Firenze, Piazza San Marco, hymne au café

30 janvier 2017

Firenze, Piazza San Marco, hymne au café

J'ai déjà fait allusion à ce voyage en Suisse et en Italie, que nous avons fait, mes parents mon frère et moi, l'été 1971. Et terminé en Provence, sans mon frère, la dernière semaine d'août.

Nous avons traversé la Suisse, dormi dans un motel, où j'ai oublié un bracelet (que la direction nous a renvoyé bien après, avec de petits chocolats en prime), admiré une locomotive, dans un village, cherché des routes, traversé Lucerne, abordé l'Italie et le lac de Garde - avant ou après Milan ? Et nous nous sommes arrêtés pour la nuit, à Milan. Dans un hôtel plutôt simple, avec un escalier en colimaçon. Les étages portaient le titre de "piano". Ce qui nous a fait bêtement plaisanter sur les pianos d'un violon....

Nous avons visité la cathédrale, les galeries commerçantes, la Scala, et l'église où se trouve la Dernière Cène, de Léonard de Vinci. Notre étape suivante était Vérone, dont j'ai sûrement déjà parlé, Vérone, ses arènes, les opéras en plein air, les Giardino Gusti, et les "Skiwassé" sur la place, jus de citron, sirop de cerises, eau de Seltz - un pur délice. Et des balades dans la campagne, tout autour de Vérone, des châteaux, mon frère qui étudiait sa botanique, ou tout autre cours, et l'excursion à Venise. Et le balcon de Juliette.

Après une magnifique semaine à Vérone - que j'ai beaucoup aimée, nous sommes partis à Florence mais sommes restés bloqués par une panne mémorable sur une autoroute, en plein après-midi, une bielle coulée - mais nous avons pu nous arrêter sous un pont. Ma cousine, qui vivait à Florence depuis janvier 1971, et y faisait ses études de Lettres, nous attendait avec impatience. Je me souviens encore de sa course dans l'escalier, quand nous avons enfin sonné à la porte de la maison où elle louait une chambre.

La voiture en panne se trouvait donc à Bologne, ce qui a forcément restreint les excursions que mes parents rêvaient de faire en Toscane et en Ombrie. Pise, San Gimignano, Certaldo Alto, Volterra, tout cela, j'allais le voir beaucoup plus tard et avec beaucoup plus de motivation. A Florence, il régnait une chaleur de four, quand nous sortions l'après-midi, mais nous nous dirigions d'abord vers la piazza San Marco - d'où partaient d'ailleurs les bus pour Fiesole et de multiples destinations. Où ma cousine nous avait déniché un glacier fabuleux. Sortie enfin des glaciers belges où l'on trouvait surtout, à l'époque, des glaces vanille, chocolat, moka, fraise et pistache, l'assortiment de sorbets et de mousses et de couleurs me ravissait. Je n'en avais jamais assez.

Je nous revois assis à une petite table, à la terrasse, avec le bruit des passants et de la circulation. Mes parents dégustaient un cappuccino à l'italienne, une petite trace de lait mousseux flottait à la surface de la mousse de café, et cette trace qui s'arrondissait en forme de coeur me fascinait.

Nous logions à l'hôtel Umbria - un hôtel qui a disparu depuis et que je serais incapable de situer sur un plan de la ville. Nous nous promenions aux Giardini Boboli, sur le Ponte Vecchio, nous avons visité le palais Médicis, les Offices, les églises, de quoi me donner une indigestion - je n'avais que treize ans et à l'époque, les galeries de tableaux se trouvaient encore aux derniers étages des musées, par mesure de protection contre les crues du fleuve... Mais un après-midi, ma cousine, mon frère et moi sommes partis en bus visiter Fiesole. Nous ne pouvions tout de même pas rater cela.

Je m'attendais à manger beaucoup de pâtes, pendant ce voyage, je n'en ai jamais mangé aussi peu. Je découvrais les antipasti, la cuisine italienne, les trattorii - une trattoria, à Vérone, où nous mangions des pizzas et un gâteau étonnant, avec un fort goût d'amandes et d'alcool et les petits restaurants de montagne où la lasagne pesait des heures sur un estomac malmené par les virages en épingle à cheveux des Appennins.

En tout cas, nous aurions pu prendre le train pour aller - au moins - à Pise.

Ma cousine recevait aussi une amie de Bruxelles, Dom H***, une personne charmane, qui avait commencé la philologie romane avec elle. C'était la fille d'un écrivain belge connu et reconnu - et légitimement - que j'allais retrouver plus d'une fois, à l'université d'abord, où elle était devenue assistante de Mlle M. D***, à mon école normale enfin, où elle m'a seulement dit : "retournez à l'université, faites votre philologie romane"...

Mais il était trop tard...