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Variations de regard
26 août 2015

Ernest-Pignon-Ernest

Desnos et Louise Lame, collages dans la nuit du 13 au 14 novembre 2013.

" (...) Dans la nuit du 13 au 14 novembre dernier, Ernest Pignon-Ernest a collé par trois fois un dessin érotique plus que grandeur nature, inspiré de ses lectures de La liberté ou l’amour !, dans Paris endormi, de la rue de Mondovi jusqu’à l’entrée du jardin des Tuileries. Ce n’était pas la première fois qu’il s’attaquait aux rêves éveillés de Robert Desnos, mais jamais Éros n’avait été offert ainsi dénudé au secret de la lune et regard des passants.

Au petit matin, de l’image fantasmée d’une Louise Lame en tenue d’Ève chevauchant un homme en costume sombre, tenant ses lunettes à la main, il ne restait plus rien. Les services de la ville ayant tôt fait de nettoyer le jour des songes trop éloquents de la nuit. Peu importe que l’homme singulier en question fut le poète de Corps et biens, mort en déportation à Terezín le 8 juin 1945.

Je ne sais jusqu’où l’amour conduira mes désirs. Ils seront licites puisque passionnés. Avait prévenu Robert Desnos.

Et de fait il se chercha toujours des amoureuses à la taille des légendes qu’invente notre esprit. L’une se nomme Yvonne George : elle chante et fait pleurer tout Paris. C’est l’infini toxique. Desnos est à ses pieds. Confie René Daumal. Elle est la femme des Poèmes à la mystérieuse et de « The Night of loveless nights » (que les curieux s’en aillent traquer l’acrostiche par les deux bouts caché sous le poème « Infinitif »).

L’autre se fait appeler Youki, un nom japonais de « neige rose » sous une même initiale. Elle est l’épouse du peintre Foujita qui lui tatoua sur la cuisse cette sirène photographiée par Robert Doisneau. On raconte même que Desnos aurait eu droit lui aussi à sa grande ourse et comète tatouées au bras. Le grand amour lui colle à la peau comme cette étoile de mer à cinq branches qu’il garda précieusement dans un bocal, avant que Man Ray ne la filme et qu’Ernest Pignon-Ernest ne la dessine en douce à l’encre sur sa cravate.

Grâce aux micros de la radio, outre les photographies qui témoignent de l’œuvre de l’artiste (exposées jusqu’au printemps à la galerie Lelong), il y a désormais la voix qui garde trace et magie de ce collage clandestin. C’est elle seule que nous avons captée afin de restituer, du désert nocturne de la rue de Rivoli à la place de la Concorde, l’inédit poétique et le souffle réel de cette aventure éphémère.

70 ans, quasi jour pour jour, après l’arrestation par la Gestapo rue Mazarine du poète de Minuit à quatorze heures, voici un hommage à son image : une virée joyeuse, étoilée et sensuelle au cœur de Paris, placée sous le signe du désir infini."

Sophie Nauleau

(c) France Culture. (Cliquez pour écouter).

Rarement mon imaginaire - et je ne parle ici que d'un imaginaire- ne s'est autant retrouvé dans une image...

Dans des images, quand je vais visiter son site...

Des hommes, des morts et des vies, des poètes et des images.

Que vouloir de plus ?

Desnos et Louise Lame // Ernest-Pignon-Ernest

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Variations de regard

Quartz Rose ou pas, je suis toujours Pivoine... Me revoici, avec, pour fil conducteur, des souvenirs de Bruxelles, des balades en d'autres lieux. Donc, musardons ensemble, un peu au hasard, nous verrons bien où nos pas nous mènent

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