Passage par la Suisse

L'été 1971, nous avons décidé de partir en vacances en Italie. Le but était double, aller voir ma cousine qui avait passé sa première demi année à Florence, où elle continuait ses études de philologie romane... Et de visiter l'Italie, Milan, Vérone, Venise, Florence et la Toscane, Ravenne, peut-être Rome, et puis, retour par la Méditerranée et la Provence.

Nous sommes partis vers la Suisse. Etait-ce la première fois que j'allais en Suisse? Pas sûr. En 1968, déjà, nous étions allés en vacances dans les Alpes, à Bonneval-sur-Arc, juste au pied du Col de l'Iseran - en pleine réserve naturelle de la Vanoise. Comme le temps était incertain, nous faisions des excursions en voiture, le tunnel du Mont-Blanc, les cols les plus célèbres (qui me flanquaient une trouille pas possible), Val d'Isère et ses "chardons" en chocolat de toutes les couleurs...

Ma mère parlait toujours d'un roman d'Henry Bordeaux, un écrivain plutôt catho et réac' (auteur de "Yamilé sous les cèdres") dont une histoire se passait dans un village près de Bonneval-sur-Arc.

Soit. Nous sommes partis vers Bâle, il me semble que nous sommes passés par Lucerne et le lac des Quatre Cantons, nous avons dormi et mangé dans un MOTEL, j'ai bien entendu oublié un bracelet auquel je tenais sur ma table de nuit. C'était un simple anneau argenté, terminant en spirale, avec une calcédoine, et bien après nos vacances, la direction du Motel nous l'a renvoyé, avec un paquet de chocolats et leurs meilleures salutations.

Sur cette photo, nous sommes dans un village inconnu, en Suisse, quelque part sur la route de l'Italie, il est possible que ce soit déjà la deuxième étape.

Je venais d'être "délivrée" de mon école catholique, mais je porte quand même encore un gilet bleu.

La voiture rouge à l'avant-plan n'est pas à nous, nous avions une Renault 10 bleu ciel dont le moteur nous a lâchés, quelque part, sur une autoroute à proximité de Bologne... Nous nous sommes arrêtés sous un pont, sommes sortis de la voiture, morts de chaleur, avons -je ne sais comment- appelé le Touring Secours italien - un garagiste de Bologne est venu chercher la voiture et un taxi nous a emmenés après à Florence.

Quand le garagiste a vu notre coffre avec quelques imperméables, il a eu un sourire taquin et a très bien su exprimer que c'était parfaitement inutile. Et de fait.

Nous sommes arrivés, morts de faim, à Florence - la cuisine de l'hôtel était fermée, il était tard, mais nous sommes tout de même allés embrasser ma cousine.

Je me souviens encore de son pas dévalant les escaliers et comment elle s'est jetée dans nos bras.