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Variations de regard
26 juillet 2019

Familles je vous aime.

Au début des années 90, ma mère (qui était seule propriétaire de la maison familiale), a proposé à mon frère, à ma belle-soeur et à mes neveux de venir habiter dans les étages de la maison. Mes parents allaient y faire pour 900.000 à 1.000.000 de travaux, à l'époque, de manière à constituer deux logements indépendants: mes parents au rez-de-chaussée, mon frère et sa famille à l'étage, et la salle de bains et le wc communs.

Des années auparavant, elle m'avait interdit d'un jour habiter la maison. D'ailleurs, en 1982, elle m'en avait chassée, j'étais partie rejoindre un copain, elle m'a fait une scène le lendemain, et ne m'a plus parlé pendant trois mois.

(...)

***

Mais revenons à 1991 à peu près. Mon frère - qui ne me téléphone jamais, sauf pour me demander un passe droit financier - ou de garder le tableau de mon mari qu'il a "emprunté" chez mon père... Et de le donner à sa fille...

M'a donc téléphoné pour me voir. On m'a demandé de confirmer que je renonçais à habiter dans la maison de mes parents.

A cette époque, je vivais dans l'appartement loué par mon ex-mari, ça n'allait pas trop (au bout de x loyers impayés, mes parents apuraient le compte)... Il faut dire que mon mari entretenait cinq personnes: sa première femme, ses trois fils issus de ce mariage, sa mère qui était veuve, et riche. Mon salaire de secrétaire (!) n'arrivait pas à atteindre la somme qui partait en pensions alimentaires et en remboursements d'emprunts.

Note: Mon frère m'a invitée à dîner (ce sont les rares fois où il m'invite - quand il a quelque chose à réclamer) et, bêtement, au lieu de demander un temps de réflexion....

Forte de ce que ma mère m'avait dit : que je ne pourrais jamais habiter rue Van Eyck, j'ai dit oui tout de suite.

Mon frère a dit "j'appelle tout de suite mon architecte".

C'était l'architecte dont j'étais la secrétaire, celui qui m'a dit un jour que j'étais moins intelligente que lui, moins diplômée, moins tout.  Il savait aussi pertinemment que mon frère et ma belle-soeur ne "m'aimaient" pas. Dans le litige qui m'a finalement opposée à lui, il jouait sur du velours. Mon frère m'a même engueulée en me disant que j'allais leur faire perdre la maison (maison qu appartenait à ma mère et qui était bien vivante, même si elle disait qu'elle allait bientôt mourir).

Bref.

***

Les travaux de destruction de la maison rue Van Eyck commencent.

Ma chambre d'abord, au premier. On construit une cuisine sur la terrasse attenante à ma chambre, (qui deviendra une salle à manger de château), puis une chambre au-dessus de la cuisine. On occulte la fenêtre de la toilette - par laquelle, le soir, je regardais les étoiles. On arrache les affiches d'exposition que ma mère et moi avions tapissées sur les murs.

Mon frère et ma belle-soeur détruisent la cheminée de l'ancienne chambre de mes parents - sans jamais la terminer.

Mon père paie les travaux par tranches, avec une partie en noir, et l'architecte chez qui je travaille (qui est un ami de ma belle-soeur),  me montre, tout fier, l'argent en noir que mon père lui a donné. A ce moment-là, je n'avais même pas de quoi m'habiller correctement. J'avais une carte de crédit à La Redoute, et j'habillais mon fils - puis moi, avec plus ou moins de bonheur. En même temps, je grossissais de 5, 10, 15, 20 kilos. Ca ne facilitait pas les choses. J'étais monstrueuse.

Les travaux ont été (mal) finis... Et ils sont allés habiter dedans. Ma belle-soeur, qui avait le goût des grandeurs, avait fait mettre de la peinture dorée partout, des fausses tentures, des barres en cuivre d'or, et puis, ils se sont avisés que la cage d'escalier ne leur plaisait pas.

Longtemps auparavant, mes parents avaient tout fait retapisser par Vanderborght. C'était sobre, mais beau. Ma belle-soeur a essayé de peindre la cage d'escalier en bleu marine, puis en rouge sang de boeuf. Ensuite, ils talochaient la peinture. C'était hideux. Ma nièce, pendant ce temps, jouait de la guitare dans l'escalier. (Récit de mes parents).

On a continué les repas de famille - lors des anniversaires, dont datent certaines photos où nous sommes tous réunis., dans le jardin et dans la cour. La somme de leurs destructions fut inouïe. Mes parents ne disaient rien.

Lorsqu'ils m'avaient consultée, je leur avais dit de faire un bail (je leur avais même fourni un modèle de bail de l'office des propriétaires) ils m'ont dit qu'ils le feraient, et ils ne l'ont pas fait.

