Brèves bruxelloises (1)
" En 1927, elle (Anna Boch) fait don aux musées royaux des Beaux-arts de Bruxelles d'une admirable toile de James Ensor, "La musique russe" (1881), qui la représente jouant du piano en compagnie de W. Finch."
Dictionnaire des peintres belges (Institut Royal du Patrimoine artistique)
Quoiqu'il advienne, mardi passé, la Rose et moi avions décidé de visiter une exposition ou un musée.
Nous avons malheureusement raté les expos que nous voulions voir, par négligence ou manque de temps (ou les deux)... J'avais proposé "Le musée fin de siècle" comme plan B, un de nos derniers avatars muséaux bruxellois, qui existe déjà depuis un petit temps mais qu'il a été question de fermer.
Une sombre histoire belgo-belge, de politique, de régionalisme, dont nos musées (ex-nationaux et maintenant fédéraux), font, hélas, les frais. Et la population de visiteurs aussi.Voilà pourquoi j'avais dit, quand on a parlé de fermeture, de le visiter sans trop tarder.
Tania en a admirablement parlé dans son blogue littéraire et culturel, Textes et prétextes (lien vers l'onglet "Belgique" et les différentes expositions visitées par Tania).
Je vais donc essayer de donner mon interprétation toute personnelle de ma visite.
"Trou du musée d'art moderne"
(le musée Fin de siècle a été installé sur les lieux du défunt musée d'art moderne - une série de galeries s'étendant tout le long d'un puits de lumière donnant sur la place du Musée - voisine de la place Royale et donnant sur celle-ci par des arcades).
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Je me suis longuement arrêtée devant un tableau assez célèbre de James Ensor, la Musique russe, qui représente Anna Boch, (La Louvière, 1848 - Bruxelles, 1936), une des héritières des faïenceries louviéroises Boch, et la seule acheteuse d'un tableau de Van Gogh de son vivant (la Vigne rouge), jouant au piano, pour Willy Finch, un ami peintre.
Non que j'aime particulièrement la peinture d'Anna Boch, mais le personnage a quelques particularités qui m'interpellent (comme on dit). D'abord, (grâce à ses relations, bien sûr), elle a fait partie du groupe des XX, autour d'Octave Maus et a exposé lors des Salons de la Libre Esthétique. Pour son époque, même en s'appelant Anna Boch, c'est un record.
Ensuite, il y a cet hôtel qu'elle s'est fait construire dans mon ancien quartier, à Ixelles, au coin de la chaussée de Vleurgat (parfois orthographié Fleuregat sur d'anciens plans), et de la rue de l'Abbaye, où habitaient plusieurs artistes, les Constantin-Meunier, Van den Eeckhout, ou architectes de l'époque. Son hôtel de maître, construit sur un coin, en 1901, et meublé et orné selon le goût Art Nouveau (quoique "fin de siècle"...) a été détruit et a fait place à un immeuble à appartements.
Il y a "La vigne Rouge" qu'elle a achetée à Van Gogh... De son vivant.
Et puis, les faïences Boch, c'est un des beaux fleurons de la Belgique, mais qui finit plutôt mal, dans les années 80 à 90, par la faillite de l'entreprise, les grèves, les bris de marchandises... Et les ouvriers et employés pris en otage. Une belle histoire qui finit mal...
Et puis, chose étrange, sur ce tableau - et c'est là que je voulais en venir, il y a ce personnage de Willy Finch, un peintre pointilliste, qui est assis et qui écoute l'amie pianiste. Sur ce tableau, mais sur ce tableau uniquement, il resssemble étonnamment à mon "mari" (mon ex-mari) - tel que je l'ai connu, à l'époque où je l'ai rencontré (la barbe ou la moustache en moins). Et puis, lui avait les cheveux tout à fait noirs. Et le teint bistre. A part cela, la ressemblance est même assez phénoménale, la forme de la tête, le profil, l'attitude, le nez, les yeux (ou ce que l'on en devine), jusqu'au veston foncé, et au col de chemise dont les pointes rentrent dans le pull ou le gilet...
Impression de revenir plus de trente ans en arrière - trente-trois exactement - quand, à cette époque-ci, notre histoire commençait.
Et je ne trouve pas vraiment de photo de cette année-là, (1984), qui me satisfasse en rendant compte de cette étrange ressemblance.