Brèves en tout genre (2)
En dépit du fait qu'il n'y a rien à la télé, vendredi, j'ai commencé à regarder un documentaire sur les enfants et la guerre de 40-45. Bon, j'avoue que j'ai laissé tomber en cours de route. J'en suis restée à l'exode de 1940. Le poids des mots, le choc des photos. C'était trop impressionnant.
Mes parents avaient respectivement 15 ans (pour ma mère) et 14, pour mon père.
Ma mère et sa famille se sont arrêtés définitivement (heureusement pour eux) à Langemark, à la frontière française, ils ont vu un avion allemand tomber en flammes, et en repartant, ma mère a oublié son journal intime dans le tiroir de sa chambre. Elle n'en a plus jamais tenu. Dommage. Elle écrivait bien.
Mon père, ses parents et sa soeur étaient à Préfailles. Tiens, c'est vrai que j'ai aussi envie d'aller dans cette région (il y a un tas d'endroits en France où j'ai envie d'aller).
Je me suis arrêtée quand j'ai senti venir les enfants de la Shoah. C'est encore tellement intolérable. Je me souviens tellement de la caserne Dossin, à Malines... Et de la salle des enfants, au sous-sol. (Note: à l'époque où je travaillais dans une asbl, sur un festival de cinéma avec une semaine thématique sur le Devoir de mémoire - comme on commençait à l'appeler, nous avions emmené plusieurs classes à la Caserne Dossin de Malines et le lendemain au musée du Congo à Tervueren).
Et cela me faisant penser à ceci... Samedi, je suis allée au musée De Pont, à Tilbourg (Pays-Bas). Un remarquable musée d'art contemporain.
Il y avait une oeuvre de Christian Boltanski (vu aussi au Grand Hornu - une expo consacré à la mine et aux mineurs). Dans une petite salle un peu "claustrogène" (mot inventé), des photos d'enfants - allemands, orphelins, perdus, après la défaite du Reich, surmontés d'une lampe et reliés par des fils.
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Après, il y avait un documentaire sur Eva Braun, la maîtresse de Hitler. Je me suis interrogée sur l'intérêt d'un tel documentaire. Mais je l'ai regardé. Finalement, cela a un côté un peu "people". Du "people" ou de l'historique dans l'intolérable. Donc, étrange, surréaliste aussi. Cela n'arrange pas le portrait de Hitler, mais de toute façon, dans le national-socialisme, il n'y a pas que le dictateur, il y a tout le monde qui l'entoure, l'armée, les lâchetés politiques, les grandes familles industrielles dont l'intérêt était de fabriquer de l'armement, et, finalement, la population qui l'a suivi.
Cette gamine de dix-sept ans, une vraie Gretchen allemande, blonde et sentimentale, a été présentée à un homme dont la laideur consommée en faisait pourtant l'inverse du bel aryen germanique qu'il vantait. De vingt ans son aîné, il n'était même pas libre, car engagé dans une relation plutôt louche avec la fille de sa demi-soeur. Nièce qui s'est suicidée. On apprend qu'au Berghof, où elle a essentiellement résidé pendant la guerre, ils regardaient des films américains - elle des comédies sentimentales, lui des westerns (paraît-il).
Tout cela pour professer qu'elle irait jusqu'au bout avec lui - le suicide - et de fait.
Etrange... J'avais enregistré ce documentaire, je l'ai tout de même effacé. Je ne sais pas si cette histoire est très intéressante. Comme cela, en passant, pour s'étonner et se demander comment c'est possible, imaginable, concevable, une telle histoire, mais pas plus.