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Variations de regard
1 novembre 2020

Au Cimetière d'Ixelles...

Le cimetière d'Ixelles. 

C'est là que les cendres de ma mère ont été dispersées,  il va y avoir vingt ans.  Vingt ans déjà!  Dans la semaine qui a suivi le 4 mars. 

Je pensais justement à elle,  à son anorexie,  et à ses étranges habitudes culinaires... comme le fait de cuire, recuire et cuire encore des aliments (de la viande) dans des poêles en fonte antédiluviennes... en réutilisant les graisses déjà cuites. Et figées... 

À noter qu'il y avait une poêle pour les crêpes (propre) et la grande poêle du dimanche... 

Jusqu'à ce que,  complètement dégoûtée,  je les nettoyasse ( ;-) )

Parfois,  les manches en bois avaient disparu. 

Je ne sais pas ce qui la guidait.  Un désir d'économie ?  Ou, secondairement, une horreur de tout ce qui avait trait à la cuisine ? 

Lorsque je lui disais que les graisses cuites étaient du poison,  elle me répondait qu'elle était "mithridatisée" et je trouvais ça très drôle. 

Elle m'assurait qu'elle était boulimique,  jusqu'au jour où je lui ai répondu qu'elle était plutôt anorexique... 

Il y a eu l'époque des pamplemousses à midi... elle disait que si elle mangeait de la viande,  elle aurait l'impression de manger ses collègues.  C'était +/- au début des années 70.

Poulet et canard... étaient immanquablement qualifiés de "gallinacées" ou de "volatiles". 

Elle avait du vocabulaire ;-) à défaut d'appétit. 

Avec elle,  une noix de beurre était plutôt une noisette... le sel et le poivre étaient inconnus au bataillon... et je ne parle même pas des épices,  de l'huile d'olive... des herbes provençales.  À part le thym et le laurier. 

Et pourtant, elle faisait main basse sur la glace moka,  les casseroles (sans anses) de semoule de blé ou de riz au lait, les diplomates... bref, tout ce qui abondait en lactose (que je ne digérais pas).

Les pommes et les pamplemousses!

"Une pomme par jour, c'est la santé pour toujours..." ou "Les pommes,  c'est la savonnée de l'estomac..." entendais-je régulièrement. 

Quant à aller au restaurant avec elle,  c'était un supplice.  C'était la statue de la réprobation silencieuse... la séance se terminait généralement par un coup de fil à mon frère. Je n'ai jamais su ce qui la contrariait.  Ou si elle désirait simplement contrarier mon père... et moi en bon prime. Là aussi, elle était harcelante. 

Sauf chez Balcaen, à Wemmel, où, rituellement, elle commandait un steak,  dans l'espoir,  disait-elle,  de devenir un jour  une "belle grosse bruxelloise".

Voeu qui demeura pieux...

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Commentaires
P
Malheureusement, et sérieusement, de l'anorexie, elle avait des signes, je dirais, des symptômes. Et la cachexie... Et si on l'avait su, on aurait peut être pu l'aider... enfin. Je ne réécrirai pas l'histoire...
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H
Elle n'aimait peut être pas faire la cuisine, l'anorexie est une maladie mentale sérieuse, j'en avais une comme voisine, une jeune femme, elle était terrible à regarder.
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P
Une habitude de guerre, Anémone? C'est possible après tout. Je n'y avais pas songé. Il n'y avait pas de frigo... juste des garde manger. Et de gros problèmes pour avoir du beurre. Je sais qu' il y avait une sorte de saindoux très gras.... qu'on etalait aussi sur du pain (de guerre).<br /> <br /> Et de fait, mes parents ont acheté un moment une sauteuse et une poêle tefal... quant aux fritures elles se faisaient dans une marmite noire comme le cul d'un chaudron...
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P
101 ans. C'est un très bel âge. <br /> <br /> La mienne n'était pas si âgée. 76 ans... son anorexie lui a joué des tours... 101 ans avec un petit verre de vin :-) c'est une chance !
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C
j'ai eu de la chance d'avoir la maman qui fut mienne, je l'ai gardée 101 ans, elle m'a tout appris et je lui en sais gré outre l'amour qui nous unit encore malgré sa mort il y a deux ans <br /> <br /> je compatis donc à ton sort <br /> <br /> amitié .
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Variations de regard
Variations de regard

Quartz Rose ou pas, je suis toujours Pivoine... Me revoici, avec, pour fil conducteur, des souvenirs de Bruxelles, des balades en d'autres lieux. Donc, musardons ensemble, un peu au hasard, nous verrons bien où nos pas nous mènent

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