Parenthèse
Dans un groupe fcbk que je fréquente, un membre évoque le roman de James Baldwin - un écrivain américain (on pourrait dire afro-américain), un classique, la Chambre de Giovanni. Que j'ai lu (mais pas relu) récemment.
Il finit mal. Il appartient à cette classe de romans - nombreux - qui finissent mal. Très mal.
J'ai simplement commenté: "ah! La description des halles de Paris, le matin..." (en effet, après une nuit dans un bar, où il a rencontré Giovanni, jeune barman italien), le héros (et narrateur) va manger un bout près des halles, avec deux autres membres du club et Giovanni. J'ai revu les halles - non pas telles que décrites dans les années 50 - mais telles que je les ai vues en juillet 1970, juste avant leur destruction.
Il y a aussi un beau passage - sur le temps et les rencontres, et le fait de faire connaissance, mais je ne l'ai pas sous la main.
Giovanni est pauvre, très pauvre, et sa chambre misérable. Plus que misérable. Je passe les détails. Rien à voir avec la couverture du livre que j'ai choisie pour illustrer cet article.
A la fin, Giovanni (désormais seul, sans travail, et dans la misère la plus absolue), commet un meurtre et est emprisonné et jugé. Comme cela se passe avant 1975, on devine aisément la nature de la condamnation.
J'ai donc rajouté "pauvre Giovanni..." (un peu pauvre, comme commentaire, mais je me fais discrète, enfin, j'essaie).
Ici, je peux rajouter que lorsque je donnais cours au Ministère des finances, à "mes" adultes, nous abordions souvent des questions éthiques. Cela pouvait faire partie des sujets qu'ils avaient à débattre dans leurs premiers examens (un résumé et un commentaire critique de texte). J'avais de tout comme participants. L'un d'eux (qui était pourtant historien d'art, à la base... Ce qui suppose, comment dire, une certaine tournure d'esprit?) avait dit qu'ils avaient eu un texte sur la peine de mort, et qu'il l'avait défendue.
J'ai levé les yeux au ciel (un plafond plein d'amiante en l'occurrence) et j'ai dit que c'était absolument indéfendable, et - certainement - dans un examen organisé par l'Etat (fût-ce l'Etat CVP, encore, à l'époque, et plus pour longtemps)... On était pourtant dans les années 90. J'étais souvent trop prise de court pour argumenter valablement, mais j'aurais pu et dû dire que c'était une barbarie évidente, (pourriez-vous faire la piqûre qui tue quelqu'un? Même s'il a assassiné plusieurs personnes? Ou actionner la guillottine? Moi non, je préférerais mourir...) que je n'ai pas de solution miracle en ce qui concerne la justice (et le coût que représente un emprisonnement longue durée, mais bon, faut assumer après tout), bref, d'instinct, je dirais que je suis totalement opposée à la peine de mort et que je l'ai toujours été.
Et je gage d'ailleurs qu'il y a beaucoup de pays où l'on ne pourrait pas vraiment lire La chambre de Giovanni, et encore moins en discuter. Et certainement pas de vive voix. Ca fait tout de même un effet un peu étrange de se dire ça.
Moi, si j'arrive à terminer le roman que je suis en train d'écrire, (je peine sur la deuxième mouture, car à vrai dire, il est écrit...) je le promets solennellement, ça ne finira pas sur la guillottine...