Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Variations de regard
2 janvier 2017

Julia Vernet, née Angellier. En 1870...

" Les Angellier déjeunaient à Mogador.

En prenant le café, Constant leur apprit les fiançailles d'Octave Peyrissac.

- Comment, vous ne le saviez pas? Il épouse Délaïde de Romanin. Voyons, les Romanin, de Saint-Rémy... Oui, certes, une belle vieille famille. Qui s'éteint d'ailleurs. C'est elle, le dernier rejeton. Tu la connais certainement, Julia. Au moins de vue, insistait Constant. Une jolie fille, mince, brune, avec des yeux magnifiques. Bleus, mais d'un bleu profond, presque violet...

(...)  Elle jeta un coup d'oeil autour d'elle.

Rodolphe avait fait porter des sièges de rotin dans le sous-bois, auprès de la noria.

Les femmes étaient assises en cercle. Lui se tenait, à son habitude, debout, un pied sur la margelle. Tout en causant avec Constant, il remuait machinalement le treuil.

"Comme à son habitude", se répéta Julia.

Des mésanges chantaient un peu plus loin, dans le taillis. L'air autour d'eux sentait la terre surchauffée et les feuilles. La resse ininterrompue des cigales, à force, cessait de frapper l'oreille.

La robe de Dorothée, celle de Sophie - "et la mienne"- rafraîchissaient les yeux de toutes leurs blancheurs empesées de mousseline et de broderie anglaise. Constance, en noir, s'éventait avec ce lent balancement du poignet datant d'une autre époque, qui semblait doucement abolir le temps autour d'elle. Et Amélia, derrière elle, s'accoudait au dossier du fauteuil.

La fillette avait repoussé les avances de ses frères pour demeurer avec les grandes personnes. Muette, elle écoutait la conversation, se remémorant cet Octave qui, autrefois, la prenait toujours dans son camp pour les parties de cache-cache, et l'embrassait sur les lèvres lorsqu'ils se trouvaient seuls ensemble dans le parc, ou chez lui, à la Gloriette.

La cloche de Fontfresque sonna le premier coup après les vêpres."

Elisabeth Barbier,

"Les gens de Mogador", Julia Vernet, tome II.

frederic bazille reunion de famille

Frédéric Bazille, Réunion de famille, 1867.

Publicité
Publicité
Commentaires
A
Illustration bien choisie ; j'avais vu une fabuleuse exposition sur ce pauvre Bazille, au musée Marmottan (après vérification, pendant l'hiver 2003 ; j'y avais emmené une petite fille de 6 ans, je lui demanderai si elle s'en souvient).
Répondre
Variations de regard
Variations de regard

Quartz Rose ou pas, je suis toujours Pivoine... Me revoici, avec, pour fil conducteur, des souvenirs de Bruxelles, des balades en d'autres lieux. Donc, musardons ensemble, un peu au hasard, nous verrons bien où nos pas nous mènent

Publicité
Newsletter
Publicité