18 ans
Celui qui me dit que dix-huit ans est le plus bel âge de la vie, eh bien, ahem, je ne serai pas d'accord avec lui.
Je ne sais plus ce que j'ai reçu LE JOUR de mes dix-huit ans. Rien, je crois. Ou bien, on m'a peut-être dit qu'on m'offrirait un cadeau plus tard. Bref, ma mémoire a "occulté" certains détails de cet épisode...
C'est l'histoire du lilas d'Adrienne (pour le conte du lundi du Goût des autres) qui m'y a fait penser.
Un peu avant le mariage de mon frère, le 6 septembre 1975, deux semaines avant mon anniversaire, ma robe était prête, nos robes étaient prêtes, et la perspective de ce mariage ne me réjouissait pas - du tout - mais alors là, pas du tout... Pourtant, j'allais avoir un "beau" cavalier.
Un peu avant le jour du mariage, un matin, mon père a solennellement offert un écrin à ma mère. Avec son expression indéchiffrable, elle l'a ouvert et a remercié mon père. C'était un collier de perles. En réalité, elle en avait déjà un, à peu près semblable, mais le fermoir était cassé.
Je me suis répandue (moi), en compliments.
Le jour de mes dix-huit ans, ou le samedi qui a suivi, ou quelques jours après, donc, on m'a présenté le même écrin, avec le collier de perles bis, en me disant que c'était mon cadeau d'anniversaire, car c'était le cadeau traditionnel pour une jeune fille de dix-huit ans. D'un "bon" milieu (Hi! Hi! Hi!)
Me croirez-vous? J'ai remercié mes parents, bien sûr, mais cela ne m'a pas fait particulièrement plaisir. Outre que je n'avais pas spécialement envie d'un collier de perles, je n'y avais même pas pensé, il n'y avait aucune surprise. Ils m'ont bien sûr expliqué que j'avais "prêté" ce collier - je dirais - "à l'insu de mon plein gré" - à ma mère, pour qu'elle n'allât pas au mariage de son fils - sans son collier de perles... J'ai eu du mal à simuler un plaisir que je n'éprouvais pas.
Ce n'est pas la faute de mes parents, mais ce collier de perles fermait mal, et chaque fois que je le mettais, j'avais une frousse bleue de le perdre. Les rares bijoux que je portais avaient l'habitude de se faire la malle, ou de casser... Une bague a filé dans le lac du Bourget, un bracelet contemporain, cadeau de ma tante, avec un fin fil d'argent et une calcédoine au bout, est resté au bord d'un lavabo... Quant au collier, le fermoir a fini par casser et je ne le porte plus.
Symboliquement, il y a quelques souvenirs comme ça dans ma vie, je parle d'objets, que je vendrais bien, mais que je n'ose pas vendre, parce qu'ils me viennent de mes parents. En même temps, si ces derniers ont été "maladroits", ils ne l'ont pas été sciemment. Du tout.
Personnellement, pour marquer le coup des dix-huit ans de la fille que je n'ai pas eue, je pense que je m'y serais prise autrement...