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Variations de regard
11 février 2017

Le lit, le chat et le livre

Elle connaît cela par coeur.

Le matin, quand je commence à bouger dans mon lit, à émerger de mes coussins, le chat arrive et saute sur le lit. Elle me regarde, miaule (mais elle commence à être enrouée), vient se coucher à côté de moi, puis, quand j'allume, replace mes coussins et remets les couvertures dans un bon ordre, elle s'installe en ronronnant. Je prends un livre, pour le moment "L'amour plus fort que le temps", parfois elle vient respirer l'odeur du livre, parfois, elle lèche la couverture (là, je la lui retire car j'aime bien les livres pêchés dans les caisses à livre ou chez les bouquinistes et on ne sait quand même pas où ils ont traîné) et je dirais bien, nous lisons de concert.

***

"L'amour plus fort que le temps" n'est pas une histoire sentimentale, comme on pourrait s'y attendre. C'est le récit de vie de Johanna Günzburger, dite encore Janine Günzburger, née à Fribourg le 5 septembre 1923, émigrée à Mulhouse avec ses parents, son frère et sa soeur (Norbert et Trudi), où elle rencontre un Français d'origine italienne, Roland Acieri (c'est un pseudonyme). Et en tombe amoureuse.

Nous entrons dans le vif du récit entre 1938, époque à laquelle - juste avant la Nuit de Cristal - les Günzburger viennent chercher refuge en France, bien qu'en Alsace, ce ne soit pas l'idéal, (l'Alsace et la Lorraine auront un statut particulier pendant l'Occupation), puis en 1940 et en 1942, quand après avoir fait l'exode jusqu'à Gray, petite ville de la Haute Saône, les Günzburger descendront jusqu'à Marseille et embarqueront à destination de Casablanca, puis de Cuba - où ils resteront internés dans un camp de réfugiés juifs, eh oui, pendant plusieurs mois. Avant d'être libérés et de partir vivre à New York.

Et dans les années 89-90, Leslie Maitland, sa fille, à la faveur d'un voyage en France, part sur les traces de Roland Acieri, l'amoureux de sa mère perdu à Marseille. Mais retourne aussi à Fribourg à plusieurs reprises et dans les petites villes voisines où ont vécu ses ancêtres.

Il y a des notes très intéressantes, notamment sur les deux maires de Gray, Moïse Levy, de mai 1935 à juillet 1940, dont le fils est mort en déportation - et Joseph Fimbel, de juillet 1940 à mai 1944, arrêté, torturé, emprisonné, mais sauvé et rescapé de la guerre, religieux marianiste très ami de Sigmar Günzburger.

Et sur le camp de réfugiés juifs, à Cuba. Dont l'auteur a fini par retrouver l'emplacement. L'édition française comprend une longue liste de remerciements et de précisions quant aux personnes contactées et aux recherches et une bibliographie. Certes, il y a un côté très personnel - si je compare, par exemple, avec "Né juif", de Marcel Liebman, ancien professeur de l'Université Libre de Bruxelles, et qui, comme mon professeur d'histoire du lycée (elle-même ancienne élève du Lycée communal d'Ixelles, cachée et adoptée par un de ses professeurs), étaient des voisins de mes parents.

En même temps, le livre retrace bien, "heure par heure" si je puis dire, l'évolution du nazisme en Allemagne, le drame des Juifs allemands considérés comme des ennemis dans leur patrie - et ennemis d'hier en France (le père de Janine Günzburger est un ancien combattant de 14-18 et sa mère a été infirmière en Allemagne).

***

Le soir, quelle que soit l'heure, mon chat connaît cela aussi. Je vais bientôt fermer mon ordi, vérifier que tout est en ordre à la cuisine, me préparer pour la nuit, m'installer dans mon lit, oreillers, couvertures, etc. Elle filera entre mes jambes, s'assoira sur le lit en m'attendant, puis, lorsque j'aurai pris mon livre, elle se couchera en ronronnant et en me regardant.

Pile au moment où je déposerai le livre dans le panier de la PAL et de ma PAR (o;) au pied de ma table de nuit, elle ira se coucher un peu plus loin, puis sautera dans une de mes armoires, grattera un peu dans mes pulls, et enfin, elle sortira de la chambre et s'en ira vivre sa vie de chat dans le reste de l'appartement...

 

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Commentaires
P
Belles sensations de douceur et de bien-être en lisant ton article. Très agréable à lire le matin
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J
Pour aiguiller Dalva, je dirai qu'une PAL, est la pile à lire et la PAR doit être la pile à relire. <br /> <br /> J'ai lu avec délice votre chronique.
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T
Tant de récits de ces années-là et chacun est porteur d'une histoire que nous n'avons pas fini d'explorer - à la dernière Grande Librairie, il en était encore question avec Boltanski et Brisac, et un essai polémique sur Céline.<br /> <br /> Le chat est un merveilleux compagnon du quotidien, de la lecture et de l'écriture - même le cliquetis du clavier semble lui plaire.
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D
J'aime beaucoup ce moment de lecture, à la fois ce que tu racontes du livre, et ce que tu racontes de l'ambiance de lecture avec ton chat autour de toi.<br /> <br /> Juste une petite question : c'est quoi PAL et PAR ?
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N
A Avioth, où je lis beaucoup, Pacha, le chat de la maison, vient souvent s'installer sur mes genoux quand je lis au salon. Il me réchauffe, je le réchauffe, et tout le monde est content.
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Variations de regard
Variations de regard

Quartz Rose ou pas, je suis toujours Pivoine... Me revoici, avec, pour fil conducteur, des souvenirs de Bruxelles, des balades en d'autres lieux. Donc, musardons ensemble, un peu au hasard, nous verrons bien où nos pas nous mènent

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