Des prénoms (2)
Du côté maternel, les prénoms suivent un peu le même schéma.
Ma mère et ma tante, nées respectivement le 3 mai 1924 et le 3 février 1921, se prénommaient Marion, diminutif de Marie, et Germaine.
"Pire", pourrais-je écrire, (mais où mes grands-parents avaient-ils la tête?) officiellement, sur sa carte d'identité, ma mère se prénommait Mariette. Il y a des prénoms que les Bruxellois aiment maltraiter. Mais on l'a toujours appelée Marion. Je ne comprends pas non plus le choix du prénom Germaine, aux lendemains de la guerre 14-18 - A Bruxelles, on a débaptisé des avenues, notamment au Cinquantenaire, pour les renommer, par exemple, avenue de l'Yser, un de nos trois fleuves.
Un tout petit cordon littoral où l'avancée allemande s'était arrêtée, pendant quatre ans.
Pour sa soeur, ma tante avait un diminutif, "Maine" et pour ses enfants, "Pip'".
Et bien qu'elle fût ma marraine, je l'appelais toujours "Tante Germaine". Je l'aimais beaucoup, disons que je l'aurais beaucoup, beaucoup aimée, s'il n'y avait eu si souvent de si terribles brouilles entre les deux soeurs.
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Odon-Jules Piter*** (1895-1953)
Mon grand-père bébé - puis à quinze ans.
L'exposition universelle de Bruxelles de 1910 se tenait à Ixelles, au lieu dit du Solbosch, c'est-à-dire après l'Abbaye de la Cambre, quand on vient de l'avenue Louise. Malheureusement, un incendie s'est déclaré et les pavillons ont été carbonisés. Le quartier devait être urbanisé après l'Expo, mais comme la guerre de 14-18 est survenue, les choses ont été remises aux années 20. Avec le percement de l'avenue des Nations (la future avenue Franklin Roosevelt), et l'installation de l'Université Libre de Bruxelles - une université à l'étiquette "franc-maçonne", pour faire pendant ou concurrence à l'Université catholique de Louvain.
Julia Joséphine et deux de ses frères, ou alors, avec mon grand-père et son plus jeune frère?
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Ma grand-mère Julia, Joséphine B***, était la fille d'un forgeron, Egide B***. Lui-même avait hérité de la forge paternelle, avant 14-18. Elle est née en 1898, de mémoire, et morte en décembre 1947, dix ans avant ma naissance. Mon grand-père lui est décédé en novembre 1953. Même mon frère ne se souvient pas de lui.
Je ne me souviens plus du prénom de mon arrière-grand-mère, que ma mère, quand elle en parlait avec ma tante, appelait encore "Bo'man". Elle venait de Hoeilaart, où sa famille exploitait des serres de raisin bleu.
Du côté grand-paternel, j'en sais plus, grâce aux recherches généalogiques dont mon frère a bénéficié. Tout remonte à une aïeule, dont j'ai déjà parlé, Rosalie Van E***, native des environs de Malines (Mechelen), qui est venue travailler à Bruxelles, comme femme à journée et a eu un fils naturel en 1860, Jean-Baptiste Van E***. Il est né dans une petite maison rue du Pachéco, à proximité de l'hôpital Saint-Jean (la rue du pachéco fut une des nombreuses rues détruites pour laisser la place au boulevard Pachéco et à une série de buildings, de bureaux, avec in fine, la galerie du Passage 44)
En juin 1866, au plus fort de la terrible épidémie de choléra qui a décimé la Belgique et la France... Elle s'est mariée avec un "cocher de maître", François P***, domicilié 100, boulevard de Waterloo - et qui a reconnu et légitimé mon arrière-grand-père. S'ils ont eu d'autres enfants, ils n'ont pas vécu.
J'ai souvent rêvé à ce François Piter, venu de Zarlandingen, près de Grammont (le pays d'une pâtisserie belge succulente, un gâteau feuilleté fourré avec un genre de frangipane, mais au lait battu).
Jean-Baptiste P*** est devenu policier à la Ville de Bruxelles, s'est marié avec une jeune fille venue du Brabant flamand, Anne-Marie Soetaert (d'une entité où il y a deux ou trois villages, Oplinter, Nederlinter, pour ne pas dire Lintere) et a habité dans les Marolles, rue de Lenglentier. La maison existe toujours.
C'est là que mon grand-père est né, et peut-être son frère cadet. Leur père a malheureusement contracté un vilain microbe, dans l'exercice de ses fonctions (il est fort probable qu'il a vécu les émeutes pour le suffrage universel, les plus violentes ayant eu lieu dans les Marolles, en 1902-1904), et, après plusieurs rechutes et sa mise à la pension, il est allé vivre avec sa famille "à la campagne", à Uccle Saint-Job.
Et Jules P*** a rencontré Julia en 1918, le jour de la Fête nationale, elle servait dans le café de ses parents, et était une ravissante jeune fille, dotée de deux ou trois frères. Je ne sais pas pourquoi ni lui ni son frère ne se battaient pas. Peut-être parce qu'ils étaient "soutiens de famille", puisque leur mère avait été veuve prématurément.
Beaucoup de points d'interrogation demeurent du côté maternel. Ma mère nous a transmis un album photos dont elle a retiré la majeure partie des photographies - et en ne laissant aucune indication. Primitivement, elle voulait tout brûler.
Elle ne serait vraiment pas contente si elle lisait cet article, ou pas, allez savoir !