"Ne tirez pas sur la violoniste"
Dans "L'habit ne fait pas la nonne", du tandem Hélène de Monferrand - Elula Perrin, l'arme du crime était un foulard o:-), non, un CARRE Hermès rare - de la Légion étrangère. Illustration = ici.
Dans "Ne tirez pas sur la violoniste", le second polar de ce même tandem, quatre personnages du premier livre réapparaissent, Armelle, la reporter, originaire de la Loire inférieure et de la région de Préfailles, fait la connaissance de son neveu Aubin et de son amie, l'étudiante en droit, Constance, qui veut devenir flic.
Et pourquoi veut-elle devenir flic ?
Tout simplement parce qu'ils habitent dans un appartement, dans un immeuble - dans le quartier des anciennes Halles de Paris - non loin de Saint-Eustache et de l'ex-trou des Halles, où a eu lieu un crime.
La propriétaire de l'immeuble, une vieille dame, professeure de violon a été sauvagement assassinée, et tout semblait accuser Léonce Gerville, un serial killer, ou un imitateur, de ce crime. Mais l'équipe de policières - déjà présente dans le premier volume, dont le commissaire Tania Dabrovine, a des doutes sur l'assassin. Notamment à cause de différences avec les autres assassinats.
Armelle, le jeune couple, Aubin et Constance, et quelques comparses, vont donc se replonger dans l'affaire, afin de donner d'éventuels nouveaux éléments au Commissaire. Il faut donc commencer par l'enquête de voisinage. La jeune Constance n'aime pas parler? Eh bien, elle parlera. Et Aubin apprendra le violon.
Comme le disent les auteurs, un jour, l'immeuble se transformera en "Chemin de Damas".
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Au fil de l'histoire, on découvre mieux la personnalité à la fois originale, artiste et profondément bonne, d'Elizabeth Lecomte, qui a testé en faveur d'un Institut de soin et de prévention du cancer - sa compagne décédée est morte de cette maladie. Elle a laissé son violon à une amie, professeure de musique elle aussi, et le reste est à partager, via une "SCI", entre les enfants de son ancienne compagne, Aurore Dérigny, graphiste ayant son studio dans l'immeuble, Paul, son frère aîné, avocat à Versailles, et Jacques, son frère cadet, vivant en Dombes.
Elizabeth Lecomte, on le verra, n'était pas une femme timorée et craintive. Elle sillonnait Paris à mobylette, avec son violon sur l'épaule, se faisait livrer ses courses et criait souvent le code d'entrée à ses élèves.
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Dans l'immeuble il y a :
- une concierge "trotskyste",
- deux vieilles dames, Mme Blidot, qui avait remarqué les mouches dans l'immeuble, ce qui lui rappelait le temps des Halles,
- Mlle Gargilier,
- le jeune A. (Armand Tomme),
- une famille, les Hurel, et leurs enfants,
- les Bonard,
- Madame de Rouville, surnommée "la comtesse de Pimbesche", forcément plaideuse et pétitionnaire enragée,
- Et un jeune couple avec un enfant.
Les recherches progressent lentement, au point que le trio finirait bien par se décourager, ne voyant pas qui peut avoir eu intérêt à tuer la vieille dame.
Difficile de résumer ce roman - pourtant court (187 pages) - mais au rythme allègre et plein d'humour, l'enquête de voisinage mettant évidemment en lumière des personnalités originales ou antipathiques, voire de plus en plus antipathiques. Ou sympathiques (comme Armand Tomme, pourtant suspect, un moment...)
Le don d'un Macintosh du bureau d'études par Aurore Dérigny à Constance va aider le trio à finalement trouver "le" petit élément qui permettra de tirer le fil... Et de fil en aiguille, et après reprise du dossier par la police, et intervention d'Armelle, de se lancer sur la piste de l'assassin et, surtout, du commanditaire.
Et puis, si vous aimez Paris, un roman qui se passe dans l'ancien "Ventre de Paris", vous met d'office l'eau à la bouche...
Et puis, Hélène de Monferrand, qui n'avait plus rien publié depuis l'extraordinaire"Retour à Sarcelles, roman des Temps prolétariens", mais avait déjà écrit le quatrième et futur volume de la saga "Les amies d'Héloïse" (prix Goncourt du premier roman), "Journal de Suzanne" (le premier livre que j'ai lu d'elle), et "Les enfants d'Héloïse", pourrait bien - espérons-le - enfin éditer ce quatrième volume, et puis, qui sait ?