La légende de Saint-Georges

J'habitais à côté de la rue Saint-Georges et je ne me suis jamais préoccupée de savoir ce que ce brave homme avait fait dans sa vie pour devenir saint.

Ma présentation risque d'être très lacunaire.

Entre 1261 et 1266, Jacques de Voragine, dominicain, rédige "La légende dorée", un recueil de vies de saints (une centaine), de fragments de la vie du Christ et de la Vierge Marie et de martyrs, dont la légende de Saint-Georges et le dragon, qui deviendra extrêmement populaire dans nos régions. Le latin en est, sinon vulgaire, mais certainement plus de la langue classique pure, et compte de plus en plus de traductions en langue vulgaire et français du Moyen Age.

En bref, sous l'empereur Dioclétien, quelque part, en Libye, un dragon terrorise une ville, dont les habitants doivent livrer, chaque année, une jeune fille (vierge) et deux brebis. Un jour, le sort désigne la fille du roi lui-même. La jeune fille se prépare au sacrifice, mais survient le futur Saint-Georges, casqué, armé, lancé, qui se bat avec le dragon et lui transperce la langue - sans le tuer.

A partir de là, j'aimerais dire que la jeune fille va épouser le chevalier Georges et ce serait très bien, mais la jeune fille persuade Saint-Georges d'emmener le dragon dans la ville, d'exiger la conversion des habitants au christianisme et d'ensuite tuer le dragon. Ce qu'il fait. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, sauf pour le dragon qui meurt, bien entendu.

L'expo du Grand Hornu réunissait des oeuvres magnifiques - statues équestres (dont une en bois absolument splendide, rappelant les statues en bois du musée de Cluny, à Paris), livres d'heures enluminés, tableaux allant du XIVème siècle, je dirais, au XVIème et XVIIème, menus objets de culte, grains de chapelets, insignes de pélerins, châsses (on répertorie plusieurs corps de Saint-Georges un peu partout en Europe), gravures en provenance de la BR ou de la KBR (qu'est-ce qui l'emportera, quand on régionalisera ou communautarisera les collections de la Royale?) - et une vidéo numérique contemporaine, ainsi qu'un tableau de Luc Tuymans (plutôt sombre).

La vidéo de David CLAERBOUT, entièrement numérique, bien que fort sombre, avait beaucoup de charme, nous faisant pénétrer dans un bois, nous promenant entre les arbres, puis effectuant un retour en arrière et nous éloignant de plus en plus du paysage où aurait pu se dérouler le drame.

Un moment donné, je me suis focalisée sur la jeune fille, et ses différentes représentations, dans les tableaux du Moyen Age. Je n'ai malheureusement pas noté tous les noms d'artistes, certains sont anonymes, et les oeuvres viennent d'un peu partout en Belgique, mais aussi d'Italie, de Florence, de Plaisance (quel beau nom), de Vienne, d'Allemagne (comme un étonnant Saint-Georges, bouclé comme s'il sortait de chez le coiffeur), des USA, d'Espagne sans doute...

J'oublie de mentionner que le dernier tableau - d'un Anonyme du Moyen Age, est peint en relief. L'épée - ou la lance - traverse le tableau en diagonale. D'un côté la ville blanche, où les habitants se sont laissé christianiser, de l'autre, la ville noire, où les habitants ont refusé de se convertir.

J'oublie aussi de signaler que St Georges - selon les différentes versions, est mort martyre (mais comment?) sept jours selon certaines sources et pendant plusieurs années selon d'autres.

Peinture anonyme d'après une école... A vérifier.

Comments

[lulu]

Quels beaux tableaux, quand même! Quel sens du détail, quelle belle couleur rouge a la robe du dernier tableau!



Chaque fois que j'entends parler de St Georges et du Dragon je dois penser à la bête blague que m'a racontée mon frère: c'est un monsieur qui cherche à se loger pour la nuit, il voit une auberge appelée "St Georges et le Dragon", il sonne, une femme ouvre et lui crie qu'il n'y a plus de place et d'aller chercher ailleurs et claque la porte. Le voyageur attend deux minutes et sonne de nouveau. La même dame ouvre et lui crie de nouveau qu'elle lui a déjà dit qu'il n'y avait pas de place. Il répond "je sais, mais maintenant je voudrais parler à St Georges".

[Adrienne]

c'est vrai qu'il aurait mieux fait de tuer ce dragon et d'épouser la princesse :-)