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Variations de regard
17 janvier 2016

La kippa

Un membre responsable de la communauté juive de Marseille conseille -juste- à ses co-religionnaires de ne pas sortir en rue en portant la kippa - le temps que les choses se calment. Je rappelle qu'un enseignant portant la kippa a été agressé violemment.

Je trouve qu'à partir de ce moment-là, c'est aux personnes pratiquantes -ou respectant cette coutume- de décider s'ils vont la porter ou non, en leur âme et conscience.

Bien sûr, il est dommage d'en arriver là. Et on peut s'indigner. On devrait pouvoir se promener dans l'espace public, avec un signe convictionnel (comme on dit) quelconque, sans être agressé pour autant. Est-ce que je m'en prends aux voitures qui arborent un flambeau laïque à l'arrière du véhicule? (Note, d'après ce qu'on m'a dit à l'époque, c'est pour, qu'en cas d'accident et si on ne peut s'exprimer, on ne fasse pas venir d'aumônier à votre chevet). Non. Je passe mon chemin. Je remarque juste s'il s'agit de l'ancien flambeau, ou du nouveau (car il y a eu un changement de logo, à mon époque).

Mais, dès qu'un sujet comme cela est récupéré par les politiques - ou par les réseaux sociaux - on lit du tout et du n'importe quoi. Indignations de Christine Taubira. Oui, mais ce n'est pas elle qui va se faire agresser.

Cela devient très vite "n'agressons ni les hommes qui portent la kippa ni les femmes voilées" (il paraît que certains tirent leur voile ou qu'elles se font plus facilement agresser quand elles le portent - j'aurais plutôt cru que c'était le contraire, que le voile constituait une protection vis-à-vis des hommes?) N'y a-t-il pas là un peu de paranoïa? A-t-on déjà tenté de décapiter une femme voilée à Bruxelles? J'espère que non.  

J'ai même lu que kippa et voile étaient une solution pratique pour cacher des misères capillaires (dans ce cas, je conseillerais plutôt d'aller chez un dermatologue o;)

Bref, cela tourne au n'importe quoi. Sauf que ce simple fait est regrettable...

Personnellement, quand il m'est arrivé de recevoir des amis issus du monde laïque, je planquais tous mes souvenirs de communion en-dessous d'un bureau ou d'une table. Pour ne pas avoir d'ennuis. J'ai appris plus tard qu'un collègue s'était marié à l'église dans le plus grand secret. Question d'avoir la paix. Mais c'était différent, nous travaillions dans le mouvement laïque, donc, on savait à quoi s'attendre, les militants (bénévoles) étaient généralement athées et anti-cléricaux, les permanents (employés) venaient de tous les milieux et étaient parfois athées, parfois anti-cléricaux et peut-être surtout, indifférents.

Toutefois, il n'aurait pas fait bon dévoiler trop de scories catholiques. Et si on était en admiration devant le courage des employés faisant le ramadan, il aurait fait beau voir que je déclare jeûner le mercredi des Cendres ou le vendredi saint.

Et on ne pouvait mélanger vie privée et vie professionnelle - ce que tout le monde faisait pourtant (enfin, les chefs), à travers le copinage.

Finalement, au bout du compte, je me suis fait la réflexion qu'être née dans un milieu catholique et m'en être sortie était... Une bénédiction.

Je n'aimerais pas être tombée dans une famille musulmane à ma naissance, car on ne peut pas dire que ce soit une vie facile - à notre époque... Loin de là.

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Commentaires
Q
Je l'espère. A vrai dire, en tant que permanente liée par un contrat de travail, j'avais peu de contacts avec les administrateurs (les bénévoles qu'on appelait les militants). Il y en avait de sympas, et je m'y suis même fait une amie (un peu rabique, mais je l'aimais bien quand même et c'était réciproque). On ne m'a d'ailleurs jamais cherché de misères pour ça, puisque je suis prof de morale...
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W
Tous les laïques convaincus ne sont pas tous rabiques, j'avais un ami de ce genre qui déclarait à ses collègues trop zélés "Ce n'était pas la peine de se dégager du dogme catholique pour aller jurer le libre-ex dans des caves obscures"
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Variations de regard
Variations de regard

Quartz Rose ou pas, je suis toujours Pivoine... Me revoici, avec, pour fil conducteur, des souvenirs de Bruxelles, des balades en d'autres lieux. Donc, musardons ensemble, un peu au hasard, nous verrons bien où nos pas nous mènent

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