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Variations de regard
30 octobre 2016

En Provence, IV

Je crois que j'ai brossé une belle esquisse de ce voyage.

Je l'avais attendu avec impatience, l'année précédente, nous étions allées en Normandie et cela avait été extraordinaire. Mais je faisais tous les trajets en car avec une amie que j'aimais beaucoup, pas l'année suivante. Ma voisine de classe n'était pas partie avec nous, l'amie Françoise était avec la sienne, de voisine de classe et mon amie Albane avec sa "bande" de copines.

Il y a eu cette marche de Saint-Rémy de Provence aux Baux, un matin, à laquelle je m'étais inscrite, aimant marcher et désirant revoir les Baux. Mal m'en a pris. Nous avions reçu un beau morceau de baguette que je transportais dans mon panier (c'était la mode des paniers à l'époque, même si un sac à dos aurait été nettement plus pratique).

A mi-chemin, nous avons été surprises par un véritable déluge et nous avons dû nous abriter dans une de ces cavernes creusées dans les falaises, peu avant les Baux. Mes longs cheveux étaient transformés en robinets et s'égouttaient sur la baguette, laquelle était devenue immangeable. Aux Baux, il faisait glacial et un seul bui-bui était ouvert, où nous n'arrivions pas à nous réchauffer, mais c'était mieux que rien.

La maman de ma correspondante était outrée, l'après-midi, quand elle m'a vue arrivée tremblante de fièvre. Mais on aurait pu me tuer, j'aurais continué d'avancer.

On n'est vraiment pas sérieux quand on a dix-sept ans o:)))

1974-1975

***

Un soir, quelques élèves basées au Mas et au Maset sont restées tardivement, à discuter à l'hôtel, avec le reste du groupe. J'ai loupé différents retours, et nous n'étions plus que quelques-unes et trois profs, à devoir rentrer à la nuit noire (et froide, on l'aura compris). Arrivées au Mas, nous nous sommes fait la réflexion que notre prof de chimie devait rentrer seule au Maset (dont elle avait la garde) et Elisabeth V*** a décidé de l'accompagner. Mais elle craignait tellement le retour - seule - que j'ai dit que je l'accompagnerais. Sa peur était telle que, pour la rassurer, j'ai dit que j'allais prendre un bâton, mais tout ce que j'ai trouvé, c'était un balai.

Puis, on a pris une bougie qu'on a collée dans une assiette et recouverte d'un verre, façon lanterne, mais bien sûr, elle s'est éteinte.

Nous faisions un cortège un peu surréaliste. Nous avons raccompagné Mme B*** sans encombre, et au retour, Elisabeth V. a été saisie d'angoisses. C'était le monde à l'envers, elle avait peur de perdre le chemin, de tomber dans l'eau, de rencontrer un chien errant, toutes craintes justifiées sans doute, et moi, du fait que je n'étais pas seule (et de mon inconscience), je n'avais pas peur. Avec mon balai dans une main, une prof cramponnée à mon bras de l'autre côté, je l'ai remorquée jusqu'au Mas où, pour une fois, je me suis écroulée dans mon sac de couchage et où j'ai - enfin - dormi.

Pour la première fois depuis le début du séjour.

Le lendemain, on m'a laissé faire la grasse matinée. Il paraît que ma prof de français avait mimé notre départ (soit dit en passant, elle aurait pu, peut-être, elle accompagner ses collègues, mais elle avait allégué qu'elle était épuisée, c'est ma foi bien possible), une élève a photographié la scène, j'ai gardé longtemps cettte photo, puis je l'ai jetée.

***

L'année suivante, l'année du diplôme et de l'examen de maturité, nous aurions pu (si j'avais été dans une école "normale", je veux dire, dans la "norme") aller en Grèce. Ou à Rome. J'aurais tellement aimé ! Au lieu de cela, c'est un voyage en Roumanie qui a été organisé. Je me suis d'abord inscrite, et puis et puis... Le charme n'y était plus, pour un tas de raisons. Je me suis désinscrite. J'ai donc loupé l'occasion de visiter la Roumanie de Ceaucescu, en 1976, et je pense que c'était un voyage intéressant. Mais honnêtement, je ne le regrette pas.

Il était temps que je tourne la page du lycée et que je passe à autre chose...

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Commentaires
P
Oui, c'était curieux... J'étais assez fière de la rassurer. C'était une personne charmante. Je la croisais souvent au cinéma. Elle était prof de français et d'espagnol. Je l'ai revue des années après (j'étais adulte), elle avait changé de nom - un nom imprononçable origine des pays de l'Est - après, j'ai réfléchi, j'ai supposé qu'elle avait divorcé et repris son nom de jeune fille.
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C
Quelle précision dans le souvenir !<br /> <br /> A la fois drôle et émouvant...de devenir celle qui rassure la prof !<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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Variations de regard
Variations de regard

Quartz Rose ou pas, je suis toujours Pivoine... Me revoici, avec, pour fil conducteur, des souvenirs de Bruxelles, des balades en d'autres lieux. Donc, musardons ensemble, un peu au hasard, nous verrons bien où nos pas nous mènent

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