Un extrait de poème
Que m'envoie une connaissance, comment dire? Il fut l'ancien élève (comme moi) et l'ami (comme moi, mais de plus longue date, vu qu'il l'a rencontré dans les années 60) de Louis Daubier, poète.
Je dis "élève", mais nous étions plutôt des étudiants.
Il m'envoie trois publications, dont le premier numéro d'une revue.
Et je lis ceci (je ne recopie que la première et la dernière strophe).
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" Je retourne sans toi dans ton pays de Flandre
tu as laissé là-bas tant de parfum léger
tant de beauté farouche arrimée dans l'oubli
et tant d'inoubliable enchâssé dans la lande
(...)
Ne reviens plus ainsi C'est trop de mal me faire
et pourtant oui Reviens mais sans cette semblance
de trouble vérité comme de tenir là
droite et sur moi penchée ton allusive absence "
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Pierre GUERANDE
TRANSPARENCE - Revue de poésie et des idées
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C'est vrai qu'il (pas l'auteur, non, quelqu'un d'autre), incarnait pour moi la Flandre. Son côté vert et verdoyant. Gand, Laethem Saint Martin, la Lys, surtout... L'Escaut, les ruelles gantoises, le Rabot, le Paterzol... Bloch, le salon de thé au parfum inimitable de chaleur, de gâteaux et de café. Ses tableaux. L'Agneau Mystique.
Et la taverne du Casino à Knokke... Comment s'appelait-elle encore? Le Wym's. J'étais à la terrasse, pendant les vacances de Pâques, avec une amie. Nous allions au vernissage de l'expo d'un collègue de l'Académie, un professeur de la rue du Midi.
Je buvais quelque chose comme un kir, sans doute. Je suis entrée dans le bar et en face de moi, il y avait un de ses tableaux, un groupe d'êtres ni hommes ni femmes ni anges, habillés de blanc, sur fond noir, avec une lune de lumière orange sur fond d'abres...
Noir, ivoire, blanc, orange, vert, brun...