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Variations de regard
6 novembre 2022

À chaud.

Non mais bon,  je devrais arrêter d'ouvrir fcbk quand je déjeune.  Ça m'a coupé les jambes.  Irène!  Ah purée!  C'était vraiment quelqu'un !  Je ne l'ai pas beaucoup connue,  malheureusement,  mais j'adorais recevoir ses mails (quand on venait de faire connaissance.) On avait certaines choses en commun.  Sauf qu'elle a eu un parcours de militante sans fautes,  et ça j'admire,  pcq je ne lui arrive pas à la cheville. 

Quand je l'ai connue,  elle travaillait encore au rayon chanson française,  à la Fnac,  où elle était déléguée syndicale. 

Moi, j'étais déléguée aux publications à Bruxelles laïque. C'était ce que je faisais de mieux. Avant ou après mes formations au Ministère des Finances ?  Je ne sais pas. 

On est allé manger chez Amazone, rue du Méridien, quand on s'est vues la première fois. 

Elle m'a invitée à un concert de Claude Semal, à Saint Gilles,  et je lui ai proposé d'écrire quelques articles pour le Blé (le Bruxelles laïque Échos, que je gérais,  à l'époque où on me laissait encore le gérer.  On est allées chez Artémys aussi,  galerie Bortier,  on peut pas dire qu'on avait des masses de librairies féministes et/ou communautaires, à l'époque.  Darakan,  Artémys,  et une autre,  rue st Jean.  Tout a fermé.) Bon maintenant,  il y a TuLiTu qu'elle a largement contribué à faire connaître. 

J'étais une fraîche divorcée,  j'étais encore très stressée,  ma mère venait de mourir (le dimanche 4 mars),  et je (re)construisais ma vie,  petit à petit.  C'était (très,  très) dur,  mais j'ai commencé à sortir du trou à ce moment-là.  J'aurais pu mieux lui expliquer... 

Ben déjà lui dire que la violence conjugale,  j'avais (un peu) connu,  et que je m'étais enfuie (avec mon fils...) au lieu de faire semblant d'être bien.  Mais bon,  j'avais ma fierté quand même... 

Bon. On s'est perdues de vue,  et puis,  longtemps après,  je l'ai suivie sur Facebook.  Toujours cohérente...  le sens de la militance,  ne déviant jamais de sa trajectoire.  Avec des "manies" un peu...  :-) 

Son ire annuelle contre Viva for life, mais elle a raison,  son amour des chats,  sa défense des femmes et des réfugiés,  de toutes les femmes,  sa défense des droits des personnes lgbt+,  les prides des années 90,  elle les a faites...  par exemple,  par rapport aux discriminations vis à vis des femmes voilées,  elle m'a fait évoluer.  Avant,  je rejetais le port du voile, sans nuance aucune,  (d'une certaine manière,  je le déplore toujours), mais bon,  je suis contre les discriminations,  il faut bien être logique. Ceci dit,  pour tout ce qui concerne le féminisme intersectionnel,  les jeunes militantes en association sont beaucoup plus au fait que moi.

Et puis,  en commun,  cette histoire de "Pour",  Pour c'était une cellule et un journal d'extrême gauche,  qui se trouvait pas loin de mon lycée.  On y allait occasionnellement,  avec la bénédiction de nos professeurs,  qui faisaient semblant d'ignorer où on allait.  Mais j'étais bien jeune,  17 ans... ... n'empêche que j'ai lu son livre,  "Fausses pistes", un polar plein d'humour qui ressuscitait "Pour" . 

Le local du journal a brûlé,  je ne sais plus quand,  c'était un incendie criminel,  évidemment.  

Il reste son dernier livre,  le plus intime, le plus émouvant, les "Dibbouks". L'histoire de toute sa vie,  sur sa soeur,  la fille que son père a eue d'un précédent mariage.  Femme et enfant ont disparu à Auschwitz.  Ce bouquin,  elle en parlait déjà en 2001.  Elle l'a écrit et il a été édité en 2021.  

Je devais,  enfin !  Aller à une présentation de son livre,  le 3 novembre,  avec mon amie Anémone (j'ai raté toutes les précédentes...) et puis ça a été annulé,  pour cause de covid,  paraît-il... et voilà.  

Et voilà.

Irène

 

Irène Kaufer (1950-2022).

* Fausses pistes,  (Luc Pire), roman policier.

* les Déserteuses, nouvelles. 

* entretiens avec Françoise Collin,  en 2005. 

* Les Dibbouks,  éditions l'Antilope, 2021.

 

*** SVP, épargnez moi les commentaires qui n'auraient pas grand chose à voir avec le sujet... merci beaucoup :-)

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Commentaires
P
Merci à toi... :-)
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A
Merci chère Pivoine de m'avoir redonné le lien pour ton blog. J'ai du retard car je ne recevais plus les notifications. Je vais aller lire peu à peu tes précédents articles. Ils me manquaient. Je suis moi aussi triste et sous le choc du départ soudain d'Irène. Oui, nous devions la voir jeudi passé. Elle était une figure de notre passé, que nous continuions à suivre dans le présent, au travers de ses multiples coups de gueule et articles toujours mâtinés d'humour. J'aimais ses chansons aussi, ses goguettes. Et les rendez-vous semestriels aux changements d'heure, où elle nous parlait de son père qui changeait toutes les horloges à trois heures du matin. Seule consolation, elle s'est endormie semble-t-il paisiblement et entourées de ses amies. Toi, moi, elles, nous continuerons à faire vibrer son esprit toujours perspicace et mutin. Son amour de la mer. Avec, cerise sur le gâteau, une bonne bière. Son souvenir en nous restera, lui, toujours bien vivace. Mais quel choc, oui, quel choc! Repose en paix Irène. Et entends d'où tu es, par nos mots d'aujourd'hui, tout ce que nous ne t'avons pas dit, parce qu'on croit quand on est vivant qu'on en aura toujours l'occasion et le temps. Merci chère Pivoine pour ce texte dédié à Irène et à tes souvenirs avec elle. Nous pourrons aussi parler ensemble d'elle. Ce sera une manière encore d'honorer sa mémoire.
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Variations de regard
Variations de regard

Quartz Rose ou pas, je suis toujours Pivoine... Me revoici, avec, pour fil conducteur, des souvenirs de Bruxelles, des balades en d'autres lieux. Donc, musardons ensemble, un peu au hasard, nous verrons bien où nos pas nous mènent

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