Le conte du lundi du Goût des autres (106)
Voici un nouveau "devoir" pour la semaine... Je ne sais pas si je vais arriver à extraire quelque chose de ce tableau o;)
Ivan Aïvazovsky
Le Goût: "mais que diable fait cette barque vide au bord de l’eau?
Au moins ça m’inspire…
Mais vous ?"
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A première vue, cela me rappelle un vers, (ou une partie d'un vers) de je ne sais qui... glané, je ne sais où. Et je ne sais quand.
Et cette mer ne ressemble aucunement à la mer du Nord. D'ailleurs, quand j'étais à la mer, j'allais rarement à la plage - la nuit. C'est pourtant le genre de chose que j'aurais bien aimé faire. Que j'aurais pu faire... Si j'avais eu un peu plus d'imagination. Comme ce fameux soir, où je suis sortie de l'unique boîte de la station balnéaire, où je passais une morne semaine (et où les jeunes se regardaient, l'air de s'ennuyer profondément, mais que faisaient-ils donc là?) pour rentrer à l'hôtel...
Note que je l'ai fait une fois! J'étais partie à Knokke (mais pas au Zoute) dans un appartement avec quatre ou cinq copains d'école. Après avoir regardé l'inévitable soirée du concours Eurovision de la chanson (en 1979), nous nous étions partagé les lits et je n'arrivais pas à dormir. J'ai proposé à ma voisine - qui ne dormait pas non plus - de sortir se balader. Ce que nous avons fait: nous lever, nous habiller, dans le noir le plus complet, traverser l'appartement en catimini et marcher d'un bon pas jusqu'à la digue - et justement passer devant une boîte de la Côte - encore un "King", d'où s'échappait de la musique, et où elle serait bien entrée pour danser, (ou draguer), mais pas moi. Peut-être parce que j'étais enrhumée, peut-être parce que je n'étais pas habillée pour "sortir", peut-être parce que je n'avais pas la tête à ça.
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A la rigueur, ce tableau me rappellerait aussi le cap de la Hague, en 2019, par un jour gris, très très gris, où nous avions erré entre Barfleur, et le point le plus septentrional de la Normandie. Nous arrêtant dans le village de Jacques Prévert, en passant, dans le petit musée, (et, bien entendu, dans le petit cimetière).
J'aurais bien aimé apercevoir les îles anglo-normandes... D'autant plus que pour mon gsm, j'étais déjà dans les eaux anglo-normandes.
Côté mer, ce que je voyais avait cette même lumière que sur le tableau - mais sans plage et sans barque...
Côté terre, il y avait des rochers, tout noirs, sous le vent, avec la touche verte et jaune des fleurs... Un paysage à la Ellis Bell... En fermant les yeux, j'aurais pu voir Heathcliff et Catherine Earnshaw courant dans les rochers. Hélas! Il n'y avait que moi...
Et puis, toujours, ces bribes de vers qui me reviennent, "La barque dort au mort des mares..." mais ce n'est pas cela du tout.
Le poème, c'est
"La barque à l’amarre
Dort au mort des mares
Dans l’ombre qui mue
Feuillards et ramures
La fraîcheur murmure
Et rien ne remue
Sauf qu’une main lasse
Un instant déplace
Un instant pas plus
La rame qui glisse
Sur les cailloux lisses
Comme un roman lu."
Et il est de Louis Aragon. Impossible de me souvenir quand je l'ai lu - ni où. Ni même si je l'ai analysé à l'école...