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Variations de regard
22 décembre 2013

"Ce vice impuni..." (Valéry Larbaud)

C'est à la suite du jeu chez Lali... Le "En vos mots" de ce dimanche 22 décembre, qui a suscité de très beaux textes...

AIRY-Anna

Du peintre anglais, Anna AIRY.

Il y a toujours un moment où l’on part pour rejoindre quelqu’un qu’on aime. Je veux dire, celui qu’on aime. Le tout est de peser le pour et le contre.

Vais-je tout laisser, c’est-à-dire la sécurité de ma vie quotidienne, pour partir à l’aventure, dans sa vie itinérante, alors que je le connais à peine, qu’il y a tant d’aspects de son existence que j’ignore? Oui, vais-je tout laisser alors qu’il y a cet immense inconnu à la clé?

Et si mon voyage restait immobile et vain -une fois de plus?

Ou, au contraire, vais-je tabler sur ce que j’ai ressenti en sa compagnie et qui tient, oui, qui tient dans ce livre, objet matériel et immatériel que nous chérissons entre tous?
Vais-je obéir à mes sentiments?

Non, cela ne tient pas dans ce livre, je me suis mal exprimée. Mais ce livre peut symboliser LE livre qu’il lit à longueur de temps. Car il a toujours un livre en mains. Et j’ai dans les yeux son image un peu penchée, vers la profondeur de son armoire, pour en extraire un volume.

Un Livre de poche, par exemple, qui tombe en morceaux tellement il l’a lu et relu. Mais qu’importe? Il sait exactement où est le texte qu’il veut partager avec moi. Qu’il s’agisse d’un morceau des Fables de la Fontaine (entendez morceau au sens propre du terme…) parce qu’on a décidé d’écouter (et je ne sais déjà plus pourquoi), « Le lièvre et la tortue » ou « Le héron au long bec emmanché d'un long cou ».

Il peut s’agir aussi d’une Lettre d'une Inconnue - cette si magnifique nouvelle de Stefan Zweig.

Mais où m’emmène ma rêverie? Si je continue à penser à cela, je vais rater le tramway, « feu vert sur l’échine »… Rater l’autobus… Le métropolitain et rester là, sous la pluie, peut-être seule, peut-être abandonnée (après tout, qu’est-ce qui me dit qu’il m’attend, quelque part dans le monde ?) avec juste mes pages détrempées par la pluie et le vent froid.

Et mes mots ! Mes mots à moi, à moi toute seule… Mes mots revenus? Seront-ils orphelins si vite, à peine modulés?

Pourtant, le voyage immobile ne l’est pas vraiment, et certainement pas solitaire, le tout est de savoir où me tenir – l’équilibre exact à garder, entre les mots qui vivent et vibrent, les pages qui se feuillettent, les sentiments qui frémissent et l’attente qui ne peut pas, ne doit pas, ne sera pas.

Ne pourrait pas.

Devenir crucifiante…

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Variations de regard

Quartz Rose ou pas, je suis toujours Pivoine... Me revoici, avec, pour fil conducteur, des souvenirs de Bruxelles, des balades en d'autres lieux. Donc, musardons ensemble, un peu au hasard, nous verrons bien où nos pas nous mènent

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