"Retour à Penge"

Pour l'angoisse et la peur,  ce n'est pas toujours le cas,  mais il y a du vrai,  là-dedans. L'entrée brusquée dans une relation physique peut générer de l'angoisse. Cela peut expliquer d'ailleurs les ruptures brutales.

Penge me fait irrésistiblement penser à Pemberley (Orgueil et préjugés). Ah!  Le génie des romanciers anglais!  Et des romancières (je suis plus versée dans l'art des romancières anglaises que des romanciers). 

Oeuvre d'éducation,  certes, (bildungsroman), "Maurice" est étonnamment "sentimental". Dans une voie étroite et peu banale.  Il y a moins de sexe que dans un roman contemporain.  Pour chaque nuit, à Penge ou à  Londres, on est soit avant l'acte,  soit après. 

Je poursuis mon étude...  les pistes qui s'ouvrent (qui était Edward Carpenter), le contexte,  les personnages,  et puis,  la comparaison entre un livre et un film. Et l'épilogue,  que Forster avait écrit,  mais auquel il a renoncé,  à cause de 14-18. Se contentant d'une fin "heureuse", ce qui est exceptionnel en littérature sur l'homosexualité.  Du moins,  à l'époque. 

" (...) 

- Oh! Assez discuté !  Tenez, touchez là,  et il tendit sa main.

Maurice la prit et ils connurent alors un instant de paix comme peu d'hommes en sont capables.  L'amour physique est toujours lié à l'angoisse et il était naturel,  Maurice le voyait maintenant,  que son premier abandon,  à Penge, les eût dressés l'un contre l'autre.  Ils en savaient à la fois trop et trop peu l'un sur l'autre.  D'où la peur. D'où l'agressivité.  Et il se réjouit parce qu'à travers sa propre ignominie, il avait compris celle d'Alec. Il avait affronté ses menaces non pas en héros mais en égal et découvert derrière beaucoup de puérilité, et derrière,  encore quelque chose d'autre. 

(...)

Maurice trébucha.  Alec le retint. À présent,  ils étaient amoureux l'un de l'autre consciemment.  (...)

Et ils s'enfoncèrent ensemble sous la pluie.  "

E. M. FORSTER, Maurice, 

Chapitre XLIII

Le Livre de Poche. 

Illustration, la rencontre,  à Londres, entre Maurice et Alec Scudder (Rupert Graves)

dans le film de James Ivory. 

Comments

[Adèle]

Vous m'avez donné envie de lire ce livre : les amitiés masculines passionnées, sans qu'on aille plus loin "ce qui serait impardonnable" dit Clide (ou à peu près), je me demande si ce serait encore possible de nos jours.



Je ne suis pas du tout certaine d'apprécier Alec, moi, au contraire, je trouve le personnage tout à fait déplaisant.

[Pivoine]

Heure bleue, chez le libraire où je vais, il était dans le stock. Elle me l'a mis de côté. C'est vraiment très romanesque. Très anglais. Sinon on le trouve sur Amazon.

[heure-bleue]

Je relirais bien le livre mais il faudrait que je le retrouve, ce ne sera pas facile.

[celadon7]

J'en ai connu des jeunes au foot plus féminins que les autres garçons ont grandi normalement et ont changé à la puberté en gestuelle et allure devenant plus femme que homme

[Pivoine]

Et de la simplicité. Comme ses nouvelles apparemment, qu'il comptait détruire. Ce sont ses amis qui l'ont décidé à ne pas le faire.

Quelle histoire touchante... (je suis trop émotive ;-)