La kippa
Un membre responsable de la communauté juive de Marseille conseille -juste- à ses co-religionnaires de ne pas sortir en rue en portant la kippa - le temps que les choses se calment. Je rappelle qu'un enseignant portant la kippa a été agressé violemment.
Je trouve qu'à partir de ce moment-là, c'est aux personnes pratiquantes -ou respectant cette coutume- de décider s'ils vont la porter ou non, en leur âme et conscience.
Bien sûr, il est dommage d'en arriver là. Et on peut s'indigner. On devrait pouvoir se promener dans l'espace public, avec un signe convictionnel (comme on dit) quelconque, sans être agressé pour autant. Est-ce que je m'en prends aux voitures qui arborent un flambeau laïque à l'arrière du véhicule? (Note, d'après ce qu'on m'a dit à l'époque, c'est pour, qu'en cas d'accident et si on ne peut s'exprimer, on ne fasse pas venir d'aumônier à votre chevet). Non. Je passe mon chemin. Je remarque juste s'il s'agit de l'ancien flambeau, ou du nouveau (car il y a eu un changement de logo, à mon époque).
Mais, dès qu'un sujet comme cela est récupéré par les politiques - ou par les réseaux sociaux - on lit du tout et du n'importe quoi. Indignations de Christine Taubira. Oui, mais ce n'est pas elle qui va se faire agresser.
Cela devient très vite "n'agressons ni les hommes qui portent la kippa ni les femmes voilées" (il paraît que certains tirent leur voile ou qu'elles se font plus facilement agresser quand elles le portent - j'aurais plutôt cru que c'était le contraire, que le voile constituait une protection vis-à-vis des hommes?) N'y a-t-il pas là un peu de paranoïa? A-t-on déjà tenté de décapiter une femme voilée à Bruxelles? J'espère que non.
J'ai même lu que kippa et voile étaient une solution pratique pour cacher des misères capillaires (dans ce cas, je conseillerais plutôt d'aller chez un dermatologue o;)
Bref, cela tourne au n'importe quoi. Sauf que ce simple fait est regrettable...
Personnellement, quand il m'est arrivé de recevoir des amis issus du monde laïque, je planquais tous mes souvenirs de communion en-dessous d'un bureau ou d'une table. Pour ne pas avoir d'ennuis. J'ai appris plus tard qu'un collègue s'était marié à l'église dans le plus grand secret. Question d'avoir la paix. Mais c'était différent, nous travaillions dans le mouvement laïque, donc, on savait à quoi s'attendre, les militants (bénévoles) étaient généralement athées et anti-cléricaux, les permanents (employés) venaient de tous les milieux et étaient parfois athées, parfois anti-cléricaux et peut-être surtout, indifférents.
Toutefois, il n'aurait pas fait bon dévoiler trop de scories catholiques. Et si on était en admiration devant le courage des employés faisant le ramadan, il aurait fait beau voir que je déclare jeûner le mercredi des Cendres ou le vendredi saint.
Et on ne pouvait mélanger vie privée et vie professionnelle - ce que tout le monde faisait pourtant (enfin, les chefs), à travers le copinage.
Finalement, au bout du compte, je me suis fait la réflexion qu'être née dans un milieu catholique et m'en être sortie était... Une bénédiction.
Je n'aimerais pas être tombée dans une famille musulmane à ma naissance, car on ne peut pas dire que ce soit une vie facile - à notre époque... Loin de là.