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Variations de regard
21 septembre 2016

Brèves sur le Chemin...

Sur internet, en cherchant un peu, on trouve les différentes étapes du deuil. J'en parlais avec quelqu'un, récemment. Naturellement, nous sommes tombés d'accord pour dire qu'il ne faut pas voir cela de manière géométrique. Ce n'est pas une étape, puis une autre, puis la suivante, etc.

Jusqu'à l'acceptation finale, comment dire? Le souvenir, mais nimbé d'une sorte de paix.

Après la sidération et le déni - l'impossibilité pour l'esprit (ou l'âme ou le coeur) d'intégrer la réalité, il y a la colère. Etrange colère, sentiment inconfortable. Je connais quelqu'un qui la liquide en se battant pour des causes sociales. Moi, elle me prend parfois quand je pense à certains comportements, chez certaines personnes. Et puis, je rationalise... Je ne sais pas si je relativise, mais en tout cas, je rationalise. A force, le cerveau finira bien par l'emporter sur les tripes (si tant est que j'aie un cerveau!)

Et puis, il y a la comptabilité, suivie du marchandage... Moi, je vois le marchandage comme des pensées du style, "si j'avais su que ce serait si court, j'aurais fait ceci, je serais allée le voir plus souvent, j'aurais encore plus parlé avec lui, etc. etc."

Mais pour moi, le jour de l'annonce, le moment où l'on va voir la personne aimée, ce moment que l'on n'oublie pas jamais - mais auquel je préfère ne pas trop m'arrêter - jusqu'aux funérailles, c'est vrai qu'il y a une sidération - et un profond désespoir. En même temps, je sais que les funérailles de mon père ont eu lieu le 4 août (en réalité, j'ai dû rechercher la date, j'avais tendance à l'oublier), mais pour tout ce qui concerne le mois d'août, à part une balade le 15 août, en forêt, avec des amis, et le vendredi 19 août, je ne me souviens de rien. Absolument de rien.

Je ne sais pas ce que j'ai fait, je ne sais pas ce que j'ai lu (rien sans doute, et je n'arrive pas encore à me concentrer sur ce que je lis, par contre, je n'ai pas perdu ma capacité à écrire), je ne sais plus...

Maintenant, je commence à me dire des choses concrètes - et je pense à une volonté de mon père écrite sur une lettre déjà ancienne, "pas de deuil éternel, pas de larmes (facile à écrire, mais je comprends ce qu'il a voulu dire par là, lui)..."

J'ai nettoyé mon appartement? Dans une perspective utile mais pas facile? Je pense que mon père aurait été content. Il m'aurait dit (ou il l'aurait pensé) "c'est bien ma fille. Tu fais ce que tu dois faire. Même si c'est difficile".

J'essaie donc d'avancer un jour après l'autre... J'écris mes Cent mots de Queneau. Je retourne à l'Académie, je me balade... Je pense à mon "anniversaire" et au boudin que mes parents ont mangé le 21 septembre à midi (qu'est-ce que mon père m'en a parlé, de ce boudin !)

J'en parle peu ou beaucoup, normal, j'y pense.

Et si j'écris là-dessus aujourd'hui, c'est un peu aussi en pensant à une amitié - virtuelle - à quelqu'un qui est sur ce Chemin.  Peut-être est-ce important, de savoir que l'on n'est pas seule sur un chemin, et bien sûr, une expérience n'est pas l'autre... Mais ce soir, je me dis que je dois peut-être écrire cet article pour cette amitié - sympathie - que faut-il écrire ? Virtuelle.

Et je repense aussi à ce que mon collègue (en réalité, c'était mon directeur, en 2001), psychologue, m'a répondu, après le décès de ma maman et à la question que je lui posais sur la durée du deuil... (Ma question venait aussi du fait que ma mère n'avait jamais fait le deuil de ses parents - elle était très jeune quand ils sont morts, respectivement en 1947 et en 1953).

"Je te promets qu'un jour ça ira mieux." (ou qu'un jour, tu feras ton deuil), "mais je ne sais pas te dire quand".

Et puis, des phrases comme ça, entendues chez des personnes, puis d'autres, qui font "tilt".

Une dame, il y a deux semaines, "je prends soin de mon âme"...

Et une recommandation, lundi, "soyez douce avec vous, en ce moment...

Parce que ce ne sont pas toujours les "autres" qui le seront pour vous..."