Et puis mon frère est parti. Quatre ans après. Il avait une "amie". Sa femme et ses enfants partaient en vacances en Normandie, et elle venait passer les week-ends dans la maison de mes parents, à l'étage, en cachette. Longtemps après elle a fini par quitter mon frère pour son patron...

Au début, c'est vrai, j'ai pris fait et cause pour la nouvelle. D'habitude, on prend fait et cause pour la femme qui est quittée. Je me suis trompée. Bien que ma première belle-soeur et moi ne nous soyions guère entendues, c'était tout de même une autre classe.

Mon frère a fini par quitter sa femme, ses enfants, la maison et mes parents, qui m'ont appelée au secours. Ils étaient désespérés. Leur chagrin était incroyable mais que pouvais-je faire? Tout ce que je leur avais dit était lettre morte. ma belle-soeur est restée seule avec ses enfants, et bien sûr, avec mes parents en bas, ça n'a pas du tout marché.

Ils ne payaient plus le loyer... Ma mère a fini par prier sa belle-fille et les enfants de chercher un appartement ailleurs, que ce n'était pas possible. Entretemps, il y avait eu une bagarre aussi à propos de la voiture de mon père.

Chaque fois que mon père achetait une voiture, il disait que c'était la dernière. Et qu'à sa mort, elle serait pour moi. Je n'avais rien demandé (de toute façon, je n'avais pas mon permis) mais mon mari l'avait. Nous n'utilisions jamais la voiture, (du moins, jusqu'en 98), c'était ma nièce qui téléphonait à mon frère, pour qu'il vienne la chercher - avec la voiture de mon père - et la conduise à ses stages et à ses rendez-vous.

Mon père s'est mis en colère, ma nièce m'a téléphoné furieuse, je tombais des nues, je n'étais au courant de rien...

Ils ont fini par partir et la famille s'est fracassée. Mon frère s'est installé à boitsfort avec sa seconde femme, ma dernière nièce est née, et, je passe ....................

Alors que je me séparais de mon ex-mari (je sais qu'on doit écrire "d'avec"),  il a voulu ouvrir un magasin une librairie journaux, à reprendre, avec un logement au-dessus. Ma seconde belle-soeur ne voulait pas. Il m'avait dit qu'éventuellement je pourrais y travailler, mais que je devrais "cravacher". Qu'il me ferait travailler comme un nègre. J'ai poliment refusé.

Ma mère a accepté d'hypothéquer la maison pour ce projet, tout était prêt, les papiers étaient signés, et puis voilà, elle est morte. Le 4 mars 2001.

Le 12, nous sommes allés chez le notaire. Bien entendu, mon père était usufruitier - comme prévu par la loi et ma mère avait demandé qu'on le laissât habiter la maison tant qu'il le voudrait. Ils avaient prévu suffisamment d'argent pour les frais de succession.  J'étais submergée de chagrin. Tout ce que mon frère a dit, en sortant de chez "son" notaire... ("Mon architecte, mon banquier, mon notaire")... c'est que nous faisions une "mauvaise affaire".

A deux, mon père et moi, lui pendant la journée, moi après le boulot et le week-end, nous avons repeint toute la cage d'escalier en jaune paille clair, pour faire disparaître le rouge sang de boeuf (qui n'avait jamais été terminé et partout où le papier peint avait été arraché). J'ai colmaté les trous sous le carrelage du vestibule. Tous les rails aux fenêtres avaient été arrachés, la maison était dans un état épouvantable. Entretemps, m'étant séparée de mon ex-mari, je m'étais rabattue chez mes parents. Je n'avais plus rien.

J'étais une réfugiée du mariage, avec juste quelques vêtements pour l'automne et l'hiver, des affaires personnelles, j'ai dû aller en justice pour récupérer au moins mes vêtements. J'ai perdu 20 kilos.

Mon père était contre l'hypothèque de la maison, moi, je ne réalisais pas très bien, et quand ma mère est morte, mon frère est allé voir "son banquier" (tout comme il avait eu "son architecte") pour refaire un nouveau projet d'hypothèque que je devais signer, en tant que nue-propriétaire à égalité avec mon frère. 

En somme,  l'habituelle quantité négligeable ne l'était plus,  juridiquement parlant. 

Entretemps, j'ai montré ce projet à l'avocate qui terminait mon divorce (de ce côté-là, cela s'arrangeait - bien que le divorce n'allait être prononcé définitivement qu'en 2002) et elle m'a formellement conseillé de signer ce plan.

Mon père était tellement terrorisé par mon frère qu'il est parti un jour chez une cousine. Je suis restée seule à la maison - peu après la mort de ma mère, j'ai pris mon courage à deux mains, j'ai téléphoné à mon frère et je lui ai dit que je ne pouvais signer cette hypothèque.

