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Variations de regard
11 août 2017

Bleu de Chine

Je terminais hier par ce souhait rétroactif, j'aurais aimé être française (je n'en suis pas sûre en réalité), et faire khâgne et hypokhâgne, et l'Ecole du Louvre. Je me dis que je ne doute de rien quand je vois le programme des cours (et je ne parle pas des "prépas") et surtout le taux de réussite à l'examen d'entrée. Sur une moyenne de 2000 et des candidats, environ 500 et des de réussites.  Je n'aurais eu aucune chance... Enfin, on peut rêver.

***

Je suis abonnée à une page sur la vaisselle ancienne, les services de faïence et la porcelaine, une de mes passions, qui me ferait chiner plus souvent aux Petits Riens, si ce n'était pas si loin. 

En remontant leur page, je trouve un articulet sur une auberge anglaise, "The Spaniards Inn", à Hampstead, le commentaire dit ceci, que je vais essayer de traduire approximativement:

"The Spaniards Inn, Hampstead, était fréquentée par Keats, Coleridge, Byron, Shelley, Joshua Reynolds et a été évoquée par Dickens dans "The Pickwick Papers".

Cette assiette (ou plat) Davenport date environ du milieu du 19 ème siècle."

L'auberge de Hampstead

L'assiette

Lorsque j'étais enfant, nous avions surtout de la vaisselle dépareillée. Des tasses et sous-tasses, au nombre de six, sans doute, au motif vaguement chinois, quelques tasses et sous-tasses à fleurs roses, qui ont une histoire, elles, un  petit service à dessert, qui a disparu, il était assez fragile, mais joli (il m'en reste un bout dans une mosaïque que j'ai faite il y a des années), et bien entendu, les premiers éléments du fameux service Rusticana de Boch.

l'imitation

C'est le plat bleu de l'auberge Spanjard qui m'intéresse le plus, car les tasses pseudo chinoises -dont j'ignore totalement l'histoire, servaient à notre usage courant. Mon père et ma mère buvaient leur café au lait dedans (agrémenté ou non de chicorée), mon frère buvait son lait Stassano très très froid, du AA, car nous n'aimions pas le lait stérilisé, et je buvais aussi ce lait AA, malgré mes difficultés à le digérer (on ne savait rien sur l'intolérance au lactose et pourtant, mes parents auraient dû se douter de quelque chose, depuis l'époque du Pélargon... Un lait acide prédigéré - et j'ai fait la même erreur avec mon fils...)

Il y avait aussi ce que ma mère appelait nos goûters Louis Quatorzième. Soit ma mère, soit mon frère, venaient me chercher à l'école, ou à la dislocation du "rang", selon ma demande, et quand nous rentrions, le goûter était prêt.

Des tartines, au chocho (choco-miel, ou kwatta, puis plus tard, au nutella), plus rarement à la confiture, et puis, pour moi, carrément au pâté "crème" ou avec des rondelles de saucisson. Je fermais les yeux, en humant le parfum de fumure, et je cherchais à revoir le château-fort de Bouillon, le vieux musée de la vie ardennaise, je songeais à Robin des Bois, au Sanglier des Ardennes, bref, j'étais partie et je rêvais. Pendant que mon frère racontait ses journées. Je ne sais pas si je racontais les miennes, étant la petite soeur, qui n'avait pas trop voix au chapitre, et qui, de toute façon, était persuadée qu'elle avait mal fait, au pire, ou le moins mal, au mieux.

Mais ma mère nous écrasait aussi des bananes, avec du lait et du sucre, ou préparait du pain perdu, plus rarement des crêpes - ça, c'était plutôt le soir, un souper "crêpes". Quand il y avait du "bodding", une spécialité belge (chez nous, c'était du pain trempé dans de l'eau, puis essoré, puis mouliné au passe-vite, et enfin, mélangé à des oeufs, du rhum, des raisins, et du sucre, puis cuit pendant une heure au four), nous en mangions jusqu'à satiété. On adorait.

J'ai un excellent souvenir de ces goûters et c'est vrai que nous les faisions durer au maximum, peut-être pour retarder le moment de nous mettre aux devoirs et aux leçons. Mon frère montait dans sa chambre, étudier, lire, rêver ou baîller aux corneilles (expression de mes parents), et moi, j'avais ma place au "living", je devais ranger livres et cahiers, faire d'abord les devoirs, puis étudier les leçons. Le plus dur, c'était le néerlandais et la religion, après les problèmes d'arithmétique, les tares, les charges utiles, et les prix d'achat ou de revient chez les commerçants...

