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Variations de regard
20 janvier 2019

La Religieuse, (Guillaume Nicloux et Jérôme Beaujour) 2013

Une nouvelle adaptation du roman de Diderot (que je n'ai pas lu - il faut dire qu'il ne m'est jamais tombé sous la main) est passée l'autre jour à la télé et je l'ai enregistrée, en me disant que si cela ne m'inspirait pas, je pourrais toujours l'arrêter et l'effacer.

Finalement, j'ai tout regardé, mais je me suis dit que ce n'était pas vraiment réjouissant... Encore moins réjouissant que les "Meurtres à ..." Où l'on tue comme on respire. Mais au moins, on tue dans de beaux paysages!

Je me souviens vaguement de l'affiche du film de Jacques Rivette, de 1966, qui m'impressionnait fortement. Première version de la Religieuse de Diderot, qui fut apparemment censurée à sa sortie.

Quel pouvait bien être l'avis de mes parents, à l'époque? Car il était difficile de ne pas voir ces affiches. Nous étions en vacances à la Côte. Ma mère avait coutume de dire que "les femmes sont de véritables pestes entre elles..."  Elle semblait englober toutes les femmes dans cet axiome, et dans à peu près toutes les situations, ce que je trouve exagéré, même si ce n'est pas tout à fait faux.

Mais peut-être pourrait-on dire la même chose des hommes? Dans la vie professionnelle, ce ne sont pas toujours des "cadeaux". 

Mon père, lui, faisait son Ponce Pilate en faisant semblant de ne rien voir ni de ne rien entendre. Je n'avais pas une expérience très réjouissante non plus de ce milieu, mais -avec le recul- l'objectivité me pousse à dire que j'ai eu plus à souffrir de certaines institutrices et de certaines surveillantes que des religieuses de mon école primaire. Nous étions confrontées en permanence aux premières et les secondes n'étaient finalement là que pour constater, de visu, le résultat de l'éducation que nous recevions. Cela se soldait par des révérences et des rubans roses.

(Tiens, cela me fait penser que j'ai regardé un documentaire sur la Légion d'Honneur, Saint-Denis et les Loges, collège et Lycée. Bigre, ça donne la chair de poule!)

Ce ne devait pas toujours être facile, pour les parents de cette génération, d'être confrontés à leurs contradictions. Nous avons reçu, mon frère et à moi, une éducation et une instruction encore très strictes, dans les années 60, or nos parents ne pouvaient tout de même pas totalement faire l'autruche, face à certaines choses. Sans doute les parents d'alors s'en sortaient-ils avec une maxime que j'ai entendue longtemps: de toute façon, la qualité de l'instruction est meilleure dans l'enseignement catholique.

Et après tout, ne cherche-t-on pas le meilleur enseignement, pour ses enfants?

J'ai moi-même mis mon fils dans ce que je considérais comme une des meilleures écoles de la Ville de Bruxelles... Idéologie mise à part, ce n'était pas tellement différent.

***

Revenons à Diderot et au film.

Suzanne, âgée de 16-17 ans, jeune noble de naissance illégitime, est contrainte par sa famille - et par sa mère - (et pour ne pas porter ombrage à ses soeurs aînées), de se rendre un an dans un couvent, puis d'y être postulante, puis de devenir religieuse, ce qu'elle refuse, n'ayant pas la vocation.  Influencée par une supérieure âgée mais compréhensive, poussée par l'ensemble de sa parenté, elle finit par obtempérer pour... se retrouver sous la coupe d'une nouvelle supérieure, un modèle de sadisme tel qu'on peut le concevoir -dans un espace clos- au XVIIIème siècle. S'ensuit une véritable descente aux enfers. Suzanne essaie de conquérir sa liberté, en tentant de se faire relever de ses voeux, et en écrivant ses mémoires (celles que Diderot a imaginées). Avant d'être finalement libérée, elle est extraite in extremis de son premier couvent, puis transférée dans un autre - avec une supérieure guère mieux heu, équilibrée que la première (dans un autre style - et incarnée par Isabelle Huppert, méconnaissable). Enfin, tout au long de son histoire, elle reste fidèle à sa foi. Et à sa conviction première.

D'après ce que j'ai compris (je ne puis regarder le film une deuxième fois, je l'ai effacé), elle se retrouve chez son père biologique, qui vient de mourir. Et libre, elle contemple le parc du château où elle a trouvé refuge. D'après ce que j'ai lu, le film de 1966 finissait plutôt mal.

