La Religieuse, (Guillaume Nicloux et Jérôme Beaujour) 2013
Une nouvelle adaptation du roman de Diderot (que je n'ai pas lu - il faut dire qu'il ne m'est jamais tombé sous la main) est passée l'autre jour à la télé et je l'ai enregistrée, en me disant que si cela ne m'inspirait pas, je pourrais toujours l'arrêter et l'effacer.
Finalement, j'ai tout regardé, mais je me suis dit que ce n'était pas vraiment réjouissant... Encore moins réjouissant que les "Meurtres à ..." Où l'on tue comme on respire. Mais au moins, on tue dans de beaux paysages!
Je me souviens vaguement de l'affiche du film de Jacques Rivette, de 1966, qui m'impressionnait fortement. Première version de la Religieuse de Diderot, qui fut apparemment censurée à sa sortie.
Quel pouvait bien être l'avis de mes parents, à l'époque? Car il était difficile de ne pas voir ces affiches. Nous étions en vacances à la Côte. Ma mère avait coutume de dire que "les femmes sont de véritables pestes entre elles..." Elle semblait englober toutes les femmes dans cet axiome, et dans à peu près toutes les situations, ce que je trouve exagéré, même si ce n'est pas tout à fait faux.
Mais peut-être pourrait-on dire la même chose des hommes? Dans la vie professionnelle, ce ne sont pas toujours des "cadeaux".
Mon père, lui, faisait son Ponce Pilate en faisant semblant de ne rien voir ni de ne rien entendre. Je n'avais pas une expérience très réjouissante non plus de ce milieu, mais -avec le recul- l'objectivité me pousse à dire que j'ai eu plus à souffrir de certaines institutrices et de certaines surveillantes que des religieuses de mon école primaire. Nous étions confrontées en permanence aux premières et les secondes n'étaient finalement là que pour constater, de visu, le résultat de l'éducation que nous recevions. Cela se soldait par des révérences et des rubans roses.
(Tiens, cela me fait penser que j'ai regardé un documentaire sur la Légion d'Honneur, Saint-Denis et les Loges, collège et Lycée. Bigre, ça donne la chair de poule!)
Ce ne devait pas toujours être facile, pour les parents de cette génération, d'être confrontés à leurs contradictions. Nous avons reçu, mon frère et à moi, une éducation et une instruction encore très strictes, dans les années 60, or nos parents ne pouvaient tout de même pas totalement faire l'autruche, face à certaines choses. Sans doute les parents d'alors s'en sortaient-ils avec une maxime que j'ai entendue longtemps: de toute façon, la qualité de l'instruction est meilleure dans l'enseignement catholique.
Et après tout, ne cherche-t-on pas le meilleur enseignement, pour ses enfants?
J'ai moi-même mis mon fils dans ce que je considérais comme une des meilleures écoles de la Ville de Bruxelles... Idéologie mise à part, ce n'était pas tellement différent.
***
Revenons à Diderot et au film.
Suzanne, âgée de 16-17 ans, jeune noble de naissance illégitime, est contrainte par sa famille - et par sa mère - (et pour ne pas porter ombrage à ses soeurs aînées), de se rendre un an dans un couvent, puis d'y être postulante, puis de devenir religieuse, ce qu'elle refuse, n'ayant pas la vocation. Influencée par une supérieure âgée mais compréhensive, poussée par l'ensemble de sa parenté, elle finit par obtempérer pour... se retrouver sous la coupe d'une nouvelle supérieure, un modèle de sadisme tel qu'on peut le concevoir -dans un espace clos- au XVIIIème siècle. S'ensuit une véritable descente aux enfers. Suzanne essaie de conquérir sa liberté, en tentant de se faire relever de ses voeux, et en écrivant ses mémoires (celles que Diderot a imaginées). Avant d'être finalement libérée, elle est extraite in extremis de son premier couvent, puis transférée dans un autre - avec une supérieure guère mieux heu, équilibrée que la première (dans un autre style - et incarnée par Isabelle Huppert, méconnaissable). Enfin, tout au long de son histoire, elle reste fidèle à sa foi. Et à sa conviction première.
D'après ce que j'ai compris (je ne puis regarder le film une deuxième fois, je l'ai effacé), elle se retrouve chez son père biologique, qui vient de mourir. Et libre, elle contemple le parc du château où elle a trouvé refuge. D'après ce que j'ai lu, le film de 1966 finissait plutôt mal.
Donc, c'était plutôt dense. J'ai lu une critique positive d'une part, et une autre, négative, d'autre part.
Disons que ce n'est tout de même pas le film que je regarderai 50.000 fois... J'espère que je ne vais pas faire des cauchemars cette nuit.
Echantillon de Barbies "dollsnuns" (je n'aurais pas supposé que cela existât!)