Diabolo Menthe
L'autre jour, j'ai regardé (=> chanson du film par Yves Simon) Diabolo Menthe, sur Arte.
L'histoire, plusieurs fois contée, par Diane Kurys, de son enfance et de son adolescence.
On ne sait pas si elle est Anne, treize ans - ou si elle est Frédérique, quinze ans.
Anne et Frédérique sont lycéennes à Jules Ferry. J'essaie de m'imaginer un lycée de filles parisien, en 1963, et c'est difficile.
Anne a 13 ans, veut mettre des bas nylon plutôt que des bas 3/4, s'intéresse aux garçons, à tout ce qui se dit, va dans une après-midi dansante (où elle rencontre un ado, timide et amical - incarné par un François Cluzet tout jeune), et se "bat" avec les profs.
Il y a la professeure de dessin sadique, la prof de maths chahutée (il était rare que l'on chahutât un prof de maths), et les professeurs de Frédérique, sa soeur - une professeure d'histoire qui éveille ses élèves à autre chose que les faits, dans leur sécheresse pure.
Et, bien entendu, Anne et ses amies boivent des diabolo menthe.
Il y a une élève, le jour de la rentrée, qui ne sait pas où aller. Une rescapée d'Oran.
Il y a des inscriptions sur les murs du lycée, OAS SS...
Et le plus beau moment pour moi, quand, à la fin de l'année scolaire, la classe de Frédérique (l'aînée), va visiter Port-Royal des Champs.
Dans la vallée de Chevreuse.
Le professeur qui les accompagne parle en latin avec le guide. Les élèves s'en amusent, puis, deux adolescentes, Frédérique et sa nouvelle amie, descendent les cent marches, qui conduisent dans la nature sauvage du parc. Elles devisent comme deux adolescentes. Frédérique s'est brouillée avec sa vieille amie pour des raisons politiques. Frédérique distribuait des insignes pour la paix à la sortie du lycée. Sa mère a été convoquée parce qu'il est hors de question de faire de la politique à l'école.
Ce sont deux jolies filles,couchées dans l'herbe, qui se sentent en accord, au moins sur le plan des idées, et qui se taisent, tant cet accord - dans ce lieu historique, est patent.
Moi qui n'ai pas vraiment connu cela, adolescente, c'est mon moment culte du film.
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