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Variations de regard
18 novembre 2017

"Mamie Soleil" (Berthe Bernage)

Pour en revenir à Berthe Bernage (décédée en 1972, à Paris), auteure bien-pensante, mais qui avait du style, et à un de ses romans que j'ai lus et relus, à dix-sept ans (et même après...) Avec parfois, une larme au coin de l'oeil.

Mamie Soleil, si elle fait le titre du roman, n'est pourtant pas l'héroïne principale de ce roman -unique en son genre- de Berthe Bernage (plusieurs de ses romans font deux ou cinq-six tomes, si pas une saga).

L'héroïne du roman, c'est Sylvette Ladouceur, Provençale et petite-fille de Mamie Soleil, comme elle l'appelait, mais Mamie Soleil vient de mourir. Alors Sylvette, orpheline de père (mais pas de mère), a été accueillie et adoptée par des lointains cousins parisiens, les Lamothe. Les Lamothe habitent un sévère appartement, rue Garancière, dans le quartier de Saint-Sulpice. Sylvette partage la chambre de ses deux cousines, Madeleine, employée de bureau, plutôt maussade, et la gentille Lolotte, la benjamine de la famille, encore très naïve.

Sylvette s'ennuie. Elle regrette la Provence, surnomme les Lamothe "du boeuf bouilli" - comme dans les ragoûts de sa tante, elle regrette sa grand-mère, elle se demande si elle n'irait pas habiter chez sa mère, remariée et installée dans les Antilles, mais, petit à petit, elle découvre sa nouvelle famille.

  • L'oncle Octave Lamothe, ancien magasinier, à l'autorité despotique, qui a épousé sa femme, Amélie, sans amour... Et Sylvette découvrira comment et pourquoi.
  • La tante Amélie, qui est bien triste, rongée par un chagrin secret, mais qui se coupe en quatre pour nourrir la famille. Et entretenir l'appartement. Tous les jours, elle va puiser du courage à Saint-Sulpice, sans discerner où est "le devoir" auquel elle croit devoir se plier. Et puis, elle sent que son mari ne l'aime pas autant qu'elle l'aime et que leurs enfants ne sont pas épanouis. Et puis, cette Sylvette ? Qui s'ennuie... Que va-t-elle apporter dans la famille? Des soucis? La zizanie?
  • Il y a les cousins, l'aîné, Georges, et qui ressemble à son père jeune, paraît-il. Cela n'enchante pas Sylvette, ce qui n'enchante pas Georges, qui l'admire secrètement et cherche comment l'aider à s'intégrer et être plus heureuse.
  • Il y a Madeleine, qui a un grand chagrin d'amour et a peur de rester célibataire...
  • Puis les garçons, André et Robert. André rencontre Sylvette au Jardin du Luxembourg et ils s'entendent bien. C'est à elle qu'il avouera qu'il devient sourd.
  • Son jeune frère est moins sérieux, plus noceur et plaît déjà aux filles...
  • Quant à Lolotte, pour le moment, elle arbore de grands noeuds dans ses longs cheveux blonds, et elle attend de grandir. Mais elle aime sa famille passionnément et c'est cette passion, bien cachée, qui va aussi la pousser à aider sa cousine et toute sa famille. Et puis, elle est la préférée de son père.
  • Enfin, il y a Madame Esprit. Madame Esprit est la laveuse, qui vient aider tante Amélie à faire les lessives. Elle cause avec Sylvette, s'étant très vite rendu compte que la petite jeune fille s'ennuie. Cette jeune fille lui rappelle sa fille, une fille décédée, une fille, qui, selon l'expression du temps et de Berthe Bernage "a mal tourné". Mais elle redonne espoir à Sylvette en lui disant que "sa jeunesse finira bien par retrouver sa gaîté... Comme son linge, toute sa propreté".

Et puis, Madame Esprit aidant tante Amélie, l'air de rien... Et Georges, vont doucement changer la vie de Sylvette.

Georges lui donne d'abord sa chambre en l'aménageant avec tout ce qui peut plaire à une jeune fille fantaisiste. Lui ira vivre au sixième étage, dans une chambre de bonne, malgré la mauvaise réputation du sixième étage. Madame Esprit discutera avec tante Amélie, qui reconnaîtra qu'il est difficile d'envoyer Sylvette au collège en plein milieu de l'année.

Enfin, un dimanche où tout le monde est parti - sauf l'oncle Octave - Sylvette entend un air de flûte. Elle s'approche, ne comprenant pas ce qui se passe, puis elle entend l'oncle Octave parler tout seul. C'est lui qui joue de la flûte, comme, au temps où, jeune magasinier, il jouait pour la fille du patron, une belle fille épanouie qui n'a pas voulu de lui : extraction trop modeste.

Finalement, Sylvette s'approche et le dialogue s'engage. Elle le supplie de lui jouer l'Arlésienne. Et l'oncle obtempère.

