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Variations de regard
19 avril 2017

Au Centra et cie

Je ne sais pas ce qu'il y avait comme commerces de proximité quand mes parents se sont installés rue Van Eyck, à Ixelles, fin mai 1954.

En tout cas, dans mon enfance, il y avait - rien que pour notre rue et le carrefour de la rue de l'Abbaye, une épicerie côté rue Américaine, "chez Colin" (dont je n'ai qu'un vague souvenir), et, à l'autre bout de la rue, voyons... L'épicerie "Centra", tenue par un couple, Roger et... Peut-être Simone. Plus tard, ils ont légué l'épicerie à leur neveu. C'est lui qui allait moderniser l'affaire. C'était une épicerie à l'ancienne, avec un comptoir de verre pour les beurres et les laitages et quelques fromages, sans doute, des rayonnages en bois, du bois, j'ai un souvenir de bois partout.

Des boîtes en fer blanc de biscuits (c'était la même chose à l'Union Economique, et le même parfum de biscuits dans l'air, mais là, je change déjà de sujet...)

Il y avait évidemment deux "cafés" (bar, cabaret... Café de quartier) - (où nous ne mettions jamais les pieds). J'oublie "la coiffeuse" où nous n'allions guère non plus, le boucher... Un vrai boucher-charcutier - il avait un chat. Qui m'a donné un jour un coup de patte - je le regardais de trop près. Une boulangerie et un magasin Delhaize le Lion, mais finalement, c'était aussi une grande épicerie.

Trois épiceries dans une seule rue, et qui toutes, avaient leur clientèle.

Et plus loin, chaussée de Vleurgat, il y avait une autre épicerie - marchand des quatre saisons, un traiteur, "chez Denis", un poissonnier ! Quel luxe ! Encore un boucher... Un papetier, bref, il y avait de quoi vivre.

Je laisse de côté les pharmacies (où l'on trouvait des bouteilles d'eau de Vichy - en verre, Célestins, Hôpital et plus tard, Saint-Yorre) et le marchand de journaux libraire.

Et la droguerie.

En somme, on pouvait vivre dans le proche quartier et faire nos courses avec les cabas familiaux.

Comme mes parents aimaient bien sortir un peu des habitudes, le samedi, nous allions aussi en ville chez Scheggia-Togni, dit "Le Suisse" (mais nous disions "aller chez Togni"), pour les "salades", chez deux charcutiers, à la discothèque nationale de Belgique, et à l'Union Economique, une coopérative merveilleuse, absolument merveilleuse...

***

L'épicier Colin est le premier à être parti. Puis le boucher a suivi et a ouvert une librairie marchand de journaux beaucoup plus loin. Mais pas trop loin, rue Américaine, sur le chemin de mon école, il y avait un volailler (pour ne pas dire un pouletier o;) d'autres bouchers, les Petits Riens... (Pour les livres) et d'autres quartiers commerçants, la Poste, un magasin de chaussures, place du Châtelain, alors un peu campagnarde, l'inverse d'aujourd'hui.

Aujourd'hui, il n'y a que des restaurants qui tous, sont fermés à 14 heures...

La boulangerie est devenue un dépôt de pain - et le pain ne valait pas grand-chose. Mais nous nous y sommes faits.

Chez l'épicier, on trouvait du lait frait AA en carton, du lait battu, du lait stérilisé, du lait concentré et c'était tout. Trois sortes de yaourt, Stassano, entier, maigre et à la grenadine (celui-là me tentait en raison de sa couleur d'un beau rose rose). Trois sortes de fromages durs, emmenthal, gouda, "sur 4 s'il vous plaît", et Maredsous - pas comme l'actuel (mou et orange), non, un vrai romage d'Abbaye. Et puis les rayons se sont garnis de nouveautés, bien sûr, le boursin, des variétés de fromage blanc (avec ou sans crème), etc. etc. Les céréales, les pâtes au chocolat (avant, nous n'avions que le Côte d'Or, le Kwatta et le Meli), et puis un rayon surgelé, modeste...

L'épicerie - que les neveux de Roger et S*** avaient agrandie et embellie, était bourrée de monde et fonctionnait quand encore à l'ancienne. Le propriétaire (qui n'avait pas bon caractère et ressemblait physiquement à Fernandel) allait au marché matinal, chaque jour et ramenait fruits et légumes qu'il emballait dans du papier journal. On déballait les pommes de terre qu'on grattait sur le papier journal, puis on jetait le tout. L'hygiène était discutable... Il se couchait tôt, sa femme tenait le magasin, parfois aidée de sa fille, son fils faisait les livraisons, et je ne sais pas si la famille était très heureuse.

***

Un jour, dans la rue avoisinante, on a démoli une vieille maison et construit un immeuble avec un rez-de-chaussée commercial et des appartements. Au rez-de-chaussée, une galerie d'art s'est ouverte. On était en 1966 ou 67... Ou 68. Je ne sais plus. En allant chez le boucher, avec la liste des courses, le porte-monnaie familial et le cabas de courses, je suis entrée dans la galerie et j'ai fait le tour des tableaux et des scultures. Un des artistes exposants se trouvait au fond du magasin.

La galerie a fermé et fait place à une taverne-restaurant, une des premières dans le quartier. Quant à la droguerie, il y avait régulièrement une affichette "le propriétaire est en vacances" ou "je suis de retour dans cinq minutes". J'avais coutume de dire "le droguiste est parti en vacances pour cinq minutes".

C'était un mode de vie simple, qui pouvait être économe aussi. Mais la valeur de l'argent n'était pas la même qu'aujourd'hui, bien sûr.

Il y avait déjà quelques supermarchés, et près de chez nous, où nous allions rarement. Mes parents n'aimaient pas trop. Personnellement, "Martine fait ses courses" aidant, les charrettes me fascinaient, les portes automatiques aussi, mais je n'osais pas y entrer seule.

Un monde où il n'y avait que trois variétés de yaourt :

gras, maigre et à la grenadine.

Est-ce imaginable maintenant? Sommes-nous plus heureux pour autant ?

Au fait, le piquant là-dedans, c'est que je ne mange pas de yaourt (ni d'ersatz de yaourt d'ailleurs).

phosphatine

floraline jardin des modes

stassano

Simone-Rosenbauer-01

pour le "fun" les glaces de Simone Rosenbauer...

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Commentaires
C
J'espère que tu as réussi à te reposer et à partir quelques jours, tu sembles avoir retrouvé l'inspiration ...<br /> <br /> Moi j'ai passé quelques jours merveilleux à Bordeaux.<br /> <br /> Gros bisous ma Pivoine !<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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W
Je me souviens même de la marque de la Phosphatine : Falières !<br /> <br /> (Et des timbres Centra)
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Variations de regard
Variations de regard

Quartz Rose ou pas, je suis toujours Pivoine... Me revoici, avec, pour fil conducteur, des souvenirs de Bruxelles, des balades en d'autres lieux. Donc, musardons ensemble, un peu au hasard, nous verrons bien où nos pas nous mènent

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