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Variations de regard
11 novembre 2015

Eva Rice

J'ai commencé par son deuxième roman, "Londres par hasard", traduit de l'anglais "The misinterpretation of Tara Jupp".

Quasiment tout de suite, j'ai adoré.

Et j'ai trouvé le livre, lui aussi par hasard, dans un des présentoirs de la bibliothèque...

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L'humour, la simplicité et la rapidité avec lesquels l'intrigue débute:  la narratrice est Tara Jupp, le sixième enfant (avant deux frères cadets que tout le monde appelle "Les petits") d'un vicaire des Cornouillaes, d'origine modeste, qui (alors qu'il travaillait dans une ville anglaise), a rencontré une jeune fille de la "bonne société". Malheureusement, la mère de Tara Jupp meurt après avoir mis son dernier garçon au monde, au grand dam de ses deux filles, Lucy et Tara, seules présentes au moment de la naissance, et qui n'ont pu qu'assister, à treize et dix ans, totalement impuissantes, à un accouchement qui se passait mal.

Il y a respectivement un fils aîné, (J. F. dit le fuyard), qui quitte très vite le presbytère pour voyager en France, Georges, qui reprendra la cure, Lucy, la plus belle des filles et qui ressemble le plus à sa mère, Florence et Imogen, qu'on surnomme les jumelles, étant toutes les deux nées prématurément, Tara et les deux garçons.

***

Mais avant de parler de "Londres par hasard", il faut faire un détour par son premier roman, "The Lost Art of Keeping Secrets" ou "L'art perdu de garder des secrets" - c'est effectivement tout l'art du roman, banalement traduit en français par "L'amour comme par hasard".

Ce sont des romans sur l'après-guerre... Sur les enfants nés pendant la guerre, ou juste après. Et sur leurs maisons. Que sont devenues ces grandes maisons qui fleurissent dans les romans et les films historiques anglais ? Chez les Brontë? (Dans Jane Eyre et même dans "Wuthering Heights"? Chez Jane Austen? Chez Daphné du Maurier? Dans "Downton Abbey" ou autres "Maîtres et valets"?)

Milton Magna est situé dans le Derbyshire (comme l'est le "Pemberley" de Mr Darcy, d'Orgueil et Préjugés). A la différence, le manoir tombe en ruines. Y vivent Talitha Wallace, la jeune et jolie veuve d'Archie Wallace, mort pendant la guerre, sa fille aînée, Pénélope Wallace, 18 ans, née quand sa mère en avait dix-sept, et son frère Inigo, quinze ans à peu près, allant et venant entre le collège, Milton Magna et une maison du village où il regarde tous les jours une émission télé... Ils n'ont plus grand-chose, à part un manoir constitué de plusieurs corps de bâtiment, construits à différentes époques, dont la toiture s'écroule et des dettes... Une cuisinière, Mary (qui a son importance, surtout dans "Londres par hasard"), Johns, le jardinier, un chien... Et un cochon d'Inde.  J'oublie les canards de lady Wallace. Car les enfants savent qu'il faut craindre par-dessus tout les "dîners de canard", assortis de pommes de terre nature et d'oignons entiers cuits au four où leur mère va leur annoncer une nouvelle catastrophe financière.

Pourquoi des dîners de canard? Cela devrait être bon, mais cela semble encore pire que l'ordinaire.

En attendant, Pénélope rencontre Charlotte Ferris, une Londonienne tout à fait originale, qui l'emmène prendre le thé chez sa tante Clare, et chez son cousin Harry. Pénélope s'y épanouit, se lie d'amitié avec Charlotte (leur rencontre vaut son pesant d'or), on sent très vite un mystère planer... Harry est amoureux d'une riche Américaine qui lui a préféré un non moins riche Américain et donc, l'idée va émerger de demander à Pénélope de sortir avec lui pour rendre sa pseudo fiancée jalouse... Alors que tante Clare et Charlotte espéreraient plutôt qu'ils tombent amoureux l'un de l'autre. Mais Pénélope surtout, et Charlotte, ne pensent qu'à Johnnie Ray, un chanteur (authentique) de l'époque, qui va complètement être repoussé dans l'ombre par Elvis Presley.

Pour moi, le personnage le plus fascinant de cette histoire est Milton Magna, sa cage d'escalier en pierre ouvragée, ses immenses pièces froides, la chambre bleue tapissée de rose, les vitres cassées, la chambre rouge où a dormi la reine Victoria, la peau d'ours qui terrorise Pénélope, dans le hall, et fait qu'elle reste le moins possible au téléphone, la salle de bal, et surtout la grande galerie de tableaux (où il n'y a plus de tableaux), où elle jouait avec Inigo quand leur mère est venue leur annoncer la mort de leur père. Ce père qu'ils n'ont d'ailleurs pratiquement pas connu.

Milton Magna est une maison à fantômes, et vit, surtout quand Pénélope amène ses amis, ou que sa tante et son oncle (habitant aux Etats-Unis) viennent leur rendre visite en apportant à Inigo les meilleurs titres d'Elvis Presley. Où l'on entend enfin parler de 78 et des 45 tours, une révolution... Nous avions aussi des 78 tours à la maison. Je me demande même s'il n'a pas existé des 13 tours.

J'adore ces voyages de Pénélope entre Londres, la maison de tante Clare, les maisons londoniennes, "Dorset House", rachetée par des Américains et dont l'ancienne galerie de tableaux est ornée de Rothko... Les thés de tante Clare, l'intrigue qui se développe lentement, cette mère et cette fille, proches par l'âge, toujours un peu rivales. L'intrusion des Américains, la tante et son mari, puis Marina Hamilton, actrice alcoolique, et enfin, Rocky Dakota. Sur lequel Pénélope va "flasher"... Pour assez vite déchanter.

Mais tout finit bien, du moins, pour les personnages, enfin, presque tous les personnages. Il y en a un qui meurt, qui savait qu'il allait mourir, et qui, dans le fond, et c'est là que réside le secret, a tout orchestré autour d'elle pour que le roman finisse comme il doit finir.

Bien.

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Commentaires
P
Je comprends. j'aime aussi beaucoup Londres par hasard. Mais je me suis trompée. Milton Magna n'est pas située dans le Derbyshire, mais dans le Wiltshire, plus près de Bath, Bristol, etc.
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A
J'ai adoré ce roman ! je l'ai offert à ma meilleure amie qui partait en retraite en juillet.
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Variations de regard
Variations de regard

Quartz Rose ou pas, je suis toujours Pivoine... Me revoici, avec, pour fil conducteur, des souvenirs de Bruxelles, des balades en d'autres lieux. Donc, musardons ensemble, un peu au hasard, nous verrons bien où nos pas nous mènent

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