Finalement, tout le monde consentira à ce que Sylvette aille se perfectionner en dessin dans un atelier montmartrois, chez un artiste de bonne moeurs et de bonne réputation, le peintre Fab. Mais elle ne pourra pas fréquenter les modèles, même si une rousse tapageuse, Gina, ne se privera pas de se moquer de la Provençale (et de la provinciale).

Et puis, à Montmartre, que Sylvette adorera tout de suite, elle rencontrera un autre artiste, jeune lui, le peintre François, modèle grand bourgeois parisien, qui cherche deux modèles, une rousse et une brune qui aient "du caractère". Il fera donc le portrait de Sylvette, même si celle-ci s'en défend. Et bien sûr, confiante et naïve, elle tombera amoureuse du beau François. Qui lui ne l'aime pas, ils ne sont pas non plus du même milieu.

Un jour, tante Amélie confiera une course très étonnante à Sylvette, qui arpente beaucoup Paris, elle lui demandera d'aller sur un boulevard demander un prix dans une bijouterie pour une montre de communion. Sylvette, très causante, se prendra très vite d'amitié pour la bijoutière qu'elle surnomme aussitôt "Madame Magenta". Tante Amélie lui demandera plein de renseignements sur la dame, puis plus rien. Plus tard, elle lui confiera une montre à réparer... Et c'est là que le mystère se lèvera : Madame Magenta, veuve et riche, reconnaît une montre de famille. Elle est la mère d'Amélie. Sur base de faux renseignements communiqués jadis par des "malveillants", son mari et elle se sont opposés au mariage de leur fille avec Octave Lamothe. Octave Lamothe, extrêmement susceptible en ce qui concerne ses origines, a décrété une brouille définitive entre sa belle-famille et lui.

Sylvette préviendra tout de suite Georges, qui ira rendre visite à cette grand-mère inconnue.

Et puis Georges, bien sûr, qui va parfois chercher Sylvette à l'atelier, est amoureux d'elle. Les uns se moquent (François, Gina), d'autres ne comprennent pas (Fab) et d'autres trouvent que Sylvette a bien de la chance, comme Annette, un autre modèle, belle et pauvre - et pleine de vertus - qui pose pour aider sa mère malade.

Enfin, François partira - sans même prévenir Sylvette (ce sera Gina qui le fera, sans guère de ménagements), la laissant en proie au Paris sous la neige et à son premier chagrin d'amour.

Mais végète-t-on dans un chagrin d'amour quand on a un cousin qui vous aime?

Et qui en a eu aussi des rêves? Des rêves brisés?

Petit à petit, Sylvette va pénétrer les secrets de chacun et oublier ses peines intimes. Jusqu'à remplacer tante Amélie dans le ménage, le jour où, très malade, elle devra se faire opérer. Avec l'aide de Lolotte (Charlotte), elle ira supplier l'oncle Octave de se réconcilier avec Madame Aubier - le véritable nom de la bijoutière du boulevard Magenta... Et, après une gifle envoyée à sa fille préférée et pas mal de jurons, il obtempérera.

Attention ! Tout ne finit pas toujours bien chez Berthe Bernage. Il y a parfois des êtres broyés - mais qui toujours, remontent la pente. Mais ici, ce n'est pas le cas. Il y  aura cette merveilleuse Madame Aubier, qui aidera Madeleine à se marier... Qui se dépensera pour soigner la surdité de son petit-fils, qui sympathisera, elle aussi, avec Madame Esprit, et qui adorera Sylvette.

Sylvette, Georges, et la Rose d'un jardin de Saint-Cloud...

berthe-bernage--mamie-soleil

la rose pas de saint-cloud

Et ma couverture, version 2017

"réinventée" (mais avec photoshop, ce serait encore mieux)

Mamie Soleil selon Pivoine, infographiste

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Commentaires
P
Si avec photoshop ce serait mieux..... Je ne sais pas ce que ce serait car cette couverture est déjà superbe et un peu mystérieuse..peut être une aide pour révéler les mystères de la révolution russe
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A
Oui, tout grand bravo pour ta couverture, super réussie! :)
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P
C'est un des plus jolis romans qu'elle a écrits, mais bon, c'était l'âge aussi de lire autre chose heureusement. Ce qui m'a le plus amusée, c'est d'imaginer une autre couverture...
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A
Je comprends que ce livre te plaise.<br /> <br /> Et je dois dire qu'il m'aurait sûrement plus de le lire, étant jeune. <br /> <br /> Dans ma jeunesse je ne connaissais hélas pas Berthe Bernage.<br /> <br /> Merci pour ce récit Pivoine!
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Variations de regard
Variations de regard

Quartz Rose ou pas, je suis toujours Pivoine... Me revoici, avec, pour fil conducteur, des souvenirs de Bruxelles, des balades en d'autres lieux. Donc, musardons ensemble, un peu au hasard, nous verrons bien où nos pas nous mènent

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