D'après Michel-Ange
"LA PIETA"
J'ai voyagé sous le ciel d'Italie
C'est là, dans la torpeur de midi
Qu'à l'ombre des vastes bâtiments
Eblouie
Je me suis arrêtée
Du hangar où régnait la fraîcheur
M'atteignaient l'alternance et le choc
De la masse et de la pointe qui,
Rythmiquement,
S'attaquent au coeur du marbre
Marbre blanc d'élan pyramidal
Cime suraiguë des parois tièdes
Socle large et sinueux des rocs
Entrevus
Dans la carrière aveuglante
.
Ai-je été la visiteuse qui s'intéresse
Assistante et soeur insoupçonnées
D'un dos ployé D'une ombre attentive
Absorbée
Dans la naissance de l'image
.
Et qu'ai-je emporté, loin du ciel d'Italie,
Du fruit de cet esprit De sa dextérité
Moi qui voudrais offrir toute la compassion
Nimbant
De transparence
Le si patient visage de la blanche Pietà
***
J'ai écrit ce poème en 1996. J'étais plongée dans un album de T. Life - "Michel-Ange et son temps"... J'avais un petit coin dans ma chambre, entre la garde-robe et une rangée d'étagères. J'écoutais de la musique et j'écrivais. A ce moment-là, je n'avais pas d'emploi fixe dans une association ou une entreprise, mais je donnais des cours d'expression écrite à des fonctionnaires d'un ministère fédéral. J'aimais bien mon travail, qui m'obligeait cependant à des déplacements à Mons ou à Eupen. Je ne sais pas si j'aimais particulièrement Michel-Ange (et certainement pas son David - sculpté à 26 ans, paraît-il...) mais voilà, j'ai donc écrit ce poème, et il se trouve encore sur un site de poésie... Je ferais bien de copier/coller mes textes avant qu'il ne disparaisse totalement (le site).
C'est pour cela que j'aimais bien passer quelques moments dans la cour des sculpteurs, à l'Ecole des Arts. Certes, les oeuvres abstraites en tôle ondulée ou en métal rouillé ne m'inspiraient pas beaucoup. Mais j'aimais bien le petit jardin sauvage, les blocs de pierre, le bruit des coups de burin... J'aimais bien...
Aujourd'hui, je me demande où nous en sommes...
Michelangelo - Pietà Rondanini (c) wikimedia.