et une qui ne l'a pas, c'est l'opinion de la féministe qui a pignon sur rue qui prévaudra. Il en est ainsi du féminisme comme de tout le reste, il faut de la visibilité. S'il n'y a pas de visibilité, il n'y a pas de salut, et l'on disparaît dans l'anonymat.
Il y a les féministes qui défendent surtout les femmes de la communauté musulmane, non contre les discriminations au sein de leur communauté, mais contre les discriminations des Belges de souche. J'ai souvent envie de dire, face à certaines anecdotes, (une femme affirmait récemment qu'un conducteur du Brabant wallon avait voulu lui faire peur et avait fait mine de l'écraser), que ces Belges-là ne font guère de différence entre une dame voilée, une vieille dame du village, une mère et ses enfants, un passant quelconque... Je l'ai bien vu à Genval, quand on roule en 4x4, sans respecter les limites de vitesse, qu'on tient son volant d'une main et son portable de l'autre... Il ne reste plus beaucoup d'attention pour les piétons.
Il y a les féministes qui trouvent que tout le monde aurait à y gagner : les femmes, les enfants et ... In fine, les hommes eux-mêmes.
Peut-être que certaines sont anti-hommes (enfin, je ne sais pas, parfois, tout simplement, elles ne les aiment pas parce qu'elles aiment ailleurs), certaines vont même jusqu'à affirmer qu'on ne peut être féministe et "hétérote".
Personnellement, je fus élevée et éduquée par des femmes féministes, je l'étais donc par osmose, mais je le suis réellement devenue lorsque je suis entrée dans le monde du travail, et principalement, dans le privé. Voire dans l'associatif... Dans la première firme où j'ai travaillé, le patron pratiquait l'art du "diviser pour régner". Il le faisait indifféremnt avec les hommes et les femmes, mais avec les femmes, c'était tellement facile !
Le piège était de tomber dans l'inimitié instillée insidieusement entre collègues, plutôt que de rester solidaire.
Le deuxième, n'en parlons pas... Il avait été de gauche... Je le surnommais "Staline".
Quant au mouvement laïque organisé, un "truc", bien belgo-belge, un puits financier sans fond, le féminisme y était plutôt mal vu, par les hommes comme par les femmes (je ne sais même pas si elles savaient ce que cela voulait dire), sauf quand on voulait bien désigner une responsable qui deviendrait la représentante institutionnelle des femmes dans la communication "politique" du mouvement.
Il reste que la présidente de l'association était aussi éloignée du féminisme que possible. Je mentirais si je disais qu'elle était incompétente, mais elle était totalement dénuée d'humanité. C'était vraiment la libérale caricaturale...
***
Et pourtant, quand j'ai été formatrice d'adultes dans une grande administration, non seulement, j'y ai vécu ma plus belle expérience professionnelle, mais je n'y ai pas souffert de discrimination. Il est vrai que j'avais une position privilégiée, et que les hommes et les femmes que je formais avaient peut-être une autre vision de la chose.
Je me souviendrai toujours de cette dame, d'une quarantaine d'années, seule et mère de trois enfants, dont la scolarité s'était arrêtée à la fin des humanités, qui allait présenter le premier examen - de français - pour passer du niveau 2 au niveau 1 (pour les diplômés de type long ou ayant une expérience équivalente), qui est venue me montrer ses notes, timidement, en quêtant mon approbation (et en me demandant mon avis, avait-elle des chances de réussir?)
J'ai été frappée par la clarté de ses notes, que j'ai regardées rapidement - mais en un coup d'oeil, j'avais vu sa capacité à synthétiser clairement un exposé. Je l'ai donc vivement encouragée à présenter son examen, à y aller en confiance, je lui ai réitéré les conseils que je donnais à tout le monde, j'ai cherché à lui donner avant tout confiance en ses capacités. Longtemps après, je l'ai croisée par hasard, et elle est venue, toute souriante, me dire qu'elle était allée à son examen en pensant à moi, à mes encouragements, que ça avait été dur, parce qu'elle avait eu des problèmes familiaux, en même temps...
Je l'ai félicitée, je n'étais pas étonnée qu'elle ait réussi...
A l'heure actuelle, je pense que dans le monde du travail, la discrimination touche indifféremment les hommes et les femmes. Le burn-out n'a pas de genre, hélas.
Bon, allez, en fait de féminisme, je vais peut-être aller dormir...