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Commentaires
P
Mais de rien Célestine, je l'ai écrit en pensant à toi... Pour moi, il y a du temps qui a déjà passé. Presque deux mois. C'est encore très vif - je pense à lui tous les jours, et c'est vrai que hier, en me mettant en route, j'ai regardé mon gsm en me disant: c'est la première fois qu'il ne me souhaite pas un bon anniversaire... <br /> <br /> <br /> <br /> Mon père était un homme à la fois discret, indépendant (il cuisinait lui-même, il était assez autonome, jusqu'au moment où il a dû rentrer dans la maison de repos et même alors...) - il aimait rester chez lui à lire ses livres d'histoire (je me suis rappelée qu'il m'a dit un jour que c'est Bernard Pivot et Apostrophes qui l'ont branché sur l'histoire), faire ses mots croisés (de l'Obs et du Figaro...) écouter de la musique (de tout, il était vraiment éclectique et regarder la télé... <br /> <br /> <br /> <br /> Disons que je suis aussi heureuse d'avoir organisé son anniversaire, ses 91 ans, au mois de juin. Mon frère était mal en point et m'avait dit qu'il jetait l'éponge. J'ai donc cherché les lifts et on a fait ça chez mon fils. On lui a fait ses plats préférés... Et on lui a tout facilité au maximum. Mais il a pris beaucoup sur lui, dans sa maison de repos... Cela m'a fait mal au coeur, de le voir là, sauf quand il s'est mis le personnel "dans sa poche" (il savait aussi être charmeur, même à 91 ans!) d'autant que je n'ai pas vraiment choisi l'endroit. Le personnel était extra, dévoué, mais lui avait toute sa tête, mais plus de mobilité, et hélas, pour les autres résidents, c'était le contraire.<br /> <br /> <br /> <br /> Au début, je ne pouvais imaginer que ce pilier de ma vie (longtemps, dans mes rêves d'enfant, il était vraiment celui qui me protégeait, venait toujours me rassurer quand j'avais peur...) avait disparu. Je me sentais littéralement bancale. Avec une partie de moi-même amputée. Maintenant, c'est un peu différent, mais c'est difficile à expliquer. <br /> <br /> <br /> <br /> J'ai été très émue quand je t'ai lue, après m'être rendu compte que tout d'un coup, tu avais arrêté d'écrire. Vraiment, cela m'a fait quelque chose. <br /> <br /> <br /> <br /> Peut-être es-tu plus douce que moi o:) bien sûr, j'ai aussi une douceur, ce que j'appelle "une tendreté" qui passe au fond du coeur, mais je ne la montre pas souvent... Elle me pousse souvent à vouloir venir en aide à autrui (ce qui n'est pas toujours un bon plan o;) - Mais j'ai été bien entourée. Par mon fils, par mes meilleures amies, et par des professionnels... Je sais que je peux tout leur dire et que je ne vais pas pomper leur énergie. <br /> <br /> <br /> <br /> Patience... Le temps est différent pour chacun... Mais sans doute faut-il vraiment la vivre. Je ne sais pas beaucoup dire plus... Et courage !
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C
Pivoine, je prends tous tes mots pour moi, en plein coeur.<br /> <br /> Et je te remercie pour ce billet que je ne sais pas encore écrire, mais qui me fait du bien.<br /> <br /> Je n'ai aucune colère. La paix m'envahit déjà. Le sentiment d'avoir été là au bon moment (avec ma lettre que j'ai réussi à lui écrire) fait que je n'ai pas non plus de pensées de comptabilité ou de marchandage...J'en étais tellement imprégnée, de cette fin imminente.<br /> <br /> Mais le manque est immense. la voix me manque. La chaleur, les mains, le sourire.<br /> <br /> Tout cela va me manquer longtemps.<br /> <br /> Une grande amitié (virtuelle ou pas on s'en fiche, moi je dirais humaine) me pousse vers toi en empathie.<br /> <br /> Alors une fois de plus, laisse moi te dire ma gratitude.<br /> <br /> je t'embrasse<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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Variations de regard
Variations de regard

Quartz Rose ou pas, je suis toujours Pivoine... Me revoici, avec, pour fil conducteur, des souvenirs de Bruxelles, des balades en d'autres lieux. Donc, musardons ensemble, un peu au hasard, nous verrons bien où nos pas nous mènent

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