Naturellement, quand mon père rentrait et que nous nous remettions à table pour "souper", je n'avais plus du tout faim. Mais après le souper, rituellement, je partageais une pomme avec ma mère "une pomme par jour, c'est la santé pour toujours", ou, en hiver, des marrons, que nous faisions griller sur une plaque, sur le gaz.

***

Les goûters de mon fils étaient plus folkloriques. Il se couchait par terre, devant la télé, avec des biscuits, de l'eau, son Morand (sa méthode d'orthographe), et il faisait le tout ensemble : les devoirs, regarder la télé, manger avec une main, jouer avec l'autre et chipoter encore sur ce qui se trouvait sur la table du salon avec un pied ou l'autre. Il a toujours été multi-tâches et malgré cela, récoltait entre 92 et 96% au bulletin (mais je veillais au grain).

Moi, cela me fait rire, qu'il adore chipoter à tout ce qui lui tombe sous la main, tout en parlant, encore aujourd'hui, sur le monde qui va comme il va, mais son amie trouve cette manière de vivre assez surprenante.

Et quand je goûte, aujourd'hui, je vais m'acheter un gâteau à 30% de préférence, au D***, et je mange carrément dans l'emballage, pour réduire la vaisselle, ce qui est un tort, car goûter pour goûter, autant le faire bien.

Et quand la Rose vient, nous buvons du thé, mais nous nous partageons le goûter... Dans l'emballage coupé en deux...

Composition Louis XIVème

 

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Commentaires
Q
Hélène de Monferrand, oui. J'adore la lire, alors que sur bien des points, je ne suis pas du tout d'accord avec elle. Elle a une écriture que j'aime particulièrement (elle manie la concordance des temps mieux que n'importe qui), et des connaissances encyclopédiques. Elle a co-écrit les polars avec Elula Perrin, qui était déjà malade, et écrivait beaucoup moins bien, mais le tandem donnait bien. <br /> <br /> <br /> <br /> On n'a pas du tout les mêmes idées politiques (elle est franchement à droite), et elle est tout à fait germanophile. J'ai un peu de mal, parce que j'ai tellement entendu mes parents... <br /> <br /> <br /> <br /> Ne tirez pas sur la violoniste est vraiment très bon, avec ce jeune couple, Aubin et sa fiancée, qui veut devenir "fliquesse", les trois policières, justement, et tout l'immeuble de la rue Coquillière, avec la vieille Blidot, Aurore la crépusculaire et son chat Baltard (bien sûr!) et ses expressions "Tout l'immeuble était transformé comme Saint-Paul sur le chemin de Damas". Et Armand Thommé, le jeune infographiste... Et Armelle, évidemment, la reporteuse, mais ce n'est pas toujours mon personnage préféré.
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H
Je cherchais le nom de cette romancière lesbienne, tu as donné la réponse, sans même que je la demande.<br /> <br /> J'ai lu ses polars y a très longtemps, je ne m'en souviens plus.
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P
Il y a des choses très intéressantes à dire sur les habitudes familiales à partir des objets ménagers. La vaisselle casse et ce qu'on possède de vaisselle chinoise dans les musées hollandais par exemple vient de l'archéologie sous marine et des fouilles de navires naufragés...
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E
Ton texte m'a enchantée, reconduite dans l'enfance même si elle n'était pas la même, mais les ingrédients y sont. Le chocolat Kwatta, le lait Stassano, les vaisselles dépareillées de style orientaliste anglais. Je ne connais pas le bodding mais nous avions du pain perdu. Ou des biscottes Heudebert trempée dans du bouillon Oxo en revenant de promenade l'hiver... Tu sais j'ai reçu de ma grand-mère les assiettes survivantes d'un service anglais dans le même style mais de tons bleus et rouge-bordeaux. Il en restait peu et je me demande si elle faisait des combats d'assiettes. Et à ma grande surprise j'ai trouvé les mêmes dans une maison-musée dans le New Jersey, une maison de bourgeois d'alors reconstituée. C'était très étrange!!!
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H
C'est dommage de ne pas sortir d'assiettes, ça donne tout de suite un côté festif.
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Variations de regard
Variations de regard

Quartz Rose ou pas, je suis toujours Pivoine... Me revoici, avec, pour fil conducteur, des souvenirs de Bruxelles, des balades en d'autres lieux. Donc, musardons ensemble, un peu au hasard, nous verrons bien où nos pas nous mènent

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