Voyage scolaire
J'ai suivi le conseil d'Adrienne : j'ai écrit un texte à partir des Jeux et consignes d'écriture des éditions Zulma.
Cela donne ceci :
"Dans le colis, il y avait deux livres qu'elle allait porter à une amie: "Brigitte, la jalousie et le bonheur" , et "Brigitte choisit l'espérance". Ces deux livres pourraient meubler des jours trop longs (et y mettre l'espérance). Quand elle aurait envoyé son guerrier à ses combats (les hommes aiment ça) elle, elle pourrait lire. Et porter ses livres.
Être dans une gare, ce peut être l'espérance. Ou le désespoir. Ou l'incertitude.
Où va-t-on être assis? Près de la fenêtre? De la porte? Dans le silence ou le bruit? Et l'espérance... Si on part avec le train bleu à la Côte d'Azur ?
Et quand on attend le premier train du matin assise dans une salle d'attente, comme Junon en 1941, on peut rêver de tulipes pour passer de meilleurs moments.
Vienne était la ville de l'espérance : des concerts, des tramways rouges, la Hofburg, qu'est-ce qui était sympa à Vienne ? L'art nouveau, les Wienerwerkstätte... Le Sacher, chocolat finement abricoté. Restait à trouver la maison ou le couvent où loger. Pas de tourmente à l'horizon... Mais si elle allait à la bibliothèque du couvent, assurément, les livres en écriture gothique seraient tout simplement illisibles.
Et alors, avec cet être que l'on va peut-être enfin aimer, à treize ans, mais non, là, on est beaucoup trop jeune ! A vingt ans plutôt, à Vienne, on peut bien imaginer ça, avec lui, ou avec elle, qu'importe ! On construira enfin une maison. Sous le soleil des villes de la Mitteleuropa, même le roman ennuyeux devient un roman passionnant à écrire.
Roman d'amour bien sûr, il n'y a que les romans d'amour pour parler de l'amour.
Car l'amour n'existe pas, évidemment, sauf pour les petits "Dame oui!" et dans les romans.
Et donc, aujourd'hui, on naît et l'on grandit où l'on peut, parfois sur les routes, les bateaux, sous les bombes, et enfin, au port. Quand on y arrive. On a quitté les magasins vides, et pourtant, au bord des autoroutes, que l'on arpente à pied, sous un soleil calcinateur, il y a peut-être des marguerites à cueillir.
Mais il faut les chercher."