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Variations de regard
5 avril 2015

Portrait chinois en dix questions...

C'est chez Cassymary, la conceptrice et l'animatrice du forum d'écriture Kaléidoplumes, que j'ai trouvé cette séduisante consigne d'écriture (voici le lien pour les lecteurs-amateurs: consigne 339). J'ai aimé son texte, (j'ai lu aussi quelques textes d'autres auteurs, y compris ceux d'amies que j'ai lues il y a longtemps), j'aime les "questionnaires", pour rire ou pour écrire, et j'ai eu envie d'essayer. Je me suis prise au jeu, et voilà le résultat...

Si j'étais une fleur, terminons donc par la fleur, cette chose fragile et odorante, pourrais-je être un bouquet de mes fleurs préférées? Le forsythia en mars et sa lumière de soleil dans la ville pluvieuse? Le lilas en avril et en mai, le rhododendron rose des robes de bal et la fleur rouge élégante et compliquée des plates-bandes du Parc. L'iris jaune et sombre, violet violent du Jardin d'iris, au Botanique, puis la pivoine, rose ou blanche - rose féminine en puissance, blanche comme un thé d'après-midi, rouge comme dans mon jardin d'enfance.

La pivoine chinoise, la pivoine de mon bouquet de mariée, la pivoine foisonnante et brève que j'ai choisie un jour comme signature.

Si j'étais une couleur, je serais le rouge. Rouge de ma robe de quinze ans, de ma robe de vingt ans, de trente ans, de ma robe longue et de son écharpe assortie. Le rouge éternel et signe de plaisir. Le rouge d'une lingerie qui ne doute de rien, le rouge de la confusion et du désir, le rouge de la passion, le rouge du souvenir, le rouge de la rose qui n'aurait pas oublié d'être vraiment une rose, un signe de rallliement, le rouge de la naïveté que l'on garde à près de soixante ans, quand on en eut quinze ou dix-sept un jour, et que l'on crut vraiment que tout était possible !

Si j'étais un fruit, je serais un coing. Pour me transformer en confiture ou en pâte de fruit. Je serais rassurante, ménagère et sans histoires. Je ne connais pas le goût du coing, mais je peux le faire entrer dans la composition d'un thé d'après-midi délicieux. Le coing, ni tout à fait pomme ni tout à fait poire, un fruit d'ici et d'ailleurs, qui se complaît à l'étal du marchand turc de mon quartier.

Si j'étais un arbre, je serais un cerisier du Japon. La floraison en est brève, mais plonge dans le ravissement le plus total. Il faut espérer que le temps soit beau, ni trop chaud ni trop pluvieux. Il orne les avenues du Logis et de Floréal, à Watermael-Boitsfort, certains boulevards, et il  y en a un large, un rond, un chaud et vibrant dans mon quartier. Chaque année, je le salue.

Et je vous saluerai demain, mon cerisier en fleurs.

Si j'étais une épice, je penserais à l'honnête cannelle. Celle qui parfumait les compotes chez mes parents. Celle que j'ai pris l'habitude de glisser dans mes gâteaux aux pommes - et plus tard, j'ai encore amélioré ma recette avec de l'écorce de citron râpée. Pour donner un petit goût askénaze à mes gâteaux... Celle qui parfume aussi les plats orientaux, les véritables curries, les plats de couscous et les tajines. Celle qui me rappelle le parfum des restaurants d'Afrique du Nord, à Bruxelles. Celle qui aromatise le vin chaud et qui réchauffe au plus creux et au plus sombre des nuits d'hiver.

Un peu de cannelle dans un porto chaud et des quartiers de mandarine est le plus étonnant vin chaud que j'aie découvert un  jour.

Si j'étais une étoile, je serais cette étoile que je contemplais à l'ouest, en été, la nuit venue, et je me disais qu'elle baignait de sa clarté une autre chambre, dans un quartier un peu plus au sud, où habitait quelqu'un que j'aimais et ne pouvais voir, à ce moment-là. Je me disais que cette étoile était le seul élément de lumière qui nous reliait à travers l'absence.

Si j'étais une émotion, je serais cette passion au creux du ventre, que personne hormis moi ne peut ressentir - que seuls ceux qui me connaissent vraiment reconnaissent. Passion et découragement, espérance sans cesse renaissante, de quoi est faite cette passion? D'envie d'écrire (malgré le découragement), de peindre (malgré l'arthrose), de me balader (même chose), de visiter des expositions, de découvrir de nouvelles choses (le serviettage, ou l'art de décorer un plateau en bois), passion d'aimer, passion parfois dangereuse, quand elle me fait accepter les hommages de quelqu'un qui ne me convient pas...

La passion est douloureuse et me fait me consumer, mais c'est une émotion sans laquelle je ne pourrais vivre.

Si j'étais un mot, je serais... Egalité. Egalité pour les hommes et les femmes, le nord et le sud, l'est et l'ouest, le riche et le pauvre, non, disons l'homme de la classe moyenne et le pauvre, le très pauvre, et tous ceux qui sont précarisés... Egalité ne va pas sans liberté et fraternité, la première devise de la maçonnerie spéculative, et puis de la France.

Si j'étais un rêve, je serais un rêve impossible. Le retour de S***, la fin de l'alcoolisme de B***, Dieu, une pensée magique, gagner au Lotto (mais je ne joue pas), fonder une association où pourraient se distraire les femmes entre quarante et soixante ans, où elles sortiraient de leur solitude, ouvrir une librairie - restaurant - bibliothèque, je ne sais pas, quelque chose qui soit à la portée de tout le monde, mais qui ne fasse pas faillite non plus.

Je serais un rêve un peu fou : la fin de la solitude pour les êtres humains.

Si j'étais la terre, j'enverrais un message aux hommes ou alors, je leur donnerais le moyen de m'écouter. Je leur dirais que mes ressources ne sont pas inépuisables, que je ne leur appartiens pas, qu'un jour peut-être, je disparaîtrai ou qu'ils disparaîtront. Mais tout est relatif, que sommes-nous? Grains de poussière dans l'histoire de l'univers? Fini et infini? Un peu de croûte terrestre autour d'une boule de feu?

Un noyau de feu. Voilà ce que je suis, si je suis la terre.

Un univers de terre et d'eau, d'air et de lumière, une planète bleue.

Ne m'oubliez pas !

Au marché de la rue des Amours, à La Louvière

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Commentaires
N
Très beau texte ;o)
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W
Ah mais... j'ai une photo de toi !<br /> <br /> http://storage.canalblog.com/08/51/1240604/103320353.jpg
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A
je reconnais beaucoup de choses ;-)
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C
Bravo, tu t'en es très bien sortie c'est vrai que cette consigne est parfaite pour toi ;)
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Variations de regard
Variations de regard

Quartz Rose ou pas, je suis toujours Pivoine... Me revoici, avec, pour fil conducteur, des souvenirs de Bruxelles, des balades en d'autres lieux. Donc, musardons ensemble, un peu au hasard, nous verrons bien où nos pas nous mènent

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