Le thé anglais...

Dans les romans d'Eva Rice, "L'amour comme par hasard" et "Londres par hasard" (une sorte de suite, disons dans le temps, mais pas à proprement parler une suite au roman...), écrit dans la plus pure tradition des romans féminins anglais, on prend des thés absolument extraordinaires. Comme le "Six o'clock café" de Miss Clover Napier, à Napier House, une maison victorienne bourrée de souvenirs, et tapissée avec des papiers peints de William Morris, promise à une démolition certaine.

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Quand j'ai résidé dans une famille anglaise, à Weston-super-Mare, une jeune famille qui accueillait des étudiants en vacances linguistiques, (le père, "engineer", la mère à la maison et deux jeunes garçons dont un bébé), le dimanche, il y avait un repas de midi copieux. Je cherche à me souvenir des spécialités, je retrouve le poulet, naturellement, accompagné de petits pois vert anglais, mais quel était l'accompagnement? Sûrement pas des frites. Des pommes de terre nature? Ou des croquettes? Je ne sais plus.

Pour le dessert, il y avait immanquablement un trifle, excellent d'ailleurs, je n'ai plus jamais mangé cet assemblage de génoise, de biscuits cuiller, de crème anglaise, de syllabub, de fruits frais rouges et de confiture. j'ai essayé d'en faire un et je n'y suis pas vraiment arrivée. Ou plutôt si, mais j'avais tellement cuisiné que j'étais écoeurée !

Et j'oublie mes premières tartes au citron meringuées ! C'est là que j'en ai mangé pour la première fois.

La dame recevait souvent un couple d'amis et ses parents arrivaient à l'heure du thé. On ne "soupait" pas le dimanche, non, vers cinq ou six heures, il y avait un thé. Malheureusement, à l'époque, je ne buvais pas de thé - ni thé ni café d'ailleurs - mais les sandwiches au concombre étaient absolument délicieux. Je n'arrive pas à me rendre compte s'il s'agissait de fromage frais avec du concombre dégorgé, ou s'il y avait du thon ou du saumon dans ses sandwiches.

Sans doute y avait-il du cake aussi... Mes souvenirs sont parcellaires.

Le matin, en semaine, il y avait des toasts. A midi, les mêmes toasts et ma proprio ouvrait une boîte de sauce tomate ou de haricots à la sauce tomate. Ce n'était pas vraiment mauvais. Le fait est qu'elle confectionnait des sandwiches absolument délicieux, tels que je n'en ai plus mangé après. Coupés en triangles, avec des tas de choses mystérieuses dedans.

Elle faisait aussi un merveilleux pie de poulet "anglais", dont je lui ai demandé la recette - ainsi que de la tarte à la meringue. Nous avons bien un peu chipoté, en quoi traduire les "pounds" et les cuillers... Mais en somme, j'y suis arrivée.

Plus tard, quand j'étais mariée et maîtresse de ma propre cuisine, j'ai fait du roastbeef et du Yorkshire pudding, gonflé à souhait, qui est censé absorber le jus et les sucs du roastbeef, j'aurais bien fait un pudding à la graisse de rognon, mais cela n'en est jamais venu.

Je suis rentrée à Bruxelles avec des enregistrements de "Band on the run", de Mac Cartney, peut-être de "Wish you were here", mo hôte était passionné de pop, et nous avions de terribles discussions politiques (qui ont contribué à améliorer mon anglais bien plus que les cours qu'on nous a donnés), mon anglais s'était amélioré mais pas suffisamment pour faire de moi une future bonne bilingue, et, bien sûr, j'aurais dû aller à Cambridge. En fait, j'avais demandé Oxford et une famille avec des jeunes de mon âge et j'ai eu la mer et des bambins de 4 et 2 ans.

Comme à l'armée où tu demandes l'aviation ou la marine et on te met à l'infanterie...