Molière et moi...
Cette après-midi, j'avais un couple d'amis en visite à la maison (quelle vie mondaine, en trois jours!)
J'avais programmé l'enregistrement du "Malade imaginaire", diffusé à la rtbf, par la troupe du théâtre le Public (celui où j'ai pris une pelle un jour...) et je l'ai mis en route ce soir.
Je suis restée captivée. Le jeu des acteurs était vraiment bon. Tout repose, je m'en rends compte, sur le tandem Argan et Toinette. Il y a aussi la belle-mère intéressée par la fortune d'Argan, la brochette de médecins et d'apothicaires, comme les Diafoirus et la réplique "mon père, baiserai-je?" La partie la moins convaincante, ce sont les amours d'Angélique et de Cléanthe (qui ne se connaissent que depuis six ou sept jours. Ce qui est peu !)
Les répliques me revenaient, au fur et à mesure, avec une joie totale. C'est que le Malade imaginaire est certainement la pièce de Molière que je connais le mieux. Et pourtant, je ne l'ai jamais étudiée à l'école. Tout simplement, à la maison, le soir, nous nous rassemblions autour du tourne-disques, ou de la radio, (nous n'avions pas de télévision), et on écoutait les coffrets de la Comédie française, essentiellement Molière, l'Avare, le Malade imaginaire, le Bourgeois gentilhomme, le Misanthrope.. que je ne trouvais pas gai- mais que ma mère aimait.
Mon père s'asseyait près du tourne-disques et changeait les disques. Les tentures étaient tirées, les portes fermées, pour préserver la chaleur, comme dirait Yourcenar, nous étions comme dans un hypogée. Je ne voyais sans doute que l'aspect comique des pièces, sauf que Molière a creusé lentement son chemin dans mon esprit... sa vie... son style ! "Aah! MADAME ma Feeemme ! C'est ainsi que vous m'aimez!" Le monologue d'Argan, au début, me transporte de joie. Il est à peu prés certain que tout ce lexique de l'apothicairerie classique, augmenté dpar d'autres lectures, (et alimenté par ma passion pour les Jardins médicinaux, a moins que ceci ne soit une conséquence de cela) a fini par atterrir dans une rédaction spontanée, qu'on a faite en seconde, au lycée, et je pense que c'était davantage un exercice stylistique que littéraire. Je me suis vraiment amusée à pasticher le discours d'un médecin du XVIIème siècle - à Bourbon l'Archambault, vantant son bouillon d'herbes.
Bien sûr, il y a eu encore, plus tard, Don Juan ou le festin de Pierre, plusieurs Tartuffe, un feuilleton (avec Jean-Pierre Darras) et l'exceptionnel film d'Ariane Mnouchkine - c'est la première partie que je préfère, et de loin. J'admirais beaucoup Joséphine Derenne (Madeleine Béjart)... suffisamment pour que j'aille assister à une représentation du théâtre du Soleil à Louvain la Neuve, en 1979.
Le théâtre... ce bonheur (quand il s'agit d'une pièce classique). Rien de plus gai et de plus vivant que les trois coups, le lever du rideau... et se lever, à la fin de la pièce, pour ovationner les comédiens.
Tout cela a abouti dans mon mémoire de régendat, "l'univers comique dans le Capitaine Fracasse". Avec un beau résultat (90%)... je ne sais pas si l'amitié du prof y était pour quelque chose, je crois tout de même que ce n'était pas trop mal, pour un travail bouclé en deux ou trois semaines... entre un stage et une bloque. Mais précédé de nombreuses recherches. Notamment sur le voyage "comique" de l'Illustre théâtre.
Pourtant, j'aurais dû logiquement faire mon mémoire sur un poète... mais les poètes sont très prisés... bref.
Voilà le résumé de ma soirée... ce n'est pas trop mal...