Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Variations de regard
18 novembre 2018

Philippe

Un très vieil ami de mon frère est décédé en début de semaine.

Ils s'étaient connus dans une des écoles de notre ancien quartier, où la plupart des gosses du quartier -et de bonne famille- allaient en maternelle - à moins que ce ne fût à l'Ecole des Frères.

C'était l'aîné d'une famille très nombreuse :

lui (mon frère) et lui, 1951,

Pascale,

Etienne,

Didier, (1955)

Claire (1956)

- c'est là que je m'intercale

Gérard (1958)

Adeline (décédée)

Marie-Anne (1960)

et une "petite" dernière - que nous sommes allés voir à sa naissance - je ne sais plus en quelle année.

***

Les deux Philippe ont  débuté leur amitié par une bagarre, paraît-il, entre la bagarre et les vacances que nous avons passées dans la pension de famille de leur mère, il y a un trou.

Je sais que les deux aînés (j'ai changé quelques prénoms) sont souvent venus chez nous. Il paraît que c'était plus cool que chez eux, que les goûters étaient meilleurs. Je crois que c'est comme cela que la tourelle d'un char de mon frère a été joyeusement cassée.

Nous allions également chez eux où il y avait plein d'enfants, de rires, de galopades, du sous-sol jusqu'au dernier étage. De plus, nous étions quasiment voisins.

Mes parents ont alors décidé de passer quinze jours de vacances à la mer dans une villa que leurs parents louaient et dont ils avaient fait une pension de famille... Les aînés étaient marmiton, serveur, sommelier, femme de chambre, etc. Peut-être est-ce pour cela qu'un jour, la main dans la main de mon père, nous sommes allés acheter des tonnes de "pistolets" pour tous les petit-déjeuners. (C'est un de mes souvenirs les plus vifs, avec la maison au toit de chaume incendiée, qui me faisait si peur).

Ma mère a fait trois photos de la "bande". On doit être à peu près en 61 ou 62. Je me suis demandé ce que leur mère faisait à l'époque, et en récapitulant la succession des naissances, la réponse s'est imposée d'elle-même. A vrai dire, nos parents respectifs étaient trop différents pour être vraiment amis. Ma mère ne "comprenait" pas les familles nombreuses (et pour cause), mon père, lui, était toujours amène et s'adaptait à la situation. Il a même aidé la mère des deux amis à entrer en politique - lorsque ses enfants ont été assez grands.

J'étais amie avec celle qui était mon aînée d'un an. Nous nous amusions follement aux fancy-fairs de la fameuse école du quartier - mon père y faisait de la comptabilité bénévolement. Notre amitié n'a pas résisté à son entrée au Sacré-Coeur, où je faisais mes primaires. Puis elle est partie dans une autre école, (encore plus rigide que le Sacré-Coeur), et moi, j'ai complètement changé d'univers.

Cependant, nous nous sommes souvent revus à la mer. Au bar de l'Astoria, devant nos menthes à l'eau et nos raviers de cacahouètes, autour de parties enragées de Mille Bornes. Les deux Philippe s'étaient plus ou moins retrouvés, après s'être perdus de vue, et discutaient grandes idées. J'observais mon aînée d'un an, qui s'était jointe à notre bande, en se rapprochant des "grands". Pourtant, j'avais quinze ans et elle en avait seize. Elle était littéralement scotchée à un étudiant en médecine. Il y a une manière qui est parfois un peu indécente.

Il  a fini par lui dire doucement qu'il avait déjà une petite amie.

Un peu après, ils sont sortis définitivement de nos vies. Pour y rentrer, partiellement, avec facebook.

Finalement, je suis "amie" avec l'aînée désormais, parce que nous aimons bien échanger photos et peintures. Enfin, "amies" - cela ne va pas plus loin que l'écran. Et encore, pas tout le temps.

Mon frère semble affecté par ce décès, ce que je comprends - comme je l'ai été moi-même, lorsqu'une ancienne de mon école primaire, connue en maternelle, et retrouvée aussi via facebook, est décédée.

***

Cependant, tout cela me laisse des souvenirs mitigés.

Il y a quelque chose qui cloche et je ne sais pas quoi. Si, je sais quoi, mais ce serait pour un "blog confidentiel" si j'en tenais un o;)

Le Coq sur Mer

Publicité
Publicité
Commentaires
L
Ah... Toi aussi tu racontes mais pas tout...<br /> <br /> Comme nous tous en fait.
Répondre
N
C'est vertigineux, quand même, le temps qui passe...
Répondre
P
Ce n'était pas mon ami à moi - par rapport à d'autres amis de mon frère, ce n'était pas mon préféré. C'est juste une famille qui a quand même eu des implications dans notre vie - comme d'autres personnalités ixelloises ................
Répondre
B
Je n'ai aucun lien avec mes amis d'école et comme je n'ai pas FB...<br /> <br /> Pleurer les amis plus récents suffit à ma peine.<br /> <br /> Si j'avais des nouvelles, j'aurais sans doute du chagrin comme ton frère et toi.
Répondre
L
C'est très particulier les amitiés nouées sur les bancs de l'école... Ça forge des souvenirs absolument impartageables avec qui que ce soit d'autre, l'apprentissage, le long tissage de la culture, les premiers secrets, ces secrets d'enfant qu'on partage à demi-mot, à demi-geste, et qu'on reste à porter seul, avant que peut-être ils ne s'effacent.<br /> <br /> C'est dur la mort des autres, c'est vache même. <br /> <br /> Je t'embrasse.
Répondre
Variations de regard
Variations de regard

Quartz Rose ou pas, je suis toujours Pivoine... Me revoici, avec, pour fil conducteur, des souvenirs de Bruxelles, des balades en d'autres lieux. Donc, musardons ensemble, un peu au hasard, nous verrons bien où nos pas nous mènent

Publicité
Newsletter
Publicité