Il m'en a voulu et a exigé de lui demander pardon. j'ai d'abord refusé, puis je me suis dit, quelle importance, si ça peut lui faire plaisir, finalemnt, je m'en fichais un peu. Mon père et moi avons réuni de l'argent que nous avions de côté que nous avons donné à mon frère - pour apurer ses dettes les plus criantes (il partait en vacances à Athènes, etc.)

Mon frère m'a toujours détestée? Et maintenant, je lui suis indifférente. Et chaque fois qu'il s'est lancé en politique, il m'a méprisée (au parti socialiste d'abord, au ptb ensuite).

Ce n'est que l'année suivante - quand j'ai été hospitalisée avec un cancer, qu'il est venu me voir. Entremps, le dimanche, ils invitaient mon père, mais pas moi. Ma belle-soeur n° 2 m'avait hurlé dessus en disant qu'elle avait besoin de l'argent de cette maison pour "ses" enfants. Ceux de son premier mariage, bien entendu.

Le plus triste est aussi que ma première belle soeur est morte deux ans après ma mère... à même pas 53 ans. 

Mon fils assistait à ça, impuissant.

***

Il y a une suite à l'histoire. On a trouvé une solution pour le cas de la maison (bien que mon père et moi aurions pu continuer à y habiter, mais c'était bancal...)  Il me voyait devenir son infirmière. Et avec un boulot, un mi-temps médical et un cancer à soigner, je ne m'en sentais pas capable.

Et ma seconde belle-soeur a quitté mon frère pour son patron, un chef d'entreprise, une entreprise de luminaires et d'abats-jours, et ils se sont mariés. Ils vont en voyage à New York. Et ailleurs. Il paraît que son premier mari la battait. Elle avait embarqué mon frère dans des camps de nudistes. Mon frère a arrêté quand leur petite fille est née.

En clair, c'était une putain et je n'aime pas dire ça. Je n'aime pas insulter les femmes qui sont contraintes de faire ce métier. Disons qu'elle avait la mentalité d'une femme entretenue. Peut-être qu'elle aimait ça aussi.

Ma ddernière nièce - jusqu'à nouvel ordre, ne lui ressemble pas. Elle semble plutôt tenir de notre côté. 

***

Et moi, aujourd'hui, je me réveille le matin, je pense à tout ça, et j'ai immédiatement envie de ... 

(censuré...)

Mais comme la tentation est insupportable, je ferme mes fenêtres, je prends du valium et j'attends de dormir. Mais je me réveille toujours deux heures après. Qu'est-ce que je fais?

Ou je continue à prendre du valium et j'attends plus tard,

Ou je vais dans un service d'urgences hospitalières d'où l'on risque de me renvoyer à la maison, comme d'habitude...

famille en 92

Finalement, je rouvre quand même les commentaires... Tant pis, on verra bien.

Il faut aussi assumer que je suis une imbécile (tout court).

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Commentaires
E
je découvre ton histoire ....pas marrante du tout !!!!ma principale question est : est-ce que ta santé est bonne maintenant ? Si oui, il est temps que tu trouves le courage de réagir ....tu mérites de penser à toi maintenant !
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P
Oui. Cela fait du bien mais sous le coup de l'émotion, le récit est coloré en négatif... alors que parallèlement, on se construit (En lisant en écrivant... ) après l'émotion, on relativise... <br /> <br /> Mon ordinateur est en panne... <br /> <br /> Et avec le smartphone, les articles sont à peu près exclus.
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A
Écrire peut être thérapeutique. En écrivant, décrivant, tu "déposes". Je crois qu'il faut en passer par là avant de pouvoir tourner la page..<br /> <br /> Grosses bises
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P
Chère Pivoine, j'espère que cela t'a fait du bien, voire quelque peu libérée, d'avoir écrit ton Histoire. C'est difficile à défaut d'oublier, de "digérer" son passé et de tourner la page, j'espère vraiment que tu y parviendras, peut-être en te faisant aider ?<br /> <br /> Je t'embrasse
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P
@ Coumarine. L'idée du roman policier me fait bien rire. J'y pense parfois... Il y a bien une personne dans ma famille que l'on aurait pu tuer... si elle n'avait dysfonctionné justement. Mais il faudrait que ce soit un crime parfait (comme pour un des personnages dans le dernier Dicker...) - parce que je n'ai pas envie d'envoyer quelqu'un en prison ;-) <br /> <br /> Je me demande comment c'est dans les autres familles. <br /> <br /> Ni pire ni mieux... ou mieux peut être ou pire, souvent.
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Variations de regard
Variations de regard

Quartz Rose ou pas, je suis toujours Pivoine... Me revoici, avec, pour fil conducteur, des souvenirs de Bruxelles, des balades en d'autres lieux. Donc, musardons ensemble, un peu au hasard, nous verrons bien où nos pas nous mènent

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