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Variations de regard
10 avril 2020

Souvenirs de la "Bascule"

L'autre jour, en cherchant une photographie prise à Conques en Rouergue, au retour d'une promenade dans les montagnes et les forêts environnantes, j'examinais la paire de chaussures que j'avais aux pieds, pour marcher (pas terrible, des mocassins), et je pensais au magasin où j'allais acheter mes chaussures - chez Arnost - pas tout à fait à la Bascule, mais dans le haut de la chaussée de Waterloo, avant le carrefour. J'y avait trouvé un modèle de mocassins qui me convenait bien. Les paires se suivaient et se ressemblaient, à quelques différences près. J'étais souvent à la Bascule avec ma mère (pour ce genre d'achat), ou je m'y promenais seule.

Nous n'avons commencé à fréquenter la Bascule qu'avec l'ouverture de l'Innovation, en 1971, (et le déclin de l'Union économique, à Saint-Josse). On y achetait des vêtements, des accessoires, sacs, bas, etc. des livres, (peu, puisqu'on fréquentait la bibliothèque d'Ixelles), de la papeterie (à la rentrée, je sens encore l'odeur des cahiers neufs) ... Et nous mangions de temps en temps au restaurant. Je prenais toujour un pilaf de riz au poulet. Un joli dôme de riz, surmonté d'une rondelle de tomate, et nageant dans le jaune de la sauce au curry.

Quand l'Union Economique a définitivement fermé ses portes, il a fallu un peu de temps pour qu'on "investisse" le magasin Sarma. Et d'autres commerces. Le boucher... (de l'autre côté, côté ancien cinéma Molière transformé en DI). On y achetait du boudin frais, encore tiède, le lundi ou le mardi, dont ma mère et moi mangions une bonne partie en rentrant à la maison...

Sinon, je n'aimais pas trop la viande - peut-être que je n'aimais pas trop la façon de la préparer... A la poêle, et les poêles de la maison n'étaient pas ce qu'il y avait de plus moderne. Avec de la margarine... Hum. Parfois cuite et recuite (eh oui...) - Sauf quand mon père s'en mêlait.

Il y a eu aussi une bijouterie géniale (dans le haut de la chaussée de Vleurgat..), avec de ravissants bijoux contemporains et beaucoup de pierres semi-précieuses. Quartz rose, améthyste, calcédoine... J'ai perdu une bague garnie d'un quartz rose sur le bateau qui reliait Talloires à Annecy. En 5 minutes, elle avait disparu (elle était pourtant déformée, et avait subi plusieurs immersions dans du mercure...)  Et un bracelet sur le porte-savon d'un lavabo... Finalement, il n'y a que le bracelet garni de quarz rose que je n'ai pas perdu. Parce que le fermoir n'était pas sûr, je l'ai peu mis. Donc, je l'ai toujours.

Ma cousine, elle, avait acheté de jolis tours de cou.

Puis, il y a eu l'époque où j'ai commencé à acheter des livres... Et des 45 tours. Puis, il y a eu l'époque du maquillage... Entre les rayons de l'Innovation (que je n'aimais pas trop, je ne sais pas pourquoi), une parfumerie où je me ruinais en poudre libre Guerlain... Et les rayons du Di, où les cosmétiques étaient bien moins chers (mais pas de trop bonne qualité). Ca, c'était au retour de l'école Normale... Quand je descendais du 90 avenue Legrand.

Mon professeur d'histoire du lycée habitait tout près de la Bascule, rue de Praetere. On la croisait souvent, et on improvisait une parlote entre les rayons du Sarma. On y croisait aussi la latiniste Claire Préaux, professeur à l'ULB. Ma mère achetait quasiment toutes ses laines à tricoter chez Sarma, et me tricotait inlassablement, soit des pulls à col roulé, soit des modèles de Modes et travaux.

Plus tard, la Bascule est devenue le "fief" de mon père, qui y faisait son petit tour du mardi, en prenant un café par la même occasion. ("Ton père est parti à la Banque. Qui nous vole comme au coin d'un bois") - Plus tard, encore, j'y ai parfois mangé avec lui. J'oublie le marchand de thé et de café qui sentait merveilleusement le café torréfié, le coin de rue où il y avait toujours des dames pour sonder les passants... La Carterie, dans la galerie de la Bascule... "Le feu de camp", où l'on vendait tout pour le scoutisme, le camping, et aussi des vêtements... Etc. etc.

Enfin, le dernier épisode lié à la Bascule, c'est le Delhaize de la chaussée de Waterloo - puis l'ouverture du Pêle-Mêle, où je me trouvais encore un après-midi, il n'y a pas si longtemps, peu avant le confinement.

Sans compter les longues heures d'attente à la poste (j'en ai acheté des timbres, pour ma correspondance...) et à la CGER (Caisse générale d'Epargne et de Retraite) qui devint plus tard Fortis... En fusionnant avec la Générale de Banque. Je pourrais encore citer un GB Quick, un pizzahut qui n'a pas duré, un magasin de bd, un cyber café, fréquenté lorsque je n'avais pas encore d'ordinateur à la maison... Impermanence des lieux et des commerces.

Pendant les grandes vacances, quand le quartier se vidait, et que le temps était long, (et l'on n'était pas confiné...) aller à la Bascule devenait pratiquement une des rares distractions.

bascule ferraris

La Bascule, approximativement, au sud du quartier de Vleurgat...

Sur la carte du comte de Ferraris ((c) Crédit Comunal.

Le sentier dit "Catullekensberg" constitue le tracé de "ma" future" rue.

la bascule

conques 1972

Conques 1972 - avec le chien qui nous suivait toujours en promenade...

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Commentaires
E
Très joli article, et mon Dieu cette dernière photo <3
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C
L'odeur du café torréfié est sans doute un des parfums qui me ramène le plus expressément à mon enfance...Il suffit d'une seconde et je me retrouve...basculée dans le passé !<br /> <br /> Bisous ma Pivoine<br /> <br /> Prends soin de toi<br /> <br /> •.¸¸.•*`*•.¸¸☆
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P
C'est vrai en somme la bascule a remplacé l'Union Économique ;-) et la rue wayez, mais plus autant...
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P
En effet, j'allais parfois acheter de la papeterie à offrir. C'était la librairie des Quatre Vents. J'y ai acheté les poèmes de Françoise Delcarte. <br /> <br /> Écriture à 4 mains. Bonne idée ça...
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P
Waouw quelle bonne nouvelle.... ça me fait plaisir.<br /> <br /> La suite de l'Union économique, c'est deux pages en plus.<br /> <br /> Toujours bien écrit et agréable à lire.
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Variations de regard
Variations de regard

Quartz Rose ou pas, je suis toujours Pivoine... Me revoici, avec, pour fil conducteur, des souvenirs de Bruxelles, des balades en d'autres lieux. Donc, musardons ensemble, un peu au hasard, nous verrons bien où nos pas nous mènent

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