Retour de l'ULB et à l'ULB
Hier, donc, j'avais une conférence sur "le Jésus de l'histoire" - le professeur Baudouin Decharneux tient à ce distinguo- dans un des affreux auditoriums de chimie, avenue Paul Héger. Des bancs en bois, durs... Comme du bois, des tablettes qui vous rentrent dans le ventre et sont conçus pour des filles mincissimes et des garçons hâves et pâles, mais soit. Bref, j'étais là une demi-heure à l'avance pour avoir une bonne place, et, naturellement, je me suis assise sur le seul fauteuil cassé de la rangée (si pas de l'auditoire).
Bref, à cinq minutes du commencement, j'ai dû chercher une autre place et je ne suis pas trop mal tombée. Je voyais et j'entendais. C'est le cas de le dire. Je pense que j'avais déjà dû écouter Baudouin Decharneux (et son prédécesseur en fac de philo, Robert Joly), du temps du CAL COM. J'ai bien aimé l'humour avec lequel il emballait sa marchandise (cela vous a un petit air d'humour à la Walrus).
Ainsi, depuis le début de sa carrière, quand on lui demande une conférence sur Jésus - même passé Namur et Charleroi, il fait "salle comble", or, pour n'importe quel philosophe de l'Antiquité, on n'aurait qu'une dizaine de personnes. Il me semble même qu'il a égratigné Michel Onfray au passage, mais honnêtement, vu le brouhaha, je n'ai pas très bien entendu de quoi il retournait.
La conférence était intéressante, mais je connaissais déjà beaucoup. Entre autres que, pour les historiens des religions (je ne parle même pas ici des théologiens), l'Evangile de Marc est le plus fiable. Mais avec des bémols...
En ce sens qu'il a été traduit en grec, ou retranscrit en grec, et que c'est au moment où les témoins oculaires de l'histoire de Jésus disparaissent qu'on ressent le besoin de noter leurs témoignages. Mathieu et Luc sont ultérieurs, introduisent la naissance miraculeuse qui complète et s'oppose cependant à la filiation (patrilinéaire) soigneusement élaborée, développent la crucifixion eet l'idée du rachat du péché par le sacrifice. Reste Jean qui est plutôt dans la philosophie pure. Je résume - je n'ai pas pris de notes. Il faut compter aussi avec les trous (l'état des parchemins d'origine), et l'absence de référents linguistiques - sauf avec la découverte capitale des manuscrits de Qumram. Moins au niveau du contenu que du contenant, c'est-à-dire, l'aspect philologique et anthropologique.
Il ne met pas en doute l'existence de Jésus, mais bien entendu, il passe son histoire au crible du Libre-examen.
Et il nous amuse enfin avec les évangiles apocryphes, Thomas, Philippe, voire ceux qu'il appelle "de l'Enfance". Aborde les deux églises, la première, celle de Jochanan et de Jérusalem (le frère de Jésus), qui reste plutôt judéenne, la seconde, hétérodoxe, fondée par Paul, qui finit par l'emporter et s'incarner, si je puis dire, dans le catholicisme.
Le judaïsme antique, en tant que tel, lui, disparaît avec la destruction du Temple et d'Israël par Titus,
J'aime bien tout cela, c'est ce que je voudrais étudier, (parfois avec passion), mais je ne sais pas comment ni par quel bout prendre la chose. Ni où. Et l'ULB est si loin! Et je ne me vois pas apprenant l'hébreu ancien.
Quant au retour : plus de bus 71, à cause des travaux de l'avenue Buyl... Il faut aller prendre le 71 détourné au cimetière d'Ixelles, ce qui fait une trotte, le bus 72 a son arrêt déplacé. A l'arrêt du 72, j'attends et ne vois rien venir, finalement, je vais au cimetière à pied, me fait dépasser par le 72 -en retard, bien sûr- et monte dans un 71. J'enfile un immense couloir à Delta, m'écroule dans un métro, et partie à 3 h 20 à peu près de l'ulb, j'arrive vers 5 heures chez moi.
Je me rends compte que c'est impossible, mon épaule, ma hanche, mes bras, tout me lâche, et qu'il me faudra me contenter de mon atelier de narration... Et peut-être d'une ou deux conférences, de-ci, de-là, mais si c'est pour arriver chez moi en pleurant littéralement de douleur, ce n'est peut-être pas très raisonnable.