Donc, c'était plutôt dense. J'ai lu une critique positive d'une part, et une autre, négative, d'autre part.

Disons que ce n'est tout de même pas le film que je regarderai 50.000 fois...  J'espère que je ne vais pas faire des cauchemars cette nuit.

Affiche du film de 2013

Barbies

Echantillon de Barbies "dollsnuns" (je n'aurais pas supposé que cela existât!)

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Commentaires
P
J'ai vu le film de 1966. J'étais en vacances à la mer avec ma Grand-Mère et une cousine et un cousin. Nous sommes allés au cinéma avant de sortir au dancing. Et bien heureusement qu'on a pu se défouler. <br /> <br /> Je me rappelle très bien le son des cloches, son assez entêtant, après on est allés écouter les "Sunlight" et Marc Arian....
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P
Bonsoir Jean Jacques. <br /> <br /> J'aime le concerto L'empereur.<br /> <br /> On l'a joué quelques fois au concours Reine Élisabeth... <br /> <br /> J'ai lu et disserté sur Le neveu de Rameau et avec tout cela je connais mal Diderot. <br /> <br /> Oui, j'ai vu quelques scènes du Jacques Rivette.<br /> <br /> Cette Suzanne ci me semble plus sobre. <br /> <br /> Je vous souhaite une bonne semaine. <br /> <br /> Demain c'est le jour de Lakévio... <br /> <br /> :-)
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J
Dans la cuisine, le café est présent dans la tasse blanche. Daniel Barenboim, au piano, joue le concerto numéro 5, "L'Empereur", de Beethoven, avec l'orchestre symphonique de Bavière. Mariss Jansons, dirige. Le thermomètre indique -1 degré. Si le ciel est dégagé, on pourra voir l'éclipse de lune, apogée à 05h10...<br /> <br /> Sur ma table de chevet, "Textes critiques" de Jacques Rivette, paru chez post-éditions en 2018. C'est une livre qui me passionne, il raconte les films…<br /> <br /> A noter que je n'ai jamais vu de films de Rivette. "La religieuse", totalement restaurée, est ressortie il y a quelques mois.<br /> <br /> De Diderot, j'ai lu "Jacques le fataliste"...<br /> <br /> Votre billet me tente à lire "La religieuse"...<br /> <br /> Je vous souhaite une bonne semaine.<br /> <br /> Jean-Jacques'61<br /> <br /> Berne, le 20 janvier 2019
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P
De rien... oui, ce genre d'histoire devait abonder, voire exister encore dans les années 60... Je crois que Théophile Gautier était intervenu car sa fille au couvent vivait semble-t-il dans une saleté incroyable (il s'en était ému en tout cas ).
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A
Je n'ai jamais vu le film ni lu le livre. Les infos déjà très complètes que tu nous donnes m'ont donné envie de faire une petite recherche sur Wikipédia, et j'ai trouvé ceci sur les sources du roman. Diderot semble s'être basé sur des faits véridiques: "Le texte de Diderot s'inspire de sources historiques et littéraires. <br /> <br /> L’histoire est inspirée de celle d’une religieuse de l'abbaye de Longchamp nommée Marguerite Delamarre, qui avait fait parler d’elle dans les salons en 1758, pour avoir écrit à la justice, demandant d’être libérée du cloître où ses parents l’avaient enfermée. En effet, elle est l’enfant illégitime entre sa mère et un autre homme que son père. De peur d’aller en enfer, sa mère, par un chantage affectif, la persuade d’aller dans ce couvent. Diderot intègre certainement à son roman des éléments de la vie de sa sœur, morte folle au couvent. Florence Lotterie relève par ailleurs La religieuse malgré elle de Brunet de Brou (1720) comme source littéraire." Merci Pivoine d'avoir éveillé mon intérêt pour cette œuvre dont, comme tout le monde j'avais entendu parler, sans savoir ce dont il s'agissait.
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Variations de regard
Variations de regard

Quartz Rose ou pas, je suis toujours Pivoine... Me revoici, avec, pour fil conducteur, des souvenirs de Bruxelles, des balades en d'autres lieux. Donc, musardons ensemble, un peu au hasard, nous verrons bien où nos pas nous